Alexander s'ennuyait, et ça chaque week-end depuis le Bal d'Halloween. Il ne pouvait plus occuper ses journées à jouer au quidditch. Alors il avait décidé qu'il irait à Pré-au-Lard, seul. Oui car Esteban l'avait lâché pour un rendez-vous avec une fille. Il n'était pas contre le fait d'être seul, loin de là. Il appréciait même ces moments, bien qu'avec un piano, ils étaient encore bien plus appréciables et bien moins long. En fait, il aurait pu passer sa vie assis sur le tabouret d'un piano à jouer tout ce qui lui passe par la tête, laissant les heures et ses pensées défiler en même temps que les notes. Il pourrait rester des heures dans le noir laissant ses doigts glisser sur les touches au grès de ses émotions. Mais non, là il irait passer l'après-midi à Pré-au-lard et plus précisément aux « Trois Balais ».

Esteban et lui s'était quitté quelques heures à peine auparavant, juste après le déjeuner. Son meilleur ami était alors monté en haut de la tour d'Astronomie, lieu de son rendez-vous et Alexander, lui, était parti directement pour Pré-au-lard. Il avait trainé un petit moment dans les rues et s'était égaré dans la célèbre boutique de farces et attrape, Zonko. Ce n'était pourtant pas son truc que de regarder toutes ses farces mais cela faisait passer le temps et qui sait, peut être trouverait-il à l'intérieur une farce à faire à quelqu'un, quel qu'il soit. Finalement, il avait souris à quelques farces mais n'avait rien trouvé qui lui plaisait. Il était alors sorti et s'était dirigé vers les « Trois Balais ».

En ce samedi d'automne assez doux pour la saison, beaucoup de monde était sorti comme lui pour prendre l'air et s'était arrêté ici, dans ce pub. C'était loin d'être l'un des endroits le plus calme de pré-au-lard mais Alexander aimait cet endroit. Même si le monde présent produisait un brouhaha épouvantable et que la chaleur humaine faisait de cette endroit un sauna. Il s'installa au bar. « Comme d'habitude ? » lui demanda Madame Rosmerta d'une voix mielleuse accompagné d'un grand sourire. Alexander était un habitué de ce bar et Madame Rosmerta semblait bien l'apprécier. Soit parce qu'elle ne ferait jamais faillite tant qu'il serait à Poudlard ou bien tout simplement parce qu'elle appréciait ce jeune homme. En même temps, il était toujours très poli avec elle et il ne voyait pas en quoi elle pourrait le détester. Il lui sourit légèrement. « Oui s'il vous plait. » Elle le quitta un instant pour revenir avec une chope de bièraubeurre qu'elle déposa sur le bar. Alexander déposa l'argent nécessaire pour payer sur le bar et la remercia.

Il trempa ses lèvres dans la mousse qu'il aspira rapidement avant de reposer le verre. Puis il balaya le pub du regard, il put constater que même à cette heure de l'après-midi, certains étaient déjà très mal en point. Il ne remarqua pas tout de suite la jeune fille assise non loin de lui, il était trop occupé à penser. D'abord à Esteban qui devait être en train de s'amuser à cette heure-ci, aussi à Sasha dont il ignorait complètement l'occupation. Peut être la croiserait-il ? Peut être était-elle avec un garçon, nichée dans ses bras. Il l'ignorait et préférait ne pas savoir. C'est lorsqu'il revint à lui qu'il remarqua la jeune fille, accoudée au bar, elle ne semblait pas très en forme. Cependant, elle ne semblait pas encore avoir but. Sans doute un chagrin d'amour ou autre se dit Alexander. Il resta un instant là puis se dit qu'il serait peut être bon d'aller consoler Evangeline, il prit sa chope et alla s'asseoir plus près d'elle. Il commanda une seconde bièraubeurre pour elle car la malheureuse n'avait rien à boire. « Me dis pas que ça va, je vois bien que non. Alors racontes moi ce qui te rend si triste. »

Bien sur, ce n'était pas par gentillesse qu'il venait la voir, à ça non. Il estimait avoir assez à traiter avec sa vie pour ne pas s'occuper de celle des autres. Il n'était pas de ceux qui lisait les magazines peoples à longueur de journée dans le seul but de savoir tout sur les autres. Non lui il s'en contrefichait des autres. En réalité, elle était un jour venue se confié à lui pour une raison qu'il ignorait tout à fait et cela avait plutôt dérivé. Il l'avait écouté bien entendu mais elle n'avait pas mis longtemps à vouloir être consolé, d'une certaine façon. Lui n'avait évidemment pas refusé et avait grandement profité de la situation. Depuis, il avait compris que lorsque la jeune femme n'allait pas bien, il lui suffisait de faire un peu attention à elle, de l'écouter et enfin tout cela se finirait au lit, ou autre part. Il appréciait réellement Eva mais cela s'arrêtait là. C'était une bonne copine qu'il soutenait quand elle n'allait pas bien tout en sachant pertinemment qu'il ne s'arrêterait pas à une discussion. Tout du moins, c'était ce qu'il se passait la plupart du temps, rare étaient les fois où ils rentraient chacun de leur côté. Madame Rosmerta apporta la chope, il paya et la poussa vers la jeune fille. « Tiens, c'est cadeau. »

Evangeline jouait avec une mèche de cheveux, accoudée au bar des « Trois Balais ». Elle fixait le vide, ne prêtant aucune attention à tous les jeunes et moins jeunes du bar, qui fêtaient l’arrivée de l’hiver, la fin de l’année, leur anniversaire, ou bien buvaient sans le moindre prétexte. Elle s’était depuis longtemps entraînée à ignorer le bruit autour d’elle, se concentrant sur ses propres pensées, ou rêvassant à tout et rien. En ce moment même, elle n’avait aucune envie de penser. Elle se sentait vide, comme souvent. Alors elle était venue au bar, sans but réel, juste histoire de voir des gens, peut-être croiser des amis, sinon boire.

Deux heures plus tôt, elle avait reçue une lettre de son père, de Liverpool. Le message n’avait pas vraiment d’intérêt, il avait dû lui écrire ça sous l’influence de l’alcool, comme d’habitude. Ecrite d’une main hésitante, c’était un mélange de « reviens à la maison cet été, il faut que tu t’occupes de la tombe de ta mère », « je n’ai pas d’argent à t’envoyer, tout est passé en factures, débrouille toi », « j’espère au moins que tu bosses, sinon t’aurais pu rester ici et travailler pour gagner un peu ta vie », « j’en ai marre de devoir t’entretenir espèce de pauvre gamine inutile ! », « tu me manques ma petite puce, je voudrais passer une soirée avec toi et Maman comme avant ». Bref, ça ne ressemblait à rien et ça avait déprimé Eva. Parfois, elle se demandait si elle n’aurait pas du quitter Poudlard après avoir passé ses BUSE, et trouver un job pas trop mal payé pour vivre indépendamment de son géniteur. Elle avait fini par le détester, lui et ses fausses excuses et ses bouteilles de scotch. Il fallait qu’elle trouve un travail pour l’été, serveuse ou vendeuse, histoire de se débrouiller pendant deux mois et d’avoir des économies pour l’année suivante. Cela faisait déjà un mois qu’elle n’avait plus un sou et qu’elle se reposait sur ses amis. Eva détestait dépendre des autres. Elle avait vraiment hâte d’acquérir une indépendance totale.

Après avoir reçu la lettre, la jeune fille avait passé une heure dans la volière à ruminer de sombres pensées. Puis elle avait décidé de se bouger et de faire quelque chose de constructif. Soit aller à Pré-au-Lard, histoire d’occuper son après-midi. Quelques cigarettes plus tard, elle était allée s’asseoir aux Trois Balais. Elle n’avait même pas la motivation nécessaire pour se faire payer un verre par quelqu’un, alors elle attendait, la tête entre les mains. Madame Rosmerta avait tenté plusieurs fois de la déloger ou de la faire payer une consommation, mais Eva n’avait pas bougé d’un pouce. Elle resterait ici jusqu’à ce que l’ennui soit tellement fort qu’elle se sente obligée de partir. Pour le moment, elle se laissait envahir par la douce chaleur du bar, essayant d’oublier tout ce qui avait trait à sa vie en ce moment. Pour l’instant, elle avait surtout besoin d’affection. Elle aurait bien passé un peu de temps avec May, mais elle n’avait aucune idée d’où elle pouvait se trouver, sûrement avec sa copine. La solitude n’avait jamais dérangé Eva, tant que ça restait ponctuel. Elle détestait se sentir seule, abandonnée. C’était probablement sa plus grande peur. Elle essayait de ne pas s’attacher aux gens afin de ne pas souffrir lorsque ceux-ci s’en iraient. Elle avait toujours raisonné comme ça.

Elle sortit de sa rêverie en entendant quelqu’un tirer le tabouret à côté d’elle. En parlant de relations sans s’attacher… Alexander. Son plan cul, sex friend, whatever. D’amis, ils étaient allés légèrement plus loin, un soir où Evangeline avait ressenti le besoin de se confier à quelqu’un. Le besoin d’être réconfortée, aussi. A chaque fois qu’elle allait mal, elle allait se consoler dans ses bras. Et il était toujours là pour s'en "occuper". La jeune fille leva les yeux vers lui, soupirant légèrement. Il était beau, quand même.

« Mon père est le pire connard qui existe dans ce monde, c’est tout. Je m’y fais à force. C’est juste un peu.. fatiguant disons. Je voulais boire, voire finir saoûle, mais j’ai plus un rond, comme d’habitude haha. », fit-elle avant un petit rire sans joie.

Elle saisit alors la chope de bièraubeurre qu’il lui avait commandé et le remercia d’un sourire. Eva était contente de le voir. Cela finirait probablement comme à chaque fois et elle savait qu’elle se sentirait mieux l’espace de quelque temps. Au début, elle avait trouvé cela pathétique. Maintenant, ça lui semblait normal. Comme si Alexander lui devenait nécessaire pour se sentir mieux. A cette pensée, la jeune fille grimaça malgré elle. Elle pensait peut-être légèrement trop à lui en ce moment. C’est-à-dire qu’avant, elle n’y pensait jamais, alors que ces temps-ci, l’envie de le voir se manifestait régulièrement. C’était sûrement juste une passade, et puis elle n’avait pas grand monde pour l’occuper en ce moment, ayant cassé avec son dernier copain quelques semaines auparavant. Et elle se sentait un peu seule. Il était donc le mieux placé pour arranger les choses. Bref, ce n’était rien. Eva ne s’attachait pas. Jamais.

Elle sirota lentement une gorgée de bièraubeurre et sortit de ses pensées, se reconcentrant sur le garçon. Eva était assez rêveuse en ce moment, ça en devenait épuisant.

« Qu’est-ce que tu fais là toi ? Tout seul ? »

Cela ne l'embêtait pas tant que ça qu'elle aille mal, après tout. Il s'en fichait un peu. S'il venait c'était parce que jusque maintenant, il était seul au comptoir bien qu'il ne le serait sans doute pas resté longtemps avec les jolies demoiselles qui pouvait se trouver à l'intérieur du pub. Ensuite et bien, il avait envie d'aller la voir. Il avait développer un peu d'affection pour elle, pas de sentiments sincère, juste de l'affection. C'était un peu comme sa sœur sauf qu'il couchait avec en guise de consolation. En clair, ce n'était pas du tout comme une sœur. C'était compliqué et pourtant très clair dans la tête d'Alexander. S'il était là pour elle, c'était avant tout parce qu'il savait comment cela se finirait, ensuite parce qu'il appréciait un peu la demoiselle. Il savait pourtant que jamais il ne tomberait amoureux, que leur nuits passés ensemble serait à jamais purement physique. En tout cas pour lui, et il ne s'imaginait pas un seul instant qu'Evangeline éprouve des sentiments pour lui.

Evangeline leva de grands yeux bleus vers Alexander. Il sourit intérieurement en voyant son air de chien battu. Un chiot ayant perdu sa maman n'aurait pas pu être plus attendrissant. Mais Alexander n'était pas du genre à avoir pitié des autres, loin de là. Elle lui expliqua pourquoi elle était là, à se morfondre. Elle se plaignit même de son père. Sur le moment, il failli se lever sans dire un mot, car son soit disant ''père'' à lui n'était qu'une ordure, un de ces foutus moldus. Et d'ailleurs, il était mort et il en était bien heureux. Il prit sur lui et resta assis à ses côtés, après tout, elle n'était pas au courant pour son père, personne n'était au courant ou presque. Il failli tout de même lui dire que si son père avait tabassé sa mère durant des années de mariages avant de la laisser un soir pour morte, alors oui, il se pouvait que ce soit l'un des pires connard que ce monde connaisse. Mais elle se demanderait pourquoi il disait ça et alors cela deviendrait compliqué car jamais il ne lui parlerait de cette partie de sa vie.

« Hun hun, et ben tiens tu peux boire maintenant. Mais évites de finir saoule quand même, je voudrais pas avoir à te ramener complétement saoule au château... » fit-il avec un léger sourire. « T'inquiètes pas pour la bière, j'ai ce qu'il faut pour t'en payer. D'ailleurs, si tu veux autre chose, dis moi. Et qu'est-ce qu'il t'a fait ton père pour être traité du pire connard que la Terre n'ait jamais porté ? »

Il fut un peu rassuré lorsqu'il la vit boire sa bière lentement. Il s'était demandé si elle n'allait pas chercher quand même à se saouler et à boire tout les verres qu'il lui offrirait cul-sec. Il n'avait pas envie d'avoir une jeune fille saoule et déprimée à ramener au château et à coucher avant même d'avoir eu le temps de la ''consoler''. Bien qu'aujourd'hui, il n'était pas forcément désireux de finir la nuit dans ses bras, ou dans ses draps, à vous de choisir.

« Qu’est-ce que tu fais là toi ? Tout seul ? »

« Moi je euh... En fait je m'ennuyais, Este m'a abandonné pour une fille et du coup je ne savais pas quoi faire. Rajoutes à ça le fait qu'il n'y ait plus de quidditch et tu comprends. J'avais pas tellement envie d'aller à la bibliothèque. Donc je suis venu ici, seul, pour occuper ma journée... et pour consoler les jolies filles en détresse. » fit-il un sourire en coin avant de rajouter « ...et puis, la solitude ne me dérange pas. »

Il but une gorgé de bierraubeurre tout en regardant la blonde. Elle avait de nombreuse tâches de rousseur et contrairement à tout ces mecs qui n'aimaient pas forcément ça, lui trouvait cela mignon.

« Comment ça se fait que tu sois seule toi ? Attends, j'ai deviné. Tu n'en as parlé à personne, même pas à Mischa... Elle t'aurait pas laissé là sinon, pas à la merci du vilain Alexander... J'me trompe ? » fit-il avec un soupire.

Il savait qu'elle avait mis en garde Evangeline pour lui, enfin il le devinait. C'était sa meilleure amie , cela paraissait logique. Il savait aussi que les deux demoiselles s'étaient parfois disputer à cause de lui. Il savait à quel point cela blessait Mischa qu'il couche avec Eva. Sans doute pensait-elle qu'il préférait Eva à elle. Et pourtant, si elle savait... Il but une nouvelle gorgé de bière, les yeux dans le vide. Il contemplait les bouteilles derrière le comptoirs sans vraiment les voir. Il pensait à Mischa et leur relation, enfin à ce qu'elle avait été car aujourd'hui, elle n'était plus.

Plus le temps passait, plus Eva se rendait compte qu’elle ne connaissait pas grand chose d’Alexander. Elle avait pris l’habitude de se confier à lui et de lui raconter sa vie, mais lui ne parlait que rarement de ce qui le concernait. D’un côté, c’était égoïste de la part de la jeune fille car elle n’avait jamais vraiment cherché à s’intéresser à lui, mais leur relation était basée là-dessus. Ses confidences étaient devenues uniquement une excuse pour se distraire chacun avec l’autre. Eva se doutait bien qu’Alexander n’était pas non plus particulièrement intéressé par ses histoires, mais tout avait commencé comme ça, et cela restait un prétexte pour continuer à se voir. Et puis ça laissait un peu de suspense dans l’histoire non ? Leur relation ne se limitait pas à coucher ensemble et repartir chacun de leur côté. Même si ça s’en approchait fortement.
Eva s’en accomodait bien au final. Elle était contente qu’il soit là, ça la sortait de ses pensées et sa présence égayait légèrement sa journée. En principe, elle allait finir dans ses bras, comme à l’accoutumée. Il était arrivé plusieurs fois qu’Alexander doive la récupérer en larmes, saoûle ou non, menaçant de se jeter du haut de la plus haute tour de Poudlard. Elle savait bien que dans ces cas là, elle était pathétique, mais le garçon ne l’avait pas envoyée balader. C’est aussi pour ça qu’elle continuait à coucher avec lui, au delà du dégoût qu’elle s’auto-inspirait lorsqu’elle finissait dans ses bras. Au final, il constituait l’un des éléments qui lui permettaient de tenir. Lorsque sa meilleure amie n’était pas là, lorsqu’elle se retrouvait seule, elle se tournait invariablement vers lui. Ils passaient la nuit ensemble, ça allait mieux. Et ça recommençait quelques temps plus tard. Au fond, ça ne dérangeait personne, si ?

« Désolée de te taxer – encore, s’excusa-t-elle avec une moue coupable. T’inquiète, tu n’auras pas à t’occuper d’une épave, c’est pas bon pour mon image en plus. »

Son image. C’était dit avec ironie bien entendu. La réputation d’Eva à Poudlard n’était pas des meilleures. La majorité des filles la considéraient comme une pétasse, et les garçons comme un bon coup à tester. Elle n’avait pas énormément d’amis, mais elle les conservait précieusement. Elle avait eu quelques copains, rien de bien sérieux néanmoins. Elle faisait bien attention à ne pas s’attacher sentimentalement parlant. Alors c’était les histoires d’un soir, ou des relations de quelques semaines, pas plus. La jeune fille avait parfois ressenti l’envie – voire le besoin – de quelque chose de sérieux, le besoin d’être aimée aussi, mais elle avait vite rejeté l’idée de se laisser atteindre à ce point. Elle ne voulait pas se montrer faible.

« Rien de bien grave, juste comme d’habitude. Il m’envoie des lettres sans queue ni tête, m’insulte puis me dit qu’il m’aime, utilise ma mère comme excuse pour que je revienne et refuse de m’envoyer de l’argent comme quoi il n’en aurait plus. Je sais bien que tout passe en whisky, il me prend vraiment pour une conne. Enfin bon, tu sais bien, c’est toujours pareil avec lui. »

Eva essayait d’arrêter de faire tout un drame de pas grand chose. Elle avait toujours été très excessive dans ses réactions et elle savait pertinemment qu’il fallait qu’elle prenne les choses plus à la légère. Mais elle était très facilement atteinte, elle n’y pouvait rien… Quoique, au niveau de son père, elle était juste lasse. Cela ne lui faisait plus vraiment de mal, elle avait bien tenté de jeter ses bouteilles deux ans auparavant, mais sa seule réaction avait été de la frapper et de liquider ses économies dans de nouvelles bouteilles. Lassant, donc. Au sujet de sa mère.. Elle n’avait jamais dit à personne dans quelles circonstances elle était morte. Elle n’avait pas parlé de la petite sœur ou du petit frère qu’elle n’avait jamais eu. Les gens savaient juste qu’elle avait eu un « accident » dans son enfance. Eva n’était pas vraiment pudique sur sa vie, mais elle avait trop de rancune mélangée au manque vis-à-vis de sa mère pour pouvoir en parler sans se mettre dans tous ses états. C’était probablement le seul sujet sur lequel elle ne s’était jamais étendue avec Alexander. En même temps, une fille inconsolable – car à ce propos elle l’était et le serait toujours – n’avait pas beaucoup de charme, si ?

« La solitude ? Menteur, je suis sûre que tu voulais draguer une des jolies brunes à la table du fond, le taquina-t-elle en indiquant de la tête une table de Gryffondors assises non loin qui pouffaient de rire. M’enfin je suis mieux qu’elles réunies ! » fit-elle avec un grand sourire, tout en finissant sa bière.

Certains la trouvaient arrogante, à toujours se dire « supérieure » aux autres. Peu comprennaient que c’était une plaisanterie, et qu’au fond, elle complexait énormément vis-à-vis des autres filles, qui étaient toujours plus grandes, plus jolies, plus minces.

Alexander évoqua alors Mischa. La meilleure amie d’Eva, et son ex à lui. Il lui avait brisé le cœur. Au début, Eva s’était sentie vraiment coupable vis-à-vis de son amie. Maintenant encore, mais les tensions entre elles à ce sujet avaient diminué. Mischa acceptait qu’elle se réconforte avec Alexander, et Eva essayait d’oublier qu’à chaque fois qu’elle était avec lui, elle la blessait. Elle avait bien tenté de couper court à leur relation, au début. Mais elle s’était vite rendu compte que la présence et les bras du garçon lui faisaient beaucoup du bien et qu’elle avait du mal à s’en passer. Si elle avait eu à choisir entre les deux, elle aurait choisi Mischa, bien évidemment ! Mais elle la laissait faire donc au final, elles n’en parlaient presque pas, faisant comme si cette relation n’existait pas. Souvent, malheureusement, le sujet venait sur la table et s’ensuivait une longue et douloureuse dispute entre les deux filles. Elles étaient touteois trop amies pour s’éloigner à cause de ça. Même si en ce moment, Mischa se rapprochait d’une autre fille, une Poufsouffle, et qu’Eva ne pouvait pas supporter ça. Elle en était extrêmement jalouse mais elle savait bien que c’était sa faute, donc que pouvait-elle faire ? Elle ne souhaitait pas vraiment reconsidérer l’idée de tout arrêter avec Alexander. Les choses s’appaiseraient un jour ou l’autre.

« Mischa est très probablement avec sa nouvelle amie, l’autre fille de Poufsouffle là. Je suis sûre qu’elle est trop occuper à cracher sur moi pour s’occuper de mes problèmes futiles. »

Oui parce que la jalousie entrainait de la rancune, etc. Elle avait du mal à accepter le fait que sa meilleure amie soit aussi proche d’une autre fille. Elle se doutait qu’elle lui parlait d’Alexander, chose qu’elle évitait autant que possible avec Eva. C’éttait vexant, mais compréhensible au final.

« Enfin, je ne devrais pas dire ça, j’en sais rien au final. Mais c’est sûr qu’elle aurait tout fait pour que je t’évite sinon, hahaha.. »

Elle aperçut le regard rêveur du garçon. D’après ce que Mischa lui avait dit, c’était juste un sale type qui avait joué avec elle. Eva s’était accomodée de cette image, la réputation d’Alexander à ce niveau n’étant pas des meilleures. Elle n’en avait jamais parlé avec lui, ce qui était normal. Elle était bien contente qu’ils ne soient plus ensemble d’un côté.

Evangeline s'excusait pour lui prendre son argent. C'était vrai que ce n'était pas la première fois mais Alexander s'en contrefichait. Il avait hérité de la fortune de ses parents et n'avait aucun problèmes d'argent, son compte à Gringotts était même plutôt bien fourni et il n'était pas rare que les gobelins lui sourient en le voyant arriver. Et oui, il arrive, même rarement, que ces êtres minuscules et sacrément moches souris. Bien sur, c'était toujours avec un air niais, des sourires presque forcés. Et enfin, il n'était pas rare qu'il travaille un peu durant les vacances. Pas pour l'argent, pas pour le plaisir, non. Simplement pour avoir le moins de temps possible à passer chez son oncle. L'argent, ce n'était pas ce dont il manquait. Il soupira mais la laissa finir. Il ne put retenir un petit ricanement lorsqu'elle s'inquiéta de son image. Même si elle devait en avoir conscience, son image à Poudlard n'était pas des meilleures et ce n'était pas en trainant avec le vilain Alexander qu'elle l'améliorait. D'autant que tout Poudlard avait fini par être au courant pour eux deux, et ce n'était pas du goût de tout le monde. Xander, il s'en contrefichait de ce que les autres pensaient tant qu'il continuait à voir Eva et son petit corps. « T'inquiètes pas pour ça, si je te l'offre c'est que je peux. Crois moi, je le ferais pas sinon. » C'était pas franchement son genre de se ruiner pour une fille, il se battait rarement pour elles. En fait, il n'avait jamais eu à se battre pour avoir une fille jusque maintenant. Elles finissaient toutes par fondre dans ses bras. Il se tourna vers elle et haussa un sourcil. « Tu tiens vraiment à ton image ? Non parce que dans ce cas, tu devrais rentrer immédiatement à Poudlard, rien que ta présence ici n'est pas bonne. Et j'te parle pas de ma présence à moi... Ah et plutôt que la bière, tu devrais te mettre au lait tout de suite. » fit-il en ricanant. Non non, il ne se moquait pas du tout d'elle. Quoique.

Elle lui expliqua ce qui valait le surnom de « connard » à son père. Intérieurement, il riait à entendre la jeune fille se plaindre ainsi de son père. Pour lui, ce que son père lui faisait subir n'était vraiment rien. Ok, c'était pas cool mais de là à le traiter du pire connard du monde. Non mais sérieusement, si elle savait le nombre d'homme qui se comportait comme tel. Son père à lui était réellement un connard, et encore ce mot n'était sans doute pas assez fort pour le décrire. Il contracta la mâchoire avant de boire une gorgée histoire de se détendre. Il ne comptait pas à ce que la jeune fille lui demande ce qui le mettait dans cet état et il n'avait aucunement envie de s'apitoyer sur son sort. Mais il ne lui dirait pas non plus qu'elle se plaignait de peu, de quelque chose qui n'était pas réellement grave, en tout cas selon lui. Cela la blesserait sans doute un peu plus et il n'était pas là pour ça, au contraire. Et il savait aussi ce que c'était que de ne pas avoir de parents, il savait que ce n'était pas tous les jours facile à supporter même s'il ne le montrait jamais. « Oui, je sais. Mais tu sais, tu devrais essayer de pas penser à lui. Profites du fait d'être à Poudlard, surtout qu'on manque de rien ici.. » Il attrapa sa chope et la bu cul-sec. Une pulsion ? Non. C'était le sujet de la famille qui asséchait sa gorge.

Evangeline ne le cru pas lorsqu'il fit que la solitude ne le dérangeait pas. Et pourtant, c'était vrai. Il se sentait bien avec elle, c'était une bonne amie dans un certain sens. Et une amie de longue date de surcroit. Il s'était habitué à elle très jeune et elle l'avait souvent aidé à réfléchir alors oui, elle ne le dérangeait pas. Elle lui indiqua un groupe de filles qui se trouvaient dans un coin du bar. Il se tourna vers elles. Elles ricanaient. Elles n'étaient pas trop mal dis donc, comment avait-il fait pour ne pas les voir ? Oula, il n'allait décidément pas très bien. Tant pis, il se rattraperait plus tard avec elles. Il vit l'une d'elle le regardait avant de glisser un mot dans l'oreille d'une autre puis c'est toute l'attablé qui se tourna en cœur vers lui. La première se mit à rougir et bientôt ses joues devinrent de la même couleur que son uniforme. Cette effet qu'il provoquait parfois, souvent, chez les filles avait le don de le faire rire. Continuant dans sa lancé à s'amuser d'elle, il fit un clin d'œil charmeur à la jolie brune, la fixa un instant avant de revenir à Evangeline qui lui parlait toujours. Si elle n'avait pas été là, il serait peut être aller voir la brune et ses amies mais là, il était déjà accompagné et il ne souhaitait pas abandonner la jeune fille comme ça.

« Je les avais même pas vu mais maintenant que tu le dis je vais peut être... » Il marqua un temps de pause, taquinant la petite blonde. « Mais non je rigole ! Bien sur que tu vaux mieux qu'elles ! »

Il savait flatter les filles lorsqu'il le fallait même s'il pensait un peu ce qu'il venait de dire. Quoique. Il se trouvait à la table, au moins trois bon coups sur cinq alors.. Mais Evangeline, n'était pas qu'un bon coup, d'abord elle était aussi une amie mais il avait eu l'occasion de coucher avec elle plus d'une fois. Alors que les autres filles, c'était une fois et ensuite c'était grillé. D'autant que rares étaient les filles à accepter seulement le sexe et rien d'autre. Après réflexion, Evangeline valait vraiment mieux qu'elles. Il recommanda une bière au beurre, regarda la jeune fille finissant son verre à grande lapées. « Tu r'veux quelque chose ? »

Lorsque Alexander aborda le sujet de Mischa, Evangeline paru contrariée. Apparemment, Mischa s'était trouvée une nouvelle amie et Evangeline en était jalouse. Une fois de plus, il ne comprenait pas la jeune fille. La jalousie et lui, ca faisait deux. Les seules fois où il s'était trouvée jaloux, c'était à cause des pauvres mecs qui tournaient trop autour de Sasha à son goût. Il s'était parfois contenu, parfois non. Cela lui avait souvent valu quelques disputes avec sa meilleure amie, et quelques bagarres avec ses courtisans. Il avait du mal à comprendre la jalousie.

« Si vraiment c'est ta meilleure amie, elle te remplacera pas avec cette Pouffsoufle. T'as confiance en elle alors elle te laissera pas.. puis cette pouffy, elle t'arrive pas à la cheville j'suis sur. T'inquiètes pas, si déjà elle s'inquiète de te savoir avec moi, c'est qu'elle tient à toi. » fit-il avec un petit sourire en coin. Il n'était pas du genre à rabaisser Mischa même si sa relation avec elle n'était pas des meilleures, il avait appris à connaître la jeune fille et il savait que lorsqu'elle disait tenir à quelqu'un, c'était pour de vrai. C'était d'ailleurs l'une des choses qu'il avait appris trop tard. « J'me doute bien, elle piquerait sans doute une crise si elle te savait là.. » Il laissa échapper un ricanement, qu'importe ce que pouvait penser Mischa maintenant. Il avait essayé de la retrouver, elle avait refusé. Maintenant, si sa meilleure amie trouvait réconfort dans les bras du garçons, ca n'était pas son problème. Alexander fut un instant pris dans sa rêverie, et le cris d'un ivrogne le fit revenir à lui. Il toisa l'homme qui venait de s'étaler à terre juste à côté du tabouret du jeune homme. Puis il releva la tête vers la jeune fille, ignorant tout à fait l'homme. La où il était, il ne dérangeait personne et il ne semblait pas prêt à se relever. Alexander ne l'aiderait pas.

« Ton père, c'est la seule chose qui te fous le cafard aujourd'hui ? Ou tu m'as pas tout dis ? »