I'm so messed up now

Je n'ai jamais été du genre à me confier. Ça a toujours été un de mes plus grand défaut, ce manque de confiance, que ce soit envers les autres ou en moi. Mais je pense vraiment pouvoir être excusable. On ne peut pas dire que les personnes a qui j'ai daigné l'accorder en aient fait bon usage.
Mais commençons par le commencement. Je m'appelle Melody Charlie Tyler. Je suis née à Londres, mais j'ai toujours vécu à Portland, dans l'Oregon, état du Nord-Ouest américain. Jusqu'à mes dix-sept ans, j'avais la double nationalité franco-américaine, mais je me suis faite naturaliser anglaise à la fin de mes études à Poudlard pour pouvoir rester au Royaume-Uni.
Sans avoir eu la pire vie possible, elle n'a pas non plus été très facile. Mon père est mort alors que je n'étais âgée que de quatre ans. Ça a complètement détruit ma mère. Elle ne s'en est jamais remise, et n'a même pas pu supporter de rester à Portland. Alors que je n'avais que huit ans, nous déménagions à Tintagel, ville du Sud-Est de l'Angleterre. Au menu : pluie, pluie, et encore pluie. Vous allez me dire, Portland n'est pas la capitale du Soleil non plus. Mais pour la gamine que j'étais à l'époque, la différence entre les deux était énorme. Portland, c'était mes amis, ma famille. Et tout ça, je l'avait perdu à présent, et jamais je ne le retrouverais. Les neufs années qui suivirent, je pris bien soins de ne pas lâcher mon accent américain, parce qu'inconsciemment, je restait accrochée à cette vie.
Pourtant, j'ai adoré vivre à Tintagel, vraiment. Ma mère, professeur d'histoire à la fac, m'a transmit sa passion pour la littérature, les contes et légendes du passé et bien sûr, pour l'histoire. A Tintagel, par exemple, elle m'a fait étudier la légende arthurienne de font en comble et m'a emmené dans de nombreux chantiers de fouille. J'adorais ça, et je n'avais plus qu'un but : faire comme elle. Mais le destin en a décidé autrement. En effet, l'année de mes onze ans, alors que je m'impatientais à l'idée d'enfin quitter le primaire pour le collège, deux nouveaux chocs psychologiques venaient démolir mon pauvre esprit déjà bien entamé par la disparition de mon père.
C'était le mois de février. Maman semblait triste, encore plus que d'habitude. Fatiguée, rongée par quelque chose, impossible de savoir quoi, et ce n'était pas faute de lui demander. Je m'inquiétais vraiment beaucoup pour elle, depuis la mort de papa, et ce nouveau degré de tristesse me faisait angoisser comme pas possible. Il fallait absolument qu'elle me parle, me dise quelque chose, j'avais besoin qu'elle s'ouvre à moi, parce que j'avais peur, bêtement peur qu'elle soit trop fatiguée pour continuer à vivre. Mais elle s'est finalement confiée à moi. Ce jour neigeux de février, elle m'avoua que j'avais été adopté. Cette révélation fut un choque pour moi, qui idolâtrais tant ce père inconnu dont je ne connaissait que ce que maman voulait bien me raconter, et qui adorais tellement cette mère si forte et courageuse. En apprenant ça, toutes mes certitudes se brisaient, s'envolaient. Si je n'étais pas comme eux, si je n'étais pas leur enfant, alors qui étais-je. Méritais-je de les avoirs, méritais-je ma place dans cette famille séparée par la mort ? Qui étaient mes parents, étaient-ils encore en vie ?
Heureusement, ma mère sut comment gérer cette révélation, comment me rassurer en me montrant que j'étais réellement sa fille, parce que j'avais ses passions, ses manies, ces petites choses qui la caractérisaient, et que dans leur cœur, à elle et mon père, j'avais été et serais toujours leur adorable petite rouquine. Grâce à ça, grâce à elle, mes doutes s'envolèrent, je pouvais être heureuse et joyeuse à nouveau.
Mais ce sentiment de sécurité et de joie fut éphémère. Quelques mois plus tard, j'apprenais, de manière très brutale la vérité sur moi : j'étais une sorcière. J'ignorais ce détail, et à partir de ce jour, les disputes avec ma mère devinrent fréquentes, du moins, pour un temps. En effet, je ne voulais rien entendre, je lui en voulais de m'avoir cacher quelque chose d'aussi énorme. Du genre têtue, il me fallut du temps avant de daigner écouter ce qu'elle avait à me dire. C'est ainsi que j'apprenais que mon père adoptif était un sorcier, tout comme mes parents biologiques l'étaient, mais qu'elle était une moldu, une humaine sans pouvoirs. Elle l'avait épousé en connaissance de cause, mais pour des raisons familiales, lui s'était éloigné du monde de la sorcellerie, ce qui fait que ma mère n'en a eu qu'un tout petit aperçu. Elle n'a jamais baigné dedans, et à toujours été assez mal à l'aise avec ça. Alors quand il est mort, tout ça lui a semblé dérisoire, et elle n'a jamais eu la force de m'avouer la vérité car c'était lui qui était censé s'occuper de tout le côté magique, lui le sorcier, pas elle la moldu qui n'y connaissait rien.
Je crois que ça vient de là, mon problème de confiance. Attention, qu'on se mette d'accord tout de suite. J'aime ma mère plus que tout au monde, et je comprends ses raisons. Tout ce qu'elle a fait, elle l'a fait pour me protéger. Mais inconsciemment, je crois que j'ai souffert de ça, de ces cachoteries.
Enfin bon, ça, ce n'est pas grand-chose. Attendez la suite.
Je suis entrée à Poudlard quelques semaines plus tard, effrayée, ne connaissant rien – ou presque – sur ce monde de sorciers et de magie. La répartition fut une torture pour moi, et je me retrouvais à Serdaigle sans trop savoir à quoi ça correspondait.
Mes premiers jours à Poudlard furent très étrange. Je baignais dans une ambiance qui m'étais pas familière, tout était bizarre, nouveau, je m'y sentais à la fois dans mon élément, mais pas tout à fait.
Et puis il y avait cette fille. Micha Joy Winchester. Je l'avais rapidement aperçu dans les barques, et notre ressemblance m'avait frappé. C'est au moment de la répartition, alors qu'elle était envoyé à Serpentard, que j'en avais la certitude : nous nous ressemblions comme deux gouttes d'eau. Elle aussi s'en était rendu compte, et elle vint me voir juste après pour me parler. Nous ne mîmes pas trop longtemps à réaliser que nous étions bel et bien jumelles, mais en être sûr pris pas mal de temps, car nous avions peut d'indices sur nos parents biologiques et qu'elle ignorait jusque là avoir été adoptée. Mais nous finîmes par découvrir la vérité. Nos parents étaient mort alors que nous n'étions que des bébés, assassinés, et nous avions été recueillies par deux couples différents. Ma mère ignorait complètement que j'avais une sœur jumelle, et nous ne savons toujours pas pourquoi nous avons été séparées à la naissance.
Nous devinrent très vite extrêmement proche, et quand elle s'enfuit de chez elle, elle vint habiter chez nous, maman la considérant tout autant comme sa fille (il était en effet difficile de nous distinguer, que ce soit du point de vue du caractère et du physique, à l'époque).
Entre temps, nous avions fait, en première année, la connaissance d'une autre rouquine, Beth Scott, de Poufsouffle. Dire que nous sommes les meilleures amies du monde est un doux euphémisme. Nous sommes plus proches qu'il est possible de l'être.
Très vite, elle nous présenta à son frère, Will, et au meilleur ami de celui-ci, Steven. Les deux jeunes Scott étant très proches, nous devinrent très vite inséparable tout les cinq, et il était rare de ne pas nous voir fourrés tous ensemble.
Puis, lors de ma cinquième année, Steven fut obligé de partir pour Durmstrang. Cela n'entacha en rien nos relations, avec Will, mais son départ fut douloureux pour nous quatre, encore plus pour Beth, et ça, je m'en rendais compte. Néanmoins, cela ne nous rapprocha que plus.
C'est l'année de mes 16 ans que tout bascula. Il y avait ce garçon de mon âge qui me plaisait depuis quelques années déjà. Mais il était très populaire, très beau, de nombreuses filles lui tournaient autour. Et moi, je ne voulais pas être comme ces filles, une groupie parmi tant d'autre, c'était hors de question. Du coup, je me comportais de manière assez étrange avec lui, un coup adorable, un coup désagréable. Ce n'est que cette année-là que nos relations changèrent, car il m'avoua que je lui plaisait. J'étais assez réticente, effrayée, parce que je n'avais jamais eu de copain avant, mais je me décidais finalement à sortir avec lui. Pourquoi avoir peur, hein ? Ça faisait partie de la vie.
Je ne mis pas longtemps à tomber follement amoureuse de lui. Adolescente, j'étais du genre à croire au prince charmant, et je m'emballais très vite. Mais je l'aimais, réellement. Je pense pouvoir affirmer que lui aussi m'a aimé... Enfin, je crois. Sauf qu'on était jeunes, et qu'il n'était pas prêt à se poser, bien qu'on soit resté ensemble presque un an. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé, je crois qu'il était juste effrayé par quelque chose de sérieux... Quoi qu'il en soit, il m'a trompé. Et ça m'a détruit. Littéralement. Il m'a brisé en mille morceau, tout ce que j'étais, tout ce que je représentais est mort ce jour-là. Enfin, tout du moins, c'est ce que j'essaie de faire croire. Avant, j'étais une jeune fille plutôt coincée – autant dire les choses clairement – à la recherche du grand amour. Avant, je pensais que la souffrance faisait partie du jeu. Avant, je trouvais débile les gens qui, par peur de s'engager, ne tentaient rien. Avant, je trouvais stupide ceux qui avaient peur d'avoir le cœur brisé. Puis je l'ai connu, cette douleur. Et je me suis promis de ne jamais la revivre à nouveau. Alors, sans aller coucher à droite à gauche, parce que ce ne sera jamais moi, j'ai arrêté de m'attacher. Ce jour-là, je me suis renfermée sur moi-même, j'ai arrêté de me confier à Mischa, à Beth, à Will, parce que je ne pouvais pas, je ne pouvais plus. J'ai juste... trop peur qu'on me trahisse encore, qu'on me mente à nouveau. Et ça, je ne peux pas le vivre encore une fois, je ne le supporterais jamais. Alors zéro confiance.
Aujourd'hui, c'est toujours la même galère. Mes amis ne disent rien parce qu'ils ont peur que je m'énerve, mais je sais ce qu'ils pensent. Ils s'inquiètent pour moi, et ça me rend coupable vis à vis d'eux, moi qui suis incapable de leur parler. Pour le moment, je suis en seconde année à la fac, je me suis spécialisée dans les sciences magiques, car je suis très forte en métamorphose, en astronomie, et en botanique, et puis parce que ça me plait. Je suis aussi des cours d'histoire de la magie parce que je ne pouvais me résoudre à abandonner cette matière. Pour ma rentrée à l'université, j'ai tout changé. Après plusieurs années de doute, j'ai finalement pris la décision de devenir anglaise pour pouvoir continuer de vivre au Royaume-Uni. J'aborde depuis deux ans une chevelure blond cendrée, à tel point que s'il n'y avait pas Mischa, les gens ignoreraient tout de ma rousseur.
Mon accent américain ? Envolé.