Ezechiel n’arrivait pas à se débarrasser d’un mal de tête persistant depuis son réveil étrange à l’hôpital du campus. C’était il y une semaine jour pour jour. Il s’était réveillé un matin sur un lit d’hôpital avec pour seule blessure une entaille au coin supérieur du front. Quelqu’un l’avait apparemment trouvé étendu sur le sol devant son immeuble, le crane fracassé et inconscient. Cette personne, inconnue, avait appelé l’hôpital et les secours l’avaient ramassé pour s’occuper de lui. L’entaille n’était finalement pas si profonde que cela, pas de quoi fouetter un chat et il s’était réveillé tranquillement quelques heures plus tard. Voilà, c’était tout ce qu’il savait de cette soirée. Parce que la mémoire de ses 5 dernières heures avant le choc s’était envolée. Il avait pu reconstituer quelques élément de cette soirée mystérieuse mais rien qui expliquait clairement comment il s’était retrouvé inerte le crane fendu à deux pas de chez lui. Le médecin de garde, habitué de le voir dans des états déplorable la nuit avait conclu à un état d’ivresse avancé et une chute malheureuse. Il aurait bien voulu se défendre de s’être encore une fois comporté comme un irresponsable mais il n’avait pas d’autres explications. C’était déplorable.
Le fait est qu’il se trainait une migraine lancinante depuis 7 jours et 7 nuits et qu’il pensait devenir fou si cela devait durer une seconde de plus. Il avait vu le médecin la veille par sécurité. Ce dernier avait fait tous les examens, de quoi s’assurer qu’il n’avait pas de vertige, pas d’absence, pas de commotion. Rien. Il avait juste pris un mauvais coup et devrait attendre que sa passe. On lui avait prescrit une potion plutôt radical contre la douleur et il devait avouer que ça marchait plutôt bien.
Et heureusement. Parce qu’il travaillait ce soir là. Il ne pouvait pas se permettre d’être à moitié efficace.

Le bar était pratiquement vide, la soirée s’annonçait très calme et ça n’était pas pour déplaire au jeune homme qui profitait pleinement de ces moments de répits, loin de sa migraine. Le bruit ambiant d’un bar bondé aurait surement su réveiller la douleur et il était bien heureux d’y échapper. Il était derrière le comptoir avec Lucian, en silence, les deux hommes appréciant le silence. Ezechiel était accoudé au comptoir surveillant par ci par là, les consommations terminées et par la même occasion les comportements des clients. Il s’apprêtait à s’allumer une cigarette lorsque la porte s’ouvrit en fracas. De quoi lui faire comprendre que l’action, c’était pour maintenant. Une blonde venait de s’engouffrer dans le bar avec la lourdeur d’un éléphant, manquant de s’étaler à plat ventre. Ezechiel ne la reconnut pas immédiatement et voyant entrer 4 mecs tous plus lourds les uns que les autres derrières, il eut une pensée ignoble envers la jeune femme et ses acolytes. Il détestait ce genre de comportements et l’envie de les foutre dehors le démangeait. Ils étaient de toutes évidences complètement ivres et leur place était la tête au dessus de la cuvette des toilettes à revoir leur repas pour qu’enfin ils s’exclament « plus jamais ça ! ». Et qu’ils recommencent dès que leur estomac ne leur rappellerait plus ce douloureux événement. Ca c’était avant qu’il reconnaisse la petite blonde. Lorsqu’elle releva la tête de nouveau en équilibre et désigna la table qui se verrait accueillir les 5 ivrognes, Ezechiel cru voir rouge. Il grimaça légèrement puis observa la jeune femme incrédule. L’un des types vint commander 5 bières et le jeune homme répondit avec toute la retenue dont il savait faire preuve avant de préparer les 5 chopes. Il les posa sur son plateau et se dirigea vers la table. Il disposa les verres sans regarder les 4 types préférant observer celle qu’il avait identifiée comme l’une de ses meilleurs amis, Béatrix, dite Sweetie.
Sa main bloqua le verre de cette dernière un instant tandis qu’il souhaitait lui parler. Elle était assise sur les genoux d’un des abrutis de service qui l’entouraient.
« Béa… je crois que tu as assez bu Sweetie, tu devrais peut-être rentrer, non ? » Fit-il en retenant le verre qui lui était destiné. Il ne prit pas le soin de s’adresser aux 4 types, il n’en avait strictement rien à faire d’eux.

C’était affligeant. Pour plusieurs raisons qui de toutes évidences ne cesseraient de s’accumuler. La première et la plus importante pour le garçon, c’était qu’il n’avait pas l’habitude de la voir dans un tel état, elle n’étaient pas de celles qui boivent souvent plus que de raison. Elle devait surement avoir eu quelque chose à oublier, un élément déclencheur. La seconde raison, c’était qu’elle n’avait rien trouvé de mieux que de venir dans le bar où il travaille. Il était encore à l’essai pour ce job et espérait de tout cœur le conserver même s’il n’avait pas besoin d’argent. Lucian était plutôt cool comme supérieur et ils commençaient à établir des rapports cordiaux, cette soirée pourrait bien tout compromettre. Ce comportement et le choix de la jeune femme pour ce bar pouvait être une coïncidence, aussi essayait-il de ne pas lui en vouloir pour cela. Ca pouvait aussi être un appel à l’aide qu’elle aurait voulu lancer à Ezechiel. Dans tous les cas il n’avait pas le droit de lui en vouloir pour ça. Peut-être avait-elle eu besoin de quelqu’un ou de lui et qu’il n’avait rien vu récemment. Il n’était pas le type le moins attentionné mais n’avait pas la prétention de toujours voir lorsqu’une amie va mal. La dernière chose qui pour le moment l’excédait, d’autres choses viendrait vite s’y ajouter il n’en doutait pas, c’était la propension de Béatrix à lui donner des surnoms stupides et à se croire tout à fait capable de se sortir de ce mauvais pas toute seule.
Ezechiel ne put réprimer un soupire lorsque Béatrix lui présenta ses 4 amis d’un soir et que ces derniers ne trouvèrent rien de mieux à faire que de surenchérir.

« Des peintres… Le nom des tortues ninjas… c’est des peintres célèbres… Bref. Allez bouge toi et rentre chez toi. » Fit-il de plus en plus énervé après qu’elle ait failli lui renverser le verre de bière sur la chemise. Elle s’excusa rieuse en lui donnant un énième surnom stupide qu’il préféra ignorer. Il enfouit ce mot bien loin dans sa tête et se promit de ne plus jamais le ressortir. Il la laissa faire son numéro, la voyant attraper une cravate d’un des types et tentait vainement de l’essuyer avant de se la mettre autour de la tête en montant sur la tête pour imiter un karatéka bourré. D’ordinaire, cette image l’aurait amusée, s’il avait été de la soirée avec elle et s’il était sûr qu’elle rentre avec lui et non avec un de ses abrutis. Mais là ça ne l’amusait pas du tout. Il s’approcha voulant la prendre dans ses bras pour l’obliger à descendre mais elle le repoussa et il fut contraint de reculer pour la laisser descendre. Elle lui glissa qu’il ferait mieux de retourner travailler et il se retint de lui répondre qu’il aimerait bien. Il recula légèrement, presque décidé à la laisser se débattre avec les 4 abrutis sans la quitter des yeux. Elle venait de se défaire de son haut, découvrant ses épaules fragiles et se mettant de plus en plus à la merci des 4 loups présents. Elle avait l’air des plus vulnérable ainsi, déshabillée et ivre. Il se sentait impuissant. D’autant plus qu’elle avait tout pour être parfaitement attirante. Sans même parler de ses jambes magnifiquement galbées dans les collants à porte-jarretelles, son corps était, dans tout habits, parfaitement désirable. Ce soir c’était pire. Même Ezechiel aurait eu du mal à se contrôler alors même qu’elle était l’une de ses meilleurs amis et qu’il aurait été tout à fait fou que de jouer à ce jeu là avec elle. Même si le corps de la jeune femme n’avait plus vraiment de secret pour lui vu qu’il avait été le premier à lui faire l’amour. Mais passons, elle avait changé en 6 ans et elle était devenue une femme, respectable qui plus est, loin de la loque qu’elle paraissait ce soir.

Le jeune homme fixa tour à tour chacun des garçons qui la reluquait de façon tout à fait irrespectueuse, se laissant aller au commentaire. Il crut qu’il allait briser des mâchoires. Mais c’était sans compter sur son job ici. Il se tourna vers Lucian, cherchant son regard, comme une approbation puis revint vers Béatrix.

« Béa… arrête tu veux.. » Tenta le jeune homme tandis qu’elle s’obstinait à vouloir mettre de la musique pour danser. Il sentait le coup venir. Elle était ivre, vulnérable et désirable et elle voulait danser entourée des 4 abrutis, c’était tout ce que Ezechiel détestait et il ne le supporterait pas longtemps. Elle n’en fit qu’à sa tête, ignorant ses appels.

Alors que la musique choisie démarrait et qu’elle commençait à se trémousser, Ezechiel vit l’un des mecs, surement le plus téméraire commencer à se lever.
« Non, tu bouges pas où jte dégage, tu me laisses lui parler et après on verra. » Fit Ezechiel sur un ton autoritaire, le regard défiant, en levant sa main devant le gars pour qu’il se rassoit. Le type obéit contre toute attente et Ezechiel s’approcha de son amie.
Il posa ses mains sur les épaules de la jeune femme et planta son regard dans le sien.

« Je te raccompagne Sweetie, t’es complètement défoncée et ces types ne te veulent pas du bien, arrête tes conneries et rentre avec moi, ça m’amuse plus. » Fit-il beaucoup moins autoritaire. Il n’avait jamais su être autoritaire avec elle. Il se montrait toujours trop tendre. Le type téméraire les rejoins et posa sa main sur l’épaule du Durmstrang.

« Barre toi, t’es pas de la soirée, et elle veut rester avec nous, tu vois pas. » avait-il lâché empestant Ezechiel avec son haleine d’ivrogne. Ezechiel jeta un œil par dessus son épaule, toisa le type puis son regard se posa de nouveau dans celui de Béatrix. Le type avait gagné, elle voulait rester avec eux et lui devait la laisser faire. Il serra la mâchoire, blessé qu’elle ne daigne pas l’écouter puis ôta ses mains des épaules frêles de la jeune femme. Il se saisit du bras du type pour le virer de sa propre épaule.

« Je te préviens Béa, ne va pas trop loin ou je fais un carnage. » Fit-il le regard sombre avant de rejoindre Lucian derrière le comptoir, décider à faire confiance à la jeune femme pour se gérer et gérer les avances des 4 abrutis dont elle s’était entichée pour la soirée.

Ezechiel s’était résolu à la laisser tranquille. Non sans un regard menaçant et quelques mots traduisant sa pensée pour décourager tous type qui penserait pouvoir lui échapper si il faisait du mal à Béatrix. Elle ne voulait pas rentrer de toute évidence et avait décidé de n’en faire qu’à sa tête, aussi le garçon n’avait eu d’autre choix que de respecter sa décision mais il n’en finissait pas pour autant de la surveiller et de veiller à ce que les 4 types se tiennent à carreau. C’était presque insoutenable pour Ezechiel qui avait une furieuse envie de crier sur sa meilleure amie pour qu’elle l’écoute enfin. Mais il n’avait pas pour habitude d’élever la voix sur les jeunes femmes, c’était une chose qu’il tenait de son éducation et du grand respect qu’il leur portait tout naturellement. Rares étaient les fois où il se montrait insultant ou même discourtois. Il conservait toujours une part de tendresse, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de Béatrix avec qui il était très proche et ce depuis des années. Il ne s’imaginait pas lui hurler dessus sans s’en vouloir dans la seconde. Il l’aimait trop pour penser qu’il pourrait élever la voix sur elle sans que le remord ne l’emporte par la suite à s’excuser. C’est certainement pour cela qu’il commençait sérieusement à lever la main sur ces 4 types plutôt que de discuter avec Béatrix. Mais ces 4 là n’avaient rien fait de vraiment mal pour le moment. Tout au plus, ils n’étaient que 4 crétins profitant de la vulnérabilité d’une jeune femme. Rien de bien méchant ou illégal. Assez immoral pour Ezechiel cependant. Mais il se contenait, conscient que son amie aimerait qu’il le fasse et conscient qu’il était sur son lieu de travail de surcroit.

La façon dont Béatrix l’avait traité lui restait malgré tout en travers de la gorge. C’était assez désagréable de la voir aussi niaise, en train de le tourner au ridicule en lui donnant des surnoms stupides et en l’amadouant par un vulgaire baiser sur le nez. Quant à ce qu’elle lui avait dis à propos de ses yeux… Ca n’était pas un scoop, c’était même ce que les gens remarquaient en premier chez lui, la couleur de ses yeux. Mais dis comme elle venait de le faire, ça perdait absolument tout son charme. D’autant plus que son souffle était chargé de vapeur d’alcool. Repassant derrière le comptoir, Ezechiel s’était saisi d’un briquet qu’il allumait et éteignait tour à tour, cherchant à évacuer la tension présente dans ses épaules. Une barre semblait les relier à présent et elles commençaient à se faire douloureuse. Son corps se tendait en prévision de ce qui pourrait arriver.
Béatrix était revenue vers le bar, après avoir reboutonnée une chemise sur l’un des types, pour commander une nouvelle bière. Ezechiel l’observa accusateur puis secoua la tête résigné. Elle s’était déjà éloigné et il dû préparer les verres pour les 5 ivrognes sans piper un mot. Un des types vint les récupérer et Ezechiel soutint son regard défiant. Il n’aimait pas du tout la tournure que prenaient les évènements. Ce type était là avec ce regard au combien pervers pendant que ses potes se refilaient Béatrix de bras en bras. Le Durmstrang crut qu’il allait sauter par dessus le comptoir pour en terminer avec cette tension insoutenable mais il n’en fit rien. Il se contenta de fixer le type, avec un regard à faire de son adversaire une véritable passoire s’il avait eu des mitraillettes à la place des yeux. Le type s’éloigna avec les verres et Ezechiel serra la mâchoire une nouvelle fois. Il tenta dans un mouvement de massage de détendre ses épaules mais rien n’y faisait. Il ne serait pas l’esprit tranquille tant que Béatrix ne serait pas rentrée, et seule ou du moins avec lui. Il s’assit, cherchant à se reposer en attendant que ça dégénère.

Il vit alors Béatrix, en pleine confusion, retenant de toute évidence un relan d’alcool, sa main devant ses lèvres. Il se leva alors, cherchant le regard de la jeune femme et elle couru en direction des toilettes des dames. Ezechiel baissa la tête et un léger sourire illumina son visage. D’une parce qu’il ne l’avait jamais vu dans un état pareil et que ça allait surement casser l’image hyper sexy qu’elle avait imposait aux 4 crétins. Même si elle restait la plus sexy des filles bourrées pour Ezechiel. De deux parce qu’elle ne tarderait pas à redescendre de son nuage alcoolisé et deviendrait plus apte à reprendre conscience et à l’écouter. Il vit un type se lever comme s’il allait pouvoir la rejoindre et rejoint la porte des toilettes avant lui. Il bloqua la porte et l’observa avec un léger sourire.

« Vous avez un vagin ? » Fit-il de nouveau arrogant à l’encontre du type. « Retournez à votre place, elle va ressortir bientôt et vous n’avez rien à fouttre dans les toilettes pour dames. » continua Ezechiel devant l’absence de réponse du type. Il s’attendait à tout moment à traverser la porte, explosée par le type. Mais il n’en fut rien. Son corps se détendit et il souffla légèrement avant d’entrer à son tour dans les toilettes pour rejoindre sa meilleure amie.
Il la trouva en train de vomir au dessus d’une cuvette et entra doucement. Ses mains passèrent dans la nuque de la jeune femme, délicatement afin de saisir tous ses cheveux. Il lui tint ainsi pour qu’elle ne vomisse pas dessus.
« Je ne te demande pas si comment tu vas… » Fit-il légèrement rieur. Elle l’avait bien mériter dans un sens. Lorsqu’elle eut terminé ou du moins, lorsque son estomac lui octroya une pause, il sourit et sortit chercher un verre d’eau et le lui ramena.

« Tiens. » fit-il en lui tendant tandis qu’il arracher quelques feuilles de papier pour les lui tendre à leur tour. Il s’accroupit devant elle et inclina légèrement la tête pour la regarder.
« Tu rentres maintenant ? »

Elle était vraiment mal en point. Elle l’avait cherché en même temps. Le tout étant de savoir pourquoi ce soir, elle avait eu besoin de se mettre la tête à l’envers tout ça pour l’enfouir dans une cuvette de toilette et y vider son repas du midi. Ca ne ressemblait pas à Béatrix telle qu’il la connaissait. Il s’occupa d’elle au mieux lui tenant les cheveux délicatement, lui apportant un verre d’eau puis des serviettes avant de s’accroupir tout près d’elle pour lui demander si elle se sentait de rentrer à présent. Il était persuadé qu’après ça tout rentrerais dans l’ordre. Qu’elle prendrait la décision de rentrer faire une bonne nuit en sécurité dans son lit. Il était prêt à s’excuser auprès de Lucian pour la ramener chez elle saine et sauve. Mais elle ne voyait pas la situation du même regard. Elle se releva comme elle le pouvait s’appuyant lourdement sur la cuvette qui venait déjà d’en prendre pour son grade et déposa un baiser sur le front du jeune homme. Il l’observa s’éloigner et sortir des toilettes, soupirant légèrement avant de se redresser à son tour. Il s’approcha des miroirs et s’observa un temps avant d’ouvrir le robinet d’eau froide et de s’en jeter un peu contre le visage. Il se frotta le visage un court instant, époussetant le reste d’eau coulant contre sa peau et souffla un bon coup. « Quelle soirée… » Fit-il pour lui-même. Il baissa la tête, les mains bloquées sur le lavabo portant le poids de ses épaules. Il redressa précipitamment la tête lorsqu’il entendit la voix de Béa l’appelant en criant. C’était un cri de détresse. Nulle doute là dessus. Elle ne s’apprêtait pas à lui recommander une tournée en pestant qu’il n’y ait personne pour la servir. Il sortit des toilettes des dames avec précipitation et la chercha des yeux. Un type était à moitié couché sur elle, en train de la peloter tandis qu’elle ne pouvait se défendre. Il se rua sur l’homme en question et l’attrapa par le col pour le tirer en arrière. Il le souleva, l’homme se remettant debout. Il était furieux. Il n’en fallait pas plus à Ezechiel pour l’obliger à devenir violent. Ce type savait-il qu’il venait d’essayer d’agresser sexuellement sa meilleure amie ? Il allait le comprendre. Ezechiel lui décrocha un direct du droit et l’homme recula de quelques pas avant de tomber en arrière. Le jeune homme ne s’occupa pas des autres, il se pencha sur son amie, passant son bras sous elle pour la redresser contre lui. Son autre main vint déplacer une mèche de cheveux barrant son visage et se poser sur son front. « Tout va bien ? » Il n’eut pas le temps d’écouter la réponse, une main robuste s’était posée sur son épaule. Il tourna la tête vers cette main et par réflexe se défit de l’étreinte de Béatrix pour se saisir de l’homme. Il se saisit de la tête du type et lui explosa contre la table, réflexe désespéré tandis que les deux autres types se ruaient sur lui. L’un deux lui bloqua les bras dans son dos tandis que l’autre le ruait de coups.

« T’es suicidaire ou quoi mon ptit gars ?! Tu vas le regretter. » Lança le type en s’approchant de lui.

Les premiers coups furent par chances (ou pas) pour son buste. La brute frappait violemment dans ses côtes, Ezechiel se courbant un peu plus à chaque coups tandis que l’autre derrière l’obligeait à faire face debout. Sentant ses côtes craquer, il lança ses pieds en avant dans un dernier effort, frappant l’homme en face de lui. Ses côtes le firent grimacer de douleur. Mais le type derrière lui ne lâcha pas et les coups suivants vinrent s’abattre sur sa mâchoire, le faisant baisser la tête dans quelques explosions de sangs. Les deux autres, terrassés plus tôt par le serveur étaient en train de se relever. Les coups commençaient à sérieusement le sonner et il ne sentait plus ses bras, coincés en étau dans son dos. Se furent parmi les secondes les plus longues de son existence, tandis qu’il s’inquiétait pour Béatrix, son esprit s’embrumant légèrement, assommé par les coups se succédant.

A bien y réfléchir et maintenant qu’il dégustait sous les coups de ses assaillants, il se demandait s’il avait choisi la bonne solution en se jetant à brûle pourpoint sur le type qui agressait sa meilleure amie. Il aurait tout aussi bien pu appeler les aurors mais le type aurait pu profiter de la situation pendant un long moment avant que la brigade de police magique ne rapplique. De toute façon, Ezechiel n’aurait pas tenu une seconde de plus devant ces types à entendre sa meilleure amie se débattre en hurlant. C’était au dessus de ses forces. Alors même si là de suite, son corps tout entier lui faisait regretter son agissement, il ne regretterait pas longtemps. Ces types ne le tueraient pas et pendant qu’ils étaient occupés à le frapper lui, Béatrix était à peu près en sécurité. Il n’entendait plus rien autour de lui, seulement les coups s’abattant sur lui, les craquements, les chocs, les déchirements. Il cherchait Béatrix du regard lorsqu’il pouvait profiter d’un court répit et d’un moment de pleine conscience. Une conscience inquiète. Il voulait la voir, être sûr que pendant qu’ils s’acharnaient sur lui, elle ne risquait plus rien. Il voulait s’assurer qu’elle allait bien. Il lui avait demandé immédiatement après l’avoir libéré de l’autre pervers mais n’avait pas pu attendre de réponse. Il ne crie, il gémit à peine sous les coups les plus appuyés, ça leur ferait trop plaisir. Tout était allé trop vite…

Crack ! Un premier craquement lourd, le premier qui ne s’est pas abattu sur la tête du garçon. Il relève la tête, cherchant qui a subit le craquement, qui hurle à présent de douleur. Un des types qui le frappaient est au sol, il hurle sa douleur. L’autre ne tarde pas à le rejoindre sur le sol, dans un craquement encore plus lourd. Ezechiel, encore sonné mis un certain temps à réaliser que ça allait aller, qu’il n’était plus seul contre ces abrutis. Il releva la tête avec un léger sourire en coin, un sourire douloureux et grimaçant lorsqu’il entendit la grosse voix de Lucian, son patron dans le bar et un lycan au combien robuste. Le type qui tenait Ezechiel relâcha son étreinte sans prévenir et le garçon tomba à genoux. Il posa ses mains sur le parquet du bar, le temps de reprendre son souffle. Sa main se porta contre ses côtes douloureuses puis sur sa mâchoire. Il se releva enfin, tenant sur ses jambes par miracle. Il tituba légèrement comme si lui aussi avait bu puis toussa légèrement, sa respiration encore bloquée par moment. En un regard il remercia Lucian qui de toute évidence allait faire payer l’adition bien chère à ces abrutis et chercha Béatrix des yeux tandis que ces derniers quittaient l’endroit.

Il s’approcha d’elle et s’assit à ses côtés, prenant son visage entre ses mains. « Tout va bien ? Je suis désolé pour ça. » fit-il en plantant son regard tendre et confus dans celui de la jeune femme sous le choc. Sa main vint dégager le visage de la jeune femme de ses cheveux tendrement. « Tu n’as rien ? »

La réponse à cette situation était simple. Il aurait dû la ramener de force chez elle. Elle l'aurait insulté, violenté, mais au moins, tout cela ne serait jamais arrivé et il aurait gardé la conscience tranquille. Elle n'aurait pas eu à subir les tâtonnements moites de ce pervers et n'en serait pas choquée. Elle aurait même surement compris la réaction de son meilleur ami le lendemain au réveil lorsque sa tête aurait été à deux doigts d'exploser.

Elle n’avait rien. A en croire ce qu’elle lui dit alors qu’il venait de s’asseoir à côté d’elle, encore sonné par les coups. Il avait du mal à réaliser encore. Ca n’était pas son genre de perdre les pédales ainsi. La question essentielle qu’il se posait, c’était pourquoi il n’avait pas plutôt utilisé son pouvoir pour terrifier les sales types. Avec son don destructeur, il avait de quoi paralyser de douleur un homme et les 3 autres n’auraient su que faire dans une telle situation. Ca se défendait. Mais il n’avait pas réfléchis. Il n’avait pas senti le temps de réfléchir. Elle s’excusa, des tas de fois, si bien qu’il fini par ne plus les compter. Ca n’était pas sa faute. Enfin si, elle s’était mal conduite à boire plus que de raison, jusqu'à se rendre parfaitement vulnérable et avoir un comportement indigne d’elle. Mais ça n’était pas sa faute si les hommes de nos jours ne savent plus se tenir. Ezechiel n’avait jamais compris cela. Lorsqu’une femme lui disait « non », aussi peu souvent que cela soit arrivé, et quand bien même elle aurait était alcoolisée, jamais il n’aurait imaginé la forcer à un acte sexuel. La violence envers les femmes était bel et bien banni de son comportement, aussi sérieusement que les insultes envers ces dernières étaient bannies de son vocabulaire.
Béatrix s’évapora quelques secondes. Secondes pendant lesquelles le jeune homme s’étira les bras, encore engourdis. Il les bloqua dans son dos à plusieurs reprise, étirant ses muscles, les décrispant comme il le pouvait en évitant de trop tirer tout de même. Il n’avait rien de cassé, il avait toujours été un garçon solide, au delà des apparences. Il n’avait jamais été le plus grand de sa classe sans jamais être le plus petit, cependant, il était musclé, finement, si bien qu’il encaissait pas trop mal les coups. Il serait sur pieds demain matin et son visage seul porterait encore quelques traces du heurt.

Il se posa un instant, affalé dans le fauteuil et la tête jetée en arrière, yeux fermés. Il devait se réveiller. Une sensation d’humidité et de froid toucha sa lèvre inférieure et il ouvrit les yeux, constatant la main de son amie près de son visage, qui essuyait quelques gouttes de sang. Il sourit légèrement puis se reprit, grimaçant. Son visage n’était pas encore prêt à sourire complètement, sa mâchoire était douloureuse. Elle se rhabilla et il en fut soulager. Une jeune femme comme Béatrix, ce n’est pas de tout repos d’être son meilleur ami, il y a toujours un type pour la trouver splendide voire lui manquer de respect. C’était comme si lorsqu’elle entrait dans un bar, les types célibataires (ou non d’ailleurs) ne voyaient plus qu’elle. Alors c’est parfois flatteur, parce que c’est à votre bras qu’elle est et l’envie des autres vous honore, mais c’est aussi lourd de responsabilité et de protection. Son corps recouvert, elle attirerait un peu moins les regards.
Elle s’excusa encore une fois.
« Arrêtes de t’excuser tu veux, ça va, mes dents ont pas explosées contre le macadam, tous mes organes se trouvent à leur place, tout va bien. » lança-t-il tandis qu’il passait le morceau de papier humide sur le sang pour le faire disparaître de son visage. Il ne restait plus que les traces de coup et quelques coupures lorsque la jeune femme revint vers lui. Elle l’aida à se relever et proposa de le ramener, non sans une pointe d’humour dans le regard. Ezechiel secoua la tête, amusé, et prit la jeune femme par les épaules.

En passant devant le bar, il s’excusa auprès de Lucian et le remercia d’être intervenu. Ce dernier lui confia qu’il s’occuperait de la fermeture et congédia le jeune homme. Ezechiel suivit Beéatrix hors du bar pour rentrer. Il arrangea le col de la veste de la jeune femme, le remontant légèrement pour mieux la couvrir et sortant ses cheveux de sa nuque, tendrement. Un sourire affectueux sur le visage.
« Tu viens dormir avec moi ? Tu me raconteras ce qui t’a poussé à sortir et te mettre la tête à l’envers ce soir ? »