Mensonges, cachoteries, trahison. Tout ceci menait à de la culpabilité, une culpabilité dévorante qui finissait par vous consumer entièrement. Puis se sentir mal à l’aise, avoir l’impression d’être une voleuse, vouloir disparaître six pieds sous terre. Au bout d’un moment, il faut parler, il faut tout avouer.

Evangeline était allée dire bonjour à Mischa à la table des Serpentards ce matin-là, comme d’habitude. Elle lui avait également proposé de la retrouver près du lac en fin d’après-midi, après les cours, « pour parler ». Lorsque son amie – sa meilleure amie – lui avait demandé de quoi il s’agissait, elle était restée évasive. « De tout et de rien, j’ai envie de passer un peu de temps avec toi quoi ». En fait, elle avait quelque chose à lui dire, et Mischa s’en doutait certainement car la façon qu’avait eu Eva de ne pas s’attarder sur le sujet avait été assez suspecte. Elle avait déposé un rapide bisou sur sa joue, un sourire, et était partie rejoindre ses camarades à la table des Poufsouffles.

La journée était passée lentement. Eva avait reformulé dix ou vingt fois dans sa tête ce qu’elle allait dire à Mischa. Elle avait peur de sa réaction. Comment en parler sans que son amie ne s’énerve ou soit blessée ? Elle avait vraiment le sentiment d’être une garce, au final. Surtout que ça faisait déjà un certain temps qu’elle lui mentait. Elle s’auto-admirait pour cela d’ailleurs, elle n’aurait jamais imaginé pouvoir garder ça pour elle même pendant aussi longtemps. Bref, Eva n’avait écouté aucun de ses cours, étant trop concentrée sur ce qu’elle allait dire. « Je me tape Alexander ». Trop froid. « Je suis vraiment désolée Mischa, vraiment, je couche avec Alexander mais je m’en veux tellement, je ne veux pas te faire ça… » Trop faux. « Bon… Ne t’énerve pas hein.. Ca n’a aucun rapport avec toi… Mais c’est-à-dire que… » Trop long ! Elle n’avait pas réussi à trouver la bonne formule, et il était maintenant trop tard pour y réfléchir. Mischa n’allait pas tarder à arriver, et elle ne savait toujours pas comment lui dire.

Mischa… Elles se connaissaient depuis la première année. Elles s’étaient tout de suite détestées, s’envoyant continuellement des piques et attaques perfides, dignes des enfants de onze ans qu’elles étaient alors. Quelques semaines plus tard, une de leurs disputes avait mal tourné et un des sortilèges relativement inoffensifs qu’elles se lançaient avait atteri sur un tableau du couloir, l’endommageant fortement. Rusard se trouvait dans les parages et était arrivé avant qu’elles ne puissent fuir chacune de leur côté. Elles avaient passé plusieurs jours de retenue ensemble. Au début elles ne s’adressaient bien sûr pas la parole, faisant comme si l’autre n’existait pas, mais un jour, soudainement, Mischa s’était mise à pleurer. Eva n’avait pas sû quoi faire au début, puis il lui avait semblé qu’il valait mieux la réconforter que profiter de sa faiblesse. Elle l’avait maladroitement prise dans ses bras et la jeune fille s’était d’un coup confiée à elle. Ce jour-là, elles devinrent amies et ne se séparèrent jamais. Toujours ensemble, à se raconter leur vie et faire les quatre cent coups. Elles s’étaient jurées meilleures amies, à la vie comme à la mort.

Jusqu’à maintenant, Eva n’avait jamais pensé qu’elles pourraient s’éloigner. Elle aimait trop Mischa pour imaginer lui en vouloir pour quoique ce soit, et elle été persuadée que la réciproque était vraie. Mais là, elle avait peur. Peur de la perdre, peur qu’elle ne veuille plus lui parler. Elle ne pouvait pas vivre sans Mischa… C’était son soleil, sa raison de vivre. Elle avait été là à chaque fois que ça n’allait pas, à chaque fois qu’elle était seule, qu’elle avait envie de pleurer. Et maintenant, il fallait qu’elle lui avoue qu’elle couchait régulièrement avec son ex, qu’elle avait visiblement aimé et qui l’avait blessée. La réaction de son amie, aussi excessive soit-elle, serait justifiée. Ce serait probablement un coup dur pour elle.

Eva s’assit près du lac, indifférente à l’humidité de l’herbe. Elle se blottit dans la fourrure épaisse de son manteau et attendit, le regard fixé sur le chemin qui menait au château, jouant avec l’anneau d’argent qu’elle portait au doigt. Elle ne tarda pas à voir la silhouette de son amie qui s’approchait. Courage Evangeline. Ce sera juste un moment difficile à passer. Elle était prête à tout pour garder Mischa. Elle aurait tout abandonné pour elle. Mais pour le moment, elle était tout simplement effrayée par ce qu’elle devait lui dire. Elle détestait vraiment être une garce, parfois.

C’est drôle comment l’être humain peut varier de sentiments en aussi peu de temps. C’était presque surnaturel de voir a quel point l’Homme peut agir de façon tellement différente selon les situations, en fait il ne cesse de changer et d’évoluer, toute sa vie il est empreint a de sentiments qui souvent le dépasse.
Mischa était une jeune fille lunatique…lunatique, c’était même un euphémisme pour la définir tellement elle se sentait harceler par les émotions qui se faufilaient en elle. Pourtant, elle ne s’en plaignait pas. Elle aimait beaucoup sourire la jeune femme, même si au fond, elle passait le plus clair de son temps à essayer de panser la blessure qui se cachait dans son cœur depuis la mort de son frère. Elle ne voulait pas embeter ses amies avec ses histoires, a part quelques exceptions, elle préférait tout garder pour elle quelque soit le sentiment qu’elle ressentait. Il y avait a ça quelques exceptions… Evangeline déjà, sa meilleure amie depuis la première année, même si au début elles n’étaient vraiment pas parties pour s’entendre. Entre l’arrogance de Mischa et la jeune fille qui n’étais pas du genre a se laisser faire, elles s’étaient d’abord détestait, puis a force, elles avaient sympathisé et briser la carapace d’hostilité qui les avaient envahit.
Depuis Mischa ne comptait que sur elle. Elle était la seule meilleure amie qu’elle ai eu dans sa vie, et c’était simple, elle lui faisait confiance plus qu’a n’importe qui. Ensuite il y avait Evan…Evan, ah beau Evan. Il avait d’abord été un ami, puis son meilleur ami, puis comme son frère avant qu’elle ne s’aperçoit ressentir de l’amour pour lui. Et elle savait que lui aussi était dans cette position mais tout cela restait compliqué alors Mischa laissait les choses se faire en espérant qu’un jour il ouvrirait les yeux. Il y avait Sancha et Melo qu’elle aimait beaucoup, mais l’amitié naissante qui l’avait la plus surprise était sans doute celle de James. Jamais elle n’aurait cru pouvoir avoir de l’affection amicale pour le jeune homme, non. Avant pour elle il n’était qu’un élève arrogant et se croyant supérieur, mais la vérité c’est qu’il pouvait se montrait généreux et simple, c’est ça qui avait touché Mischa malgré qu’elle l’ai jeté au début quand elle avait cru qu’il avait lu son journal. Il l’avait ramené au château alors qu’elle était ivre, et s’était assuré qu’elle allait bien. Elle avait apprécié qu’il ne la laisse pas, même si maintenant de stupides rumeurs disaient qu’elle avait couché avec… « hey regardez c’est moi Mischa Joy Winchester, la traînée Alcoolique de Poudlard ! wouhou », en vrai elle s’en foutait de ces rumeurs, elle savait que ses amis n’y croiraient pas une seconde et c’est tout ce qui lui importé a vrai dire, les autres pouvaient bien la voir comme une garce, elle s’en moqué.
Mischa s’habilla vite fait, elle était d’humeur joviale et opta pour une robe en mousseline qu’elle avait payé les yeux de la tête mais qu’elle adorait littéralement. Elle enfila un gilet par-dessus puis descendit déjeuner dans la grande salle. Elle vit sa meilleure amie se précipité vers elle pour lui dire bonjour, Mischa la serra dans ses bras et lui lança un beau sourire. Heureusement qu’elle avait été là. Après la mort de son frère elle l’avait soutenue, aidée a s’e sortir. Elle était la seule avec Evan et James a être au courant de son agression qui avait faillit lui coûter la vie, et elle avait été là lorsque Alexander lui avait arraché le cœur… sa première déception amoureuse elle l’avait passée dans ses bras a pleurer, mais au moins, elle avait eu quelqu’un pour l’aider.
Eva semblait anxieuse, mischa lui souffla un vague « ça va ? » par lequel elle répondit en lui disant qu’elle se retrouve après les cous au lac pour discuter et se retrouver toute les deux. Soit Mischa bien qu’impatiente saurait attendre jusque là. Son état d’anxiété avait tout de suite alarmé la serpentard qui passa le reste de la journée a penser a sa meilleure amie et a ce qui lui arrivait. Elle espérait que ce n’était pas trop grave.

« - Mlle Winchester arrêtez de révasser et traduisait moi cette runes ! »

arf ! Pourquoi avait-elle prit cette option, c’était la pire option du monde,, elle aurait même mieux fait de prendre histoire de la magie, il parait qu’il y avait une nouvelle prof en plus. Mischa souffla et traduisit la derniere phrase sans difficulté mais un ennui mortel se lisait sur son visage, ce qui lui valut quelques réprimandes de la part de son professeur.

Arrivée l’heure Mischa courut jusqu’au lac ou elle vit la chevelure blonde d’Evangeline lui tombait sur les épaules, visiblement elle l’attendait. Elle se demandait ce qui se passait. Elle arriva a sa hauteur et lui lança un joli sourire, celui qu’elle affichait généralement lorsqu’elle se retrouvait avec Ev’.

« - raaaah mon prof d’étude de runes est un hibou ! je te jure, juste parce que j’arrive a avoir des bonnes notes sans bosser il veux ma mort ! »

Mischa fit une grimace imitant son prof, puis enchaîna sur un éclat de rire. Elle se reprit alors très serveuse.

« - mais et toi ça va ma belle ? on aurait dit que tu était anxieuse tout a l’heure, non ? »

La vision de son amie souriant lui réchauffa le cœur. C’était juste un mauvais moment à passer. Ca ne briserai pas leur amitié, si ? Mischa était quand même très impulsive et lunatique… Eva espérait qu’elle était d’humeur à entendre quelque chose qui ne lui plairait pas. Au mieux, elle se prendrait une grande claque et ça s’arrangerait. Au pire, elles ne se parleraient plus. Eva n’avait jamais été mal à l’aise lorsqu’il s’agissait de dire les choses, c’était une fille assez franche et grande gueule, et cela ne la dérangeait pas de ne pas être aimée – voire détestée – par des gens qui ne l’intéressaient pas. Mais lorsque ça touchait à ses amis, elle pouvait se montrer assez craintive, par peur de se retrouver seule. Il n’y avait que quelques personnes à qui elle était vraiment attachée, et Mischa en faisait partie. Elle savait presque tout d’elle, de ses histoires de cœur – ou plutôt de cul – futiles aux choses qui la blessaient vraiment. Elle avait été là lorsqu’elle se sentait au plus mal, pleurait toute la journée et refusait de toucher à de la nourriture, alors qu’Eva n’avait fait que l’envoyer balader. Elle ne l’avait jamais laissée tomber. Eva avait tenté de lui rendre la pareille, notamment lors de la mort de son frère quelques années auparavant.

Pourtant, elle n’était pas douée en amitié. Elle avait toujours peur d’embêter les gens avec ses problèmes, de les blesser à cause de son impulsivité et de son mauvais caractère. Et elle avait l’impression de ne pas valoir la peine qu’on s’occupe d’elle. Bref, elle envoyait souvent promener ses amis, surtout quand ça n’allait pas. Elle s’était forgé une carapace dans sa jeunesse, dont elle avait maintenant beaucoup de mal à sortir. Même lorsqu’elle souhaitait changer, elle revenait toujours au même point de rejet. Elle arrivait pourtant à se faire des potes, des relations sans trop d’importance, mais dès lors qu’elle s’attachait, tout devenait très compliqué.

Eva laissa échapper un rire à la grimace que fit son amie. Elle avait l’air de bonne humeur, c’était déjà ça. Sauf qu’elle se reprit et redevint sérieuse. Allez, il fallait l’affronter maintenant. Elle l’invita à s’asseoir à côté d’elle, en face du lac.

« - mais et toi ça va ma belle ? on aurait dit que tu était anxieuse tout a l’heure, non ? »

Mince, elle n’avait toujours pas trouvé comment formuler la chose… Bon, il valait mieux être franche, directe et sincère, non ? Ou bien la ménager un peu ? De toute façon, dans tous les cas, elle allait se faire engueuler.

« Ouais, ça peut aller, c’t’à dire que j’ai un truc à te dire en fait… Qui va pas trop te plaire… J’me sens vraiment mal vis-à-vis de toi là… »

Ta gueule Eva. Qu’elle crache le morceau, bon Dieu ! Elle s’était jurer de ne pas faire durer le truc. Elle ferma les yeux un instant, prit une grande bouffée d’air et les rouvrit sur le visage perplexe de son amie. Dire qu’elle devait s’attendre au pire. Elle ne pouvait pas se douter une seconde de sa relation avec Alexander, Eva avait toujours réussi à lui mentir sur ce qu’elle avait fait, où elle était, etc. Elle mentait assez bien après tout. Mischa avait du parfois percevoir son embarras, mais sans imaginer la vérité. En même temps, quelle amie ferait ça ? Elle avait été présente pour elle lors de leur rupture, ou plutôt quand Mischa s’était fait jeter sans explication, elle avait tenté de la réconforter, lui avait dit de l’oublier, que c’était un connard et qu’il n’en valait pas la peine. Et quelques temps plus tard, elle s’était retrouvée elle-même dans les bras du garçon.

Allez, respiration. Regard interrogateur de Mischa. Eva ne voulait pas la regarder, et parla en fixant la surface du lac des yeux.

« Disons que ça fait quelques mois que je… couche… avec Alexander. A la base je voulais pas, je te jure ! enchaina-t-elle avant que son amie ne puisse répliquer. Mais j’étais pas bien, il était là, je me suis retrouvée à me confier à lui et au final… Voilà quoi. J’ai voulu arrêter mais, tu comprends… »

Elle se tut. Il n’y avait rien à comprendre. C’était une garce, au final, voilà tout. Elle n’avait pas eu la force de ne plus voir Alexander parce que ça la réconfortait et qu’elle était égoïste. En ce moment même, elle se détestait.
Elle osa un regard vers Mischa. Merde. Elle aurait voulu s’enterrer six pieds sous terre.

Lorsque Mischa arriva au niveau de la pouffsoufle elle lui lança son plus beau sourire. Elle adorait discuter avec elle, passer des heures a rire a ses côtés. Il était extrêmement rare de les voir l’une sans l’autres quand elles n’avaient pas cours tellement elles étaient accrochées l’une a l’autre.
Mischa n’était pas du genre à avoir des amis très proche, c’était un truc qu’elle n’arrivait pas a intégrer. D’abord parce que dans le passé tous les amis qu’elle avait eus l’avaient laissée tombé ou bien lui avait fait de sal trucs dans son dos, du coup niveau confiance la serpentard s’était toujours méfiée. En fait son seul véritable ami, sans comptait Ev’, avait été son frère. Il était tout pour elle, toute sa vie et lorsqu’on lui avait enlevé ça, elle avait perdu une partie de sa vie, une partie de son âme.
Elle l’avait aimé plus que ses parents, d’ailleurs elle ne leur parlé même plus a ses parents, c’était des être vil et cruels qui ne lui avaient jamais rien apporter. Ni d’amour, ni de confiance, ni d’affection rien. Heureusement Matthew avait été sa perche, il l’avait rendue heureuse malgré l’absence de ses parents dans sa vie. Matt’… elle espérait que de la ou il était (car elle se plaisait a croire qu’il pourrait la voir) il était fier de ce qu’elle accomplissait chaque jour dans sa vie, se détachant de plus en plus de cette colère qui l’envahissait. Lui qui avait été gryffondor et dont Mischa se sentait plus proche encore que le premier serpentard qui passait. C’était une serpentard différente la jeune Winchester, elle n’avait rien d’hautain et de méprisant, la cruauté n’était pas son premier trait de caractère au contraire elle était d’une loyauté sans égale et son intelligence dépassait souvent celle qu’on lui accordait.
Mais malgré tout elle ne se formalisait pas des « on dit » et patati et patata. De plus, il y avait cette stupide rumeur sur elle et James, ça la faisait beaucoup rire. okay James était un beau garçon et c’est certain qu’il était admiré par toutes les filles qui le voyait mais Mischa elle avait d’autres soucis de cœur pour s’attacher a avoir de l’affection pour le jeune potter.
Entre le mal qu’elle avait d’Alexander, et l’énigme sentimentale qu’elle vivait avec Evan, il y avait de quoi passer le temps, ca c’est clair.
Elle posa son regard sur sa meilleure amie. Elle ne semblait pas très bien, quelque chose la gênait, elle le sentait. Elle commença a s’inquiéter, elle espérait que ce n’était pas encore une histoire avec son père, elle savait a quel point elle était touchée a chaque fois. Pourtant, quelque chose lui disait que non ce n’etait pas ça et son cœur lui lança une décharge. Elle ne savait pas pourquoi mais elle avait un mauvais pressentiment. Elle continuait cependant a sourire en attendant de savoir ce qui n’allait pas.
La pouffsoufle inspira, elle devait savoir qu’elle était au pied du mur a présent et qu’elle ne pouvait pas faire demi tour.

« Ouais, ça peut aller, c’t’à dire que j’ai un truc à te dire en fait… Qui va pas trop te plaire… J’me sens vraiment mal vis-à-vis de toi là… »

Mischa regardait la jeune fille avec insistance. Elle posa une main chaleureuse sur son epaule et lui jeta un sourire encourageant, espérant la rassurer.

« - Tu sais que tu peux tout me dire Eva. N’ai pas peur. »

La pouffsoufle fuyait son regard et Mischa essayait de la suivre des yeux afin qu’elle vide ce qu’elle avait sur le cœur. Leur amitié avait résister a tellement de choses, de crises de nerfs, de larmes, de tristesses, de jalousie, qu’il était impossible que quoique ce soit soit pire que ce qu’elles avaient déjà partagé, enfin c’est ce qu’elle espérait de tout son cœur.
Elle attendit que la jeune fille soit prête et elle l’écouta avec attention. Le sourire de Mischa s’effaça aussitôt et sur le coup elle aurait voulu ne jamais entendre ce qu’elle venait d’entendre. Pourquoi n’avait-elle pas juste continuer a lui mentir, ça l’aurait peut être moins blesser…Ou pas.
Mischa lacha l’épaule d’Eva et recula de deux pas pour la voir dans son intégralité. Elle ne savait pas quoi dire. Elle venait de se prendre cette information comme une gifle en pleine figure. Elle couchait avec Alexander…Elle pouvait avoir n’importe qui mais il fallait qu’elle se tape le premier homme qu’elle avait aimé.

« - Qu…Quoi ? qu’est ce que tu as dis ? »

Eva esquissa un geste pour attraper la main que son amie avait ôtée de son épaule, mais se ravisa. Elle baissa les yeux.

« Ecoute Mischa, je suis vraiment désolée... Je ne voulais pas te faire du mal, je sais que tu as vraiment aimé Alexander et je sais qu’il t’a blessée, mais… c’est compliqué. »

En effet, c’était compliqué. Elle se rappelait très bien du jour où elle s’était retrouvée dans les bras d’Alexander. Elle se sentait mal, elle était seule. Elle était tombée sur lui, un peu par hasard. A l’époque, ils étaient amis, rien de plus, et ça datait d’avant son histoire avec Mischa, dont elle ne lui avait pas vraiment tenu rigueur. Ce jour-là, elle avait un peu parlé, beaucoup pleuré, et au fur à mesure cela avait dérapé. Au début, Eva s’était dit que ce n’était qu’une fois, que ça ne se reproduirait pas. Elle avait pensé à Mischa, qui avait été vraiment très affectée par leur rupture. Elle s’était répété qu’elle ne pouvait pas lui faire ça, que c’était mal de sa part, qu’elle était égoïste. Elle avait évité Alexander pendant plusieurs semaines, ne voulant pas se retrouver face à son erreur. Mais un soir, après quelques verres d’alcool, ils avaient recommencé. Et au final, ils se revoyaient assez souvent. Ce n’était pas régulier, mais quand Eva se retrouvait seule, quand elle avait envie des bras de quelqu’un ou qu’elle était déprimée, il était là.
Elle s’en voulait vraiment de faire ça à Mischa. Elle aimait tellement son amie, elle savait bien qu’elle lui ferait du mal. Elle aurait du couper court à sa relation avec Alexander au début, avant de s’attacher, avant de penser immédiatement à lui dès que ça n’allait pas. C’était trop tard maintenant, elle ne pouvait ni retourner en arrière, ni effacer ce qu’elle avait fait.

La seule chose qu’elle espérait, c’était de ne pas tomber amoureuse. De toute façon, ça lui semblait impossible. On lui avait brisé le cœur une fois, deux fois, et depuis, elle n’avait plus jamais aimé personne. Elle s’enfermait dans une coquille, elle évitait à tout prix de s’attacher sentimentalement aux gens. Même au niveau de ses amis, elle n’accordait sa confiance qu’à peu d’entre eux, et elle se montrait distance vis-à-vis des autres. Elle ne voulait plus laisser entrer personne dans sa carapace.
Il faut dire que tout la touchait, ses sentiments étaient constamment exacerbés. Elle était facilement touchée par les critiques, elle se retrouvait souvent à détester des gens, à se détester elle-même. Il n’y avait que l’amour – ou même l’affection – qu’elle repoussait violemment. C’est pour cela qu’elle n’avait pas de copain mais surtout des plans cul, des coups d’un soir. Elle sortait avec des gens que pour quelques semaines, puis les larguait quand elle sentait qu’elle – ou eux – commençaient à ressentir quelque chose. Son premier amour l’avait littéralement détruite. Il était plus vieux qu’elle, de deux ans. Un Serdaigle. Il avait pris son cœur, joué avec elle quelques temps, puis l’avait jetée. Elle avait tenté de s’en remettre, elle commençait à aller mieux, lorsqu’il était revenu, qu’il lui avait fait croire mille et une choses merveilleuses sur leur amour qui durerait pour l’éternité, il avait été le premier à la toucher, le premier à la rendre heureuse, mais, au bout de quelques mois, il avait déchiré son cœur en morceaux. Il l’avait trompée, plusieurs fois, avec plusieurs filles différentes dont l’une de ses amies, puis lui avait fait comprendre qu’il ne l’aimait plus. Eva était folle de lui, pourtant. Elle était jeune, mais elle avait le sentiment que sans lui, elle n’était plus rien. Si Mischa n’avait pas été là au bon moment, les choses se seraient probablement mal terminées. Ils s’étaient revus une dernière fois, à la fin de la cinquième année d’Eva et de ses études à lui. Ils avaient couché ensemble. Ca avait été intense, mais elle ne ressentait plus rien pour lui, juste une haine insurmontable. Il lui avait dit qu’il l’avait vraiment aimée. Elle l’avait giflé et était partie. Une bonne chose de faite.

Eva se rapprocha de Mischa, se mordant les lèvres. Elle essaya en vain de capter le regard de son amie.

« S’il te plait, ne m’en veux pas.. »