~ Beth & Me ~

"On se rencontre, on s'attache, on se quitte puis comme par magie, on finit par se retrouver au détour d'un chemin."

Il était 6h30, je n'avais dormi que très peu de temps. Non pas que je me soit couchée tard, à ça non mais l'excitation avait fait que j'avais réussi à m'endormir seulement une fois complétement épuisée, c'est-à-dire pas avant au moins 5 heures après m'être couchée. Je me réveillai presque en sursaut comme ayant peur d'avoir loupé le réveil mais non, celui-ci ne devrait pas sonné avant minimum 8 heures du matin. Cela faisait maintenant 3 semaines que cette lettre tant attendu était arrivée, et c'était aujourd'hui le grand jour, celui tant attendu de tous les premières années. Le 1 septembre 2017, ma première rentrée à Poudlard. Je n'essayai même pas de me rendormir, je n'y parviendrai pas de toute manière. Je tirai la couette puis m'assis sur mon lit, je regardai autour de moi. Ma chambre était d'une propreté flamboyante, et seules deux grosses valises en cuir jonchaient le sol. Je décidai de commencer à me préparer malgré mes parents n'étant pas encore levés. Je descendis les escaliers calmement pour ne pas les réveiller, puis me dirigeai vers la salle de bain pour me préparer, j'y restai une bonne heure. Lorsque je sortis de celle-ci, coiffée d'un jolie chignon et habillée d'une jupe grise et d'un chemisier blanc comme le règlement de Poudlard l'exigeait, je fus surprise de voir que mes parents et William était levés, sans doute à cause du bruit épouvantable que produisait la douche lorsqu'elle fonctionnait, une sorte de grincement accompagné d'un écoulement des eaux. Lorsque j'arrivai dans la cuisine où tout le monde était attablé et mon petit-déjeuner déjà prés, ils me regardèrent tous avec un petit sourire.

« Prête pour le grand jour ? » fit ma mère.

« Euh,.. à peu prés... » répondis-je hésitante.

Plus les heures passaient et plus la boule que j'avais au ventre grossissait, j'étais à la fois apeurée, stressée et pressée, drôle de sensation. Je ne mangeais pas grand chose du petit-déjeuner que m'avaient préparés mes parents, je n'en avais pas tellement envie. Je fus prête très tôt, trop tôt, il me restait une heure devant moi. Je montai alors dans ma chambre pour me posai une dernière fois sur le rebord de ma fenêtre à contempler le paysage, Bulle sur les genoux. Je repensai à pleins de choses. Et mes yeux se remplirent de larmes, cependant pas assez pour que celle-ci coulent sur mes joues, je me forçai à les garder pour moi, je voulais être forte. Cela faisait un certain temps maintenant que j'avais adopté Bulle et il commençait à me comprendre, à comprendre ce qui allait et ce qui n'allait pas. Il se frotta tout contre moi, et me regarda avec ses grands yeux couleur châtaigne semblant vouloir dire : ''Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer.''. Je le serrai contre moi, et l'embrassai. Puis quelqu'un frappa à la porte, la dernière chose que je souhaitais, que quelqu'un me voit dans cet état. La porte s'entrouvrit et ma mère passa sa tête dans l'entrebâillement, je ne décrochai pas mon regard de l'extérieur. Elle vint vers moi, elle avait sans doutes compris que quelque chose n'allait pas. Elle me prit le visage pour le tourner doucement vers elle m'obligeant alors à la regarder, puis prit mes mains dans les siennes.

« Je sais ce que tu ressens, on est tous passés par là et crois moi tu n'as pas à t'en faire. Tu iras dans la maison que tu souhaites et tu seras heureuse. Tu te feras de nouveaux amis et tu apprendras pleins de choses sur la magie. Et tu nous retrouveras durant les vacances. Ne t'en fais pas ma chérie nous t'enverrons des lettres chaque semaines. »

Je reniflai sans dire un mot, elle sortis un mouchoir de sa poche pour essuyer mes larmes qui avaient finis par couler, puis déposa un baiser sur le front. Elle se releva puis me dit :

« Il est l'heure ma chérie, il faut partir sinon tu risquerais de louper le train. »

Que le temps passait vite, déjà l'heure de partir. Je me retirai de mon perchoir, mis Bulle, que j'emmenai avec moi, dans sa cage, prit une de mes valises, l'autre avait déjà été descendue. Tout le monde en bas était prêts et attendait que je descende, même mon flemmard de frère s'était levé pour m'accompagner. Mon père m'attendais devant la porte d'entrée avec mon manteau d'hiver rouge sur le bras, il me le tendit puis je l'enfilai lentement. Nous vérifions avec ma mère que nous n'avions rien oublié. Puis comme tout était prêt, on sorti dehors pour prendre la voiture. Nous avions devant nous 1h30 de route en espérant qu'il n'y ait pas de bouchons, ce qui n'était pas gagné étant donné le nombre d'élèves se rendant à la gare de King's Cross en ce jour.
Je ne dis aucun mot durant le trajet, je réfléchissais. D'une part à la maison dans laquelle j'allais être envoyée malgré que ma mère m'ait assuré que j'irais chez les Serdaigles, d'autres part au fait de ne plus les voir avant trois mois et demi. Bien sur, je pourrais toujours leurs envoyer des lettres mais leurs présence me manquerait.

La voiture s'arrêta enfin devant la gare de King's Cross, le voyage m'avait paru une éternité. Je sorti lentement de la voiture alors que mon frère émergeait de sa petite sieste en baillant au corneille. J'attendis mes parents devant le coffre de la voiture pour qu'ils m'ouvrent puis pris la cage où Bulle avait fait le trajet. Comme il n'appréciait guère la voiture, on lui avait donné des calmants qui semblaient toujours faire effet car celui-ci dormait très fermement. Je pris soin de ne pas le réveiller car je ne savais pas s'il apprécierait le train et je voulais que le voyage se passe le plus calmement possible autant pour lui que pour moi. Chacun de mes parents prirent une valise puis mon père referma le coffre. Lorsque Will fut enfin sorti de la voiture, on referma celle-ci puis avança vers la Gare. Lorsqu'on entrai dedans, je fut surprise par le monde qui s'y trouvait. J'avais déjà pris le train une ou deux fois dans ma vie mais pour aller rendre visite à de la famille. Je regardai mes parents pour leur demander avec une petite voix :

« Et qu'est-ce que je dois faire maintenant ? »

« Tu vois les chariots là bas ? Il faut que tu en prennes un, puis tu nous rejoint ici, d'accord ? »

Je m'exécutai, puis revînt avec un chariot où je posai la cage de Bulle. Mes parents y mirent mes valises. Je tenais maintenant la main de ma mère d'une main et mon chariot d'une autre, la foule me faisait peur. Ma mère m'emmena devant un mur, le contempla un moment puis me fit un grand sourire. Je ne compris pas tout de suite. C'est seulement lorsqu'elle se mit derrière moi, agrippa mon chariot et commença à le pousser que je compris, je me mis alors à mon tour à pousser. On courrai vite fonçant droit dans le mur, je fermai les yeux de peur de rentrer dedans mais ce ne fut pas du tout le cas, ce fut comme lorsque l'on passe la tête dans l'eau et qu'on en ressort aussi sec. Ma mère me tapota l'épaule comme pour me signaler d'ouvrir les yeux, une fois de plus, je m'exécutai.
Et je fus émerveillée, il n'y avait pas d'autres mots. Devant moi se trouvait une foule de gens et derrière ceux-ci, un magnifique train rouge. La peur faisait maintenant place à l'excitation, je me retournai pour voir où se trouvaient mon père et William, et je les vit sortir du mur tranquillement. Mon frère lui aussi semblait émerveillé lorsqu'il ouvrit les yeux, c'était pour lui aussi la première fois qu'il voyait ce spectacle. Je lâchai la main de ma mère pour prendre les devants, j'étais très pressée. Je m'arrêtai devant l'une des portes du train pour attendre mes parents, je ne comptais quand même pas partir sans même leurs avoir dit au revoir. Lorsqu'ils arrivèrent jusqu'à moi, je me jetai dans leurs bras, la larme à l'œil. Je ne les reverrais pas avant un certain temps alors que je ne les avait jamais quitter plus d'une semaine.

« Ne t'inquiètes pas ma chérie, nous t'écrirons chaque semaines. Promis ! »

« Et tu verras, tu vas adorer Poudlard ! Après ça tu ne voudras plus rentrer à la maison. » fit mon père en riant.

Je les embrassai une dernière fois puis rentrai dans le train toujours accompagné de Bulle qui dormait toujours. Le train était encore plus beau vu de l'intérieur, j'étais dans un rêve. Je marchai dans le couloir du train à la recherche d'un compartiment vide, ils se faisaient rares et j'avais un peu peur de me mettre avec d'autres élèves, surtout des plus âgés que moi. J'avançai lentement, passai devant une sorcière qui vendait des bonbons, ceux-ci donnaient grandement envie mais je n'avais pas d'argent sur moi, je continuai donc mon chemin les yeux dans le vague. Quand soudain, quelqu'un me rentra dedans, je tombai sur les fesses renversant au passage d'autres élèves, j'étais gêné comme jamais je ne l'avais été. Dans ma chute j'avais lâché la cage de Bulle, celle-ci s'était alors ouverte et l'avait fait rouler en dehors, il s'était alors réveillé dans le gaz levant la tête vers moi d'un air interrogateur et presque ronchon. Je me penchai pour le ramasser, je ne le remit pas dans sa cage mais sur mon épaule comme je l'avais toujours fait. La personne qui venait de me rentrer dedans était une fille rousse plus âgée que moi, elle m'aida à me relever tout en s'excusant. Je me frottais les fesses puis relevai la tête vers elle. Je la regardai et cru voir une connaissance, je pensai d'abord à une hallucination du à ma chute et ne releva donc pas la ressemblance. Elle me regardait d'un air bizarre. Puis elle s'exclama surprise :

« Anne ?! »

Comment connaissait-elle mon nom, je ne me rappelai pas lui avoir dit. Je la regardai alors d'un air surprise.

« Beth ? C'est toi ?! »

Elle hocha la tête en signe d'approbation, elle était visiblement aussi surprise que moi qu'on se retrouve ici, dans le Poudlard Express. Cela faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vu que je ne pus m'empêcher de lui sauter dans les bras, elle m'avait beaucoup manqué. Et je retrouvai enfin quelqu'un que je connaissais dans un monde qui m'était encore totalement inconnu. Lorsque je me détachai d'elle, on se regarda avec un sourire complice et se mit à rire très fortement, c'était quand même grandiose qu'on se retrouve ici. Et nous étions d'autant plus surprise que nous ne savions pas l'une et l'autre que l'autre était une sorcière aussi. Beth avait beaucoup changé depuis notre dernière rencontre, elle avait pris pas mal de centimètres, en même temps comment ne pas changer en 3 ans, surtout à cet âge là. Seuls la couleur de ses cheveux toujours d'un roux resplendissant, ses yeux d'un vert très foncé et sa voix n'avaient pas changés. Et c'est sans doute ce qui m'avait interpellé. Elle m'expliqua qu'elle allait acheter des bonbons à cette vieille sorcière et je lui fit que je cherchai désespérément un compartiment.

Beth me proposa de me joindre à elle dans son compartiment. Elle m'expliqua qu'elle était seule à l'intérieur. Je n'aurais donc pas de soucis à me faire concernant les autres élèves en principe. Elle m'indiqua son emplacement puis elle partit chercher des friandises d'un pas vif, la vieille sorcière avait changé de wagon et Beth ne souhaitait sans doute pas la rater. Je parti à mon tour, vers le compartiment. J'avançai lentement pour ne pas le louper, cherchant une chouette dans chacun d'eux. Je fus bousculé par quelques élèves plus âgés que moi au passage, le couloir était vraiment étroit, et passer avec une grosse malle n'était pas chose facile. Je ne mis pas longtemps à trouver l'oiseau tout seul dans un compartiment. Je fis coulisser les portes, puis entrai à l'intérieur avant de les faire coulisser à nouveau pour les refermer. Je déposai Bulle sur la banquette puis rangeai ma valise sur l'étagère au dessus des sièges, puis je retirai mon manteau. Je m'assis prés de la fenêtre en poussant un soupir de soulagement, j'avais enfin trouvé un compartiment et en plus de ça, avec quelqu'un que je connaissais. Je regardai sur le quai, cherchant mes parents du regard. Il y avait foule de monde, pleins de parents accompagnent leurs ''petits sorcier en herbe'' comme disait mon père. Je pouvais voir beaucoup de monde à l'emplacement où j'étais. Il y avait un garçon, de mon âge sans doute, qui pleurait en disant au revoir à ses parents. Autre part, c'était les parents qui pleuraient et les enfants qui semblaient les rassurer. Tous souriaient ou pleuraient. Je fini enfin par retrouver les miens dans la foule, mon père avait passer un bras dans le dos de ma mère et Will' était juste devant eux. Ma mère avait les yeux rouges de chagrin, mon père semblait contrarié mais ce n'était pas dans son caractère que de pleurer devant les autres et William, lui, était impartial. Je me demandai si j'allais lui manquer... Bien sur que j'allais lui manqué ! Et lui aussi allait me manquer, ils allaient tous énormément me manquer. Je n'entendrais plus ma mère arrivait le matin dans ma chambre pour me réveiller doucement, mon père ne serait plus la pour me raconter toute sorte de comtes les soir avant d'aller me coucher, et je n'aurais plus Williams avec qui me chamailler, pour enfin le prendre dans mes bras. Seul Bulle serait toujours là. Je sentis une larme couler sur ma joue, je m'étais pourtant promise de ne pas pleurer. Je leur fit un sourire nié pour ne pas les inquiéter et leur fit un signe de la main. De la où ils étaient, il leur serait impossible de voir mes larmes. Il n'y avait que ma fierté qui me retenait de pleurer. J'essuyai discrètement la goutte qui avait couler sur ma joue, m'efforçant à retenir les autres. Je me retournai vers Bulle, ouvris sa cage et le pris dans mes bras.

« Heureusement que tu es là. » marmonnai-je.

Je le caressai le long de sa colonne vertébrale, il se tordit de plaisir puis se retourna m'offrant son ventre. C'était sa façon à lui de me demander des grattouilles. Je souri puis m'exécutai.C'est alors que j'entendis un craquement, puis le train se mit à bouger lentement. Je lançai un dernier regard à mes parents, leur souriant malgré moi. Je posai Bulle à côté de moi, il se roula en boule pour finir sa nuit. C'est alors que la chouette de Beth poussa un petit cri, cependant celui-ci ne semblait pas agressif. D'ailleurs, si elle n'avait pas poussé ce cris, je l'aurais oublié. Je la regardai incrédule, me demandant ce qu'elle aurait pu dire si elle avait eu la parole. Je me penchai sur elle. Je n'avais jamais eu l'occasion de voir une vraie chouette de si prés. Bien sur, ma famille avait une chouette mais la seule personne à qui elle laissait le droit de s'approcher était mon père, et lorsque celle-ci m'apportait du courrier, elle le déposait juste devant moi et repartait aussi vite, impossible donc de la caresser. Je la regardai attentivement quand Beth entra dans le compartiment. Je me redressai alors rapidement. Elle s'assit en face de moi.

« Elle s'appelle Pleasance, elle est adorable. »

Elle sortit sa chouette de sa cage, puis lui offrit un ver, enfin une brindille transformée en ver. La chouette poussa le même petit cri qu'elle l'avait fait avant l'arrivée de Beth mais cette fois-ci, cela semblait vouloir dire ''Merci.''. Bulle, en entendant ce cris, se réveilla en sursaut, il n'aimait pas tellement les chouettes, même si la seule qu'il connaissait jusqu'à maintenant était celle de la famille. Il ne l'aimait pas, cet oiseau avait plus d'une fois voulu le pincer, et avait parfois réussi. C'est pourquoi, il se méfiait lorsqu'il en voyait une. Il fixai la chouette d'un drôle d'air, en cage il s'en fichait mais en dehors, pas du tout. Beth remit ensuite Pleasance dans sa cage. Bulle se calma un peu mais vint tout de même se poser sur mes genou comme pour se rassurer.

« Lui c'est Bulle. Il n'aime pas tellement les chouettes, il n'a pas de très bon souvenirs avec. Mais il est absolument adorable. Ça ne te dérange pas si je le laisse sorti, être en cage, c'est pas trop son fort ? »

Beth me tendit un sachet de bonbons, et m'en proposa. Elle vint s'assoir à côté de moi, posant le sachet entre nous deux. Elle plongea sa main dans le sachet et mordit à pleine dents dans la friandise qu'elle venait d'attraper. Je fis de même en la remerciant.

« Wahou, je n'ai jamais mangé de friandises aussi bonnes ! Ça s'appelle comment ? » m'exclamai-je surprise.

Elle but ensuite un jus de citrouille. J'avais moi aussi pris quelques munitions pour le trajet. Je farfouillai dans mon sac, puis en sorti une grosse boite de chocogrenouilles. J'ouvris la boite puis la posai à côté du sachet de bonbon. J'en pris un chocolat dans la boite et le donnai à Bulle.

« Il en raffole. Sers toi si tu en veux.
Alors dis moi, c'est comment Poudlard ? Et t'es dans quelle maison ? Ça doit être si... Magique ! » fis-je avec un sourire aux lèvres et les yeux écarquillés d'excitation.

A peine Bulle était-il sorti de sa cage qu'il se baladait déjà dans tout le compartiment, prenant soin de ne pas trop s'approcher de la chouette de Beth, Pleasance. C'est un jolie nom pour une chouette fis-je pour moi même, et bien plus original que Bulle mais bon, que voulez-vous ? Je n'avais jamais eu beaucoup d'imagination pour ce qui était d'attribuer un nom à quelqu'un ou quelque chose. Bulle ne mit pas longtemps à aller vers Beth, se nichant juste à côté d'elle. A vrai dire, cela ne me surprenait même pas, il était toujours comme ça. Il n'y avait que de très rare fois où il craignait les gens et généralement ces personnes s'avéraient quelques temps plus tard ne pas être de très bonnes fréquentations. C'était un peu comme un troisième œil, il lisait à travers les gens, il voyait ce que moi je ne pouvais pas voir et il ne s'était jusqu'alors jamais trompé. C'était un peu comme un ange gardien pour moi.

Beth risqua une main vers Bulle pour le prendre dans ses bras. Bien sur il ne refusa pas et se mit à ronronner sous les caresses de la jolie rousse. Je lui souris, Bulle semblait vraiment l'apprécier. Elle s'adressa à sa chouette, chose qui me fit rire. « Je vois que je suis pas la seule à parler avec mon animal, ca me rassure. » fis-je en ricanant. Il m'arrivait souvent de parler à Bulle tel qu'elle venait de le faire, pour moi il n'était pas seulement mon furet, c'était mon ami. D'ailleurs, il en savait bien plus sur moi que des milliers de personnes et même s'il n'avait pas la voix, son regard me suffisait pour comprendre ou non si ce que je lui disais lui plaisait ou pas. Dans mon excitation, je ne me rendis pas compte de la tonne de questions que je venais de lui poser, d'autant que j'avais parlé à une vitesse vertigineuse. La rousse ne sembla pas réaliser tout de suite, apparemment l'espace d'un instant elle n'avait plus été avec moi et je venais de la rappeler à la réalité.

« Eh bien, tu te rappelles quand nos parents nous racontés des histoires sur Poudlard ? C'est tout aussi magique que quand ils nous en parlé ! Quand tu vas être dans la Grande Salle, lève la tête, on a l'impression de voler... »

Voler ? Elle venait de dire ''voler'' ? J'avais attendu ce moment durant des années, pouvoir voler. Ça devait être si beau vu d'en haut, être si près des oiseaux, des étoiles, des nuages. J'en avais souvent rêvé et pourtant j'avais le pressentiment que le vol ne serait pas mon truc. J'étais trop maladroite pour tenir sur un balais, je le sentais. Et pourtant mes parents étaient des as du vol mais moi, je ne le sentais pas. Beth avait des étoiles dans les yeux lorsqu'elle parlait de Poudlard et plus elle en parlait, plus j'étais pressée d'y être.

« Oh oui ! Le plafond magique ! J'en ai entendu parlé ! Ça doit être sublime ! »

Beth resta un instant pensive avant de reprendre. Alors comme ça elle était chez les poufousouffles et elle s'était fait des amis, rien de bien étonnant à vrai dire. Elle était tellement bavarde, tellement gentille. Je la regardais droit dans les yeux, ils reflétaient toute son émotion. Elle s'arrêta d'un seul coup désolé de parler autant. « Non, non ce n'est rien. Je passerais des heures à écouter à quoi ressemble la vie à Poudlard, ça doit être tellement bien ! » Je marquais un temps de pause durant lequel je réfléchis à cette question que je ne m'étais étrangement jamais posée. « Moi dans quelle maison je pense être ? Euh... j'suis bien trop peureuse pour aller à Gryffondor,... et les Serpentard sont trop méchants pour que j'y sois répartie. » En réalité, les Serpentard n'étaient pas tous méchants d'après ce qu'on m'avait dis, simplement c'était souvent des élèves assez froid et fiers, chose que je n'étais pas du tout. J'aimais trop le contact des gens pour être froide avec eux, et pour ce qui était de la fierté, j'en avais un peu mais pas suffisamment pour atterrir chez les Serpentard. « Peut être que je serais chez les Poufsouffle ! Comme toi ! Oh ce serait super ! Mais il y a aussi Serdaigle, pourquoi pas ? J'aimerais bien. En plus c'est jolie le bleu, et j'adore les aigles. » Je m'égarais dans des propos stupides, il n'y avait que moi pour dire ça. Les autres ne pensaient pas à la couleur de l'uniforme ou à l'animal représentant, non, mais à ce qui caractérisaient les élèves de chaque maison. J'ignorais dans quelle maison je pourrais bien atterrir, j'étais assez maladroite pour être à Poufsouffle et assez sérieuse pour être à Serdaigle. Mais bizarrement, la question des maisons ne me tracassait pas tellement, je ne me faisais pas de soucis. Je serais répartie dans la bonne maison, je faisais confiance au choixpeau.

Bulle se mit à s'agiter ce qui ne manqua pas d'inquiéter Beth. Elle me regarda le regard inquiet. « Quel fripouille celui-là ! Ne t'inquiètes pas, il veut juste des chocogrenouilles, encore. » Je lui tendis un chocolat dont elle coupa une patte pour la donner, hésitante, à Bulle. Je souris, il savait y faire quand il voulait. Après avoir engloutit la patte de la grenouille en deux coups de dents, il ouvrit de grands yeux rond en direction de la rouquine. Son regard portait tantôt sur Beth, tantôt sur la grenouille. La rousse lui donna le reste de la grenouille petit à petit. Une fois son festin terminé, il se lécha les babines et se remit en boule sur les cuisses de Beth. Elle me rassura, me disant que si j'avais le moindre problème, elle serait la pour moi. Je lui sourit. « Merci, c'est gentil. J'espère que cela se passera bien. » Je me mordis les lèvres. Et si je ne me faisais pas d'amis ou bien si les professeurs ne m'aimaient pas ? Ou bien même, si je n'arrivais à rien avec ma baguette ? Si j'étais une très mauvaise sorcière ? Bien sur, Beth serait toujours là pour moi mais elle ne pourrait être derrière mon dos tout le temps. Je regardai le défilé des paysages par la fenêtre tout en imaginant comment ma vie à Poudlard pourrait être. Je décrochai mon regard du paysage pour le reporter sur Beth, une idée venait de surgir à mon esprit.

« Oh ! Tu ne veux pas m'apprendre un ou deux tours facile ? S'il te plait, s'il te plait, s'il te plait ! »

Je la regardais les yeux pétillants d'excitation.