Cela faisait maintenant quelques jours que cette idée me tournait en tête mais je n'avais pas encore trouvé le courage d'aller voir le professeur Fenrir pour lui en faire part. Rose avait bien remarqué que quelque chose me tracassait depuis un certain temps et m'avait répété à plusieurs reprises que je pouvait lui en parler si je le souhaitais. Il faut dire que j'étais souvent dans les nuages et que je n'étais pas très attentive à ce qui pouvait se passer autour de moi. Je n'arrêtais pas de me demandais si cela valais le coup d'essayer où si c'était perdu d'avance. J'avais tout de même finis par me confier à elle, elle m'avait alors dit qu'elle trouvait que c'était une bonne idée, que cela ne pourrait m'être que bénéfique, tout en rajoutant que de toute façon je n'avais rien à perdre. Malgré tout j'avais peur, peur qu'il refuse, peur de sembler ridicule ou de passer pour la lèche-bottes auprès des autres élèves. Cependant l'avis de Rose et mon amour pour les créatures magiques finit par me décider à me jeter à l'eau.

Une après-midi, alors que le soleil resplendissait, je descendis jusqu'au parc du château puis me dirigeai vers le bureau du professeur Fenrir. Je passai par le lac histoire de me calmer un peu, je m'y attardai quelques instants puis repris mon chemin. Je me répétais continuellement ce que j'avais prévue de lui dire. Je fini enfin par arriver devant le bâtiment qui lui servait de bureau. Je me retrouvai maintenant devant cette grosse porte en bois et m'imaginai toute petite à côté. J'hésitai une seconde puis me décidai à frapper à la porte. Je frappai une première fois sans réponse puis une seconde fois un peu plus fort. Cette fois, j'entendis quelqu'un venir. L'espace d'un instant j'hésitai à partir en courant et faire comme si je n'avais jamais frappé à cette porte. Mais je chassai vite cette idée de ma tête, de toute façon c'était trop tard, quelqu'un venait d'agripper la poignet et la porte commençait déjà à s'ouvrir. Et puis, j'étais venue jusqu'ici, ce n'était pas maintenant que j'allais renoncer. J'étais à vrai dire plutôt décidé à avoir ce que je voulais à présent. Une fois la porte complétement ouverte et la stature de monsieur Fenrir en face de moi, je lâchai tout ce que j'avais à dire d'une voix rapide mais tremblante. J’eus même peur qu'il ne comprenne pas la moitié de mes mots tellement je parlais vite.

- Bonjour monsieur, je...euh viens vous demander si.., si vous pourriez...Enfin si je pourrais vous assister dans divers tâches auprès des animaux ? J'ai beaucoup à apprendre, je le sais mais... je suis motivée et j'aime énormément les animaux...

C'était fait, maintenant il n'y avait plus qu'à espérer. J'étais là, plantée en face de lui, regardant tantôt mes pieds, tantôt lui.

Aujourd’hui Lucian n’avait pas de cours à donner. Mais elle n’allait pas être de tout repos non plus. Lucian devait rencontrer un « ami » à la tête du sanglier pour une affaire ou plutôt une occasion en or selon son « ami ». Apparemment un chiot à trois têtes nain était sur le marché et son « propriétaire » voulait s’en débarrasser au plus vite car la régulation des créatures magiques s’intéressait d’un peu trop près à ses affaires. Lucian rencontrait donc son vieil ami qui ferait l’intermédiaire entre lui-même et le vendeur. Après quelques verres de whisky pur feu, deux heures de négociations, une ou deux menaces et quelques souvenirs du passé, Lucian réussit à encore baisser le prix de la bête. Mais en échange de ce prix ridicule, Lucian se vit obligé d’acheter un Kobold. Le prix était lui aussi avantageux mais ce produit-là était particulièrement sournois et mesquin. Lucian devrait le revendre assez vite mais il connaissait déjà quelqu’un qui serait susceptible de lui acheter. Il accepta donc cette affaire où il obtenait un chiot cerbère nain pour une bouchée de pain et un Kobold qui pourrait lui aussi lui rapporter un peu d’argent.

Les deux hommes d’affaires sortirent alors dans la rue et se rendirent dans une allée transversale. Lucian agita sa baguette pour faire apparaitre une grosse charrette dans laquelle il plaça deux boites que son « ami » avait fait apparaitre. Il ouvrit la plus petite des boites pour s’assurer de la présence du cerbère. Il ausculta rapidement le petit animal pour s’assurer de la qualité du produit puis le laissa se rendormir. Il se tourna alors vers la boite un peu plus grosse qu’il ouvrit très légèrement. A peine le couvercle était soulevé que le kobold essaya de sortir violemment. Lucian voyant cette boule de peau verdâtre foncer vers lui lança immédiatement sa tête en avant en présentant le sommet de son front en premier. La petite tête du kobold rebondit alors et la créature retomba sur les fesses dans sa boite. Lucian referma alors rapidement le couvercle en lançant un sortilège sur la boite pour que le Kobold ne s’échappe pas. Lucian mit les boites au fond de la charrette et se tourna vers son collègue. en jurant contre le Kobold.

« Saloperie d’kobold ! m’a explosé l’crâne ce p’tit corniaux. » Lucian lui serra la main et reprit : « En tout cas, au plaisir de refaire des affaires avec toi ! Et t’inquiète pas pour moi, avec Poudlard, j’dirais j’ai trouvé l’bestiaux vers la forêt, personne ne m’dira rien. »

En effet, l’école était une parfaite couverture pour les activités de Lucian. Il se demandait pourquoi il n’y avait pas pensé plus tôt. Là il allait faire un petit tour dans Pré-au-lard, faire quelques achat pour l’école. Il devait acheter des produits de nettoyage pour le concierge, du matériel pour faire des torches, des produits de jardinage et de quoi réparer une clôture d’un de ses enclos. Cette année, Lucian devait mettre en place des élevages pour les élèves le plus brillant. Les directives de l’école voulaient qu’un petit troupeau d’hippogriffe vive à Poudlard en plus des Sombrals. Quuelque soit les créatures à dresser, Lucian allait avoir besoin d’un solide enclos. Il fit donc ses achats et remplit sa charrette. Les boites contenant les créatures fondaient parfaitement dans les achats de Poudlard. Lucian reprit donc tranquillement le chemin de Poudlard en tirant le sombral par la bride. Il arriva devant l’immense portail gardé de deux immenses statues de sangliers ailés.

Lucian salua le concierge qui réprimait un groupe d’élève. Il passa devant un autre groupe d’élève et se dirigea vers sa cabane. Il déchargea commença à décharger ses fournitures dans l’ancienne cabane de Hagrid qui lui servait maintenant d’entrepôt. Il sortit alors le chiot endormi de sa boite pour le mettre dans un mini enclos avec de la paille et de l’eau. Même s’il allait devoir le nourrir au biberon un moment, Lucian avait appris que ces créatures magiques réservaient souvent des surprises et qu’il valait mieux prévoir. Il se dirigea alors vers la boite du Kobold. Il souleva le couvercle et attrapa la créature en plein bond. Il le tenait suspendu dans le vide en le tenant par le cou. Le Kobold jurait en essayant de faire lâcher la prise de Lucian et en tapant des jambes.

« Arrête de gigoter ! plus tu s’ras tranquille et le mieux ça se passera ! » Le Kobold électrocuta le bras de Lucian et s’échappa à la prise. Lucian jura de plus belle en se massant l’avant-bras. C’est alors qu’on frappa à la porte. Alors que le Kobold sautait partout dans la pièce en renversant tout sur son passage, il réveille le cerbère qui commença à pousser de petits cris aigué. Lucian dégaina sa baguette en pensant « impedimenta ». A peine l’eut il pointer sur la créature que le rayon rouge jaillissait de l’extrémité de la baguette. Le Kobold fut stoppé net en plein saut. Pour plus de sécurité, Lucian lança encore le sortilège « incarcerem »afin de le ligoter tout en se dirigeant vers la porte. Il l’ouvrit légèrement pour voir une jeune élève qui lui débita un discours qu’il eut du mal à suivre. Lucian sortit alors de la cabane en prenant bien soin de refermer derrière lui afin que ses petites affaires reste privé.

« Doucement, j’ai pas tout suivi. Tu veux m’assister dans mon boulot? Parc’ que si tu veux êtr’mon assistante, tu peux nettoyer l’enclos just’ là, mais ramasser la merd’ des bestiaux ça va pas êtr’ génial pour toi. En fait, dis-moi c’que tu veux exactement et j’te dirais comment on peut s’arranger. »

Lucian avait parlé lentement et de sa grosse voix grave encore un peu rauque d’avoir jurer contre cette saleté de Kobold.

J'avais eu raison de penser qu'il ne comprendrait pas tout ce que je lui avais dis. Et je pestais à l'idée qu'il me demande de répéter plus calmement, mais au lieu de ça il me posa une autre question.

« Doucement, j’ai pas tout suivi. Tu veux m’assister dans mon boulot? Parc’ que si tu veux êtr’mon assistante, tu peux nettoyer l’enclos just’ là, mais ramasser la merd’ des bestiaux ça va pas êtr’ génial pour toi. En fait, dis-moi c’que tu veux exactement et j’te dirais comment on peut s’arranger. »

Effectivement, ramasser les excréments d'animaux n'était pas ce que j'aurais voulu faire mais ça faisait partie des choses que je m'étais imaginer avoir à réaliser. Lorsqu'on s'occupe des animaux, on ne choisit pas ce qu'on va faire, ils ne sont pas juste la pour être câliner, il faut les nourrir et les sortir, m'étais-je dis. Cependant sa réponse me disait qu'il n'avait pas l'air contre le fait que je l'assiste, cela me fit reprendre un peu d'assurance. De plus sa voix grave était rassurante. Je n'avais en revanche pas prévu qu'il me réponde ça. J'en fus un peu perturbée puis réfléchissant un instant, je finis pas reprendre.

« Et bien,..si je dois le faire, je le ferais. Mais j'aimerais vous aider à préparer les animaux pour les cours, les soigner. Et puis... je voudrais en savoir plus sur eux, je pense que la pratique serait le meilleur moyen pour ça. »

J'avais parler d'une voix plus calme cette fois-ci, en le regardant tout le long. Je n'avais jamais fait très attention à son physique. J'avais seulement remarqué qu'il était très grand, mais en réalité il était plutôt bel homme pour un professeur, musclé et virile. Mais justement c'était un professeur.
Je regardai autour de moi, il n'y avait absolument personne. C'était très calme jusqu'à ce que j'entende une petite voix aiguë jurer de tous les noms à l'intérieur de la cabane, et de petits bruits ressemblant à des couinements. J'eus tout de suite envie de savoir ce qui s'y trouvait mais monsieur Fenrir était toujours planté devant la porte après l'avoir correctement fermée, et me barrait le passage. J'essayai quand même de voir discrètement par une fenêtre en me mettant sur la pointe des pieds, comme si je pouvais voir plus loin en faisant ceci, mais je ne vis rien de spécifique, et qui pourrait émettre ces sons.

« Je..je vous dérange peut être, je peux repasser si vous le souhaitez ? »

J'étais à nouveau redevenue hésitante, je n'aimais pas déranger. Et là je ne me sentais pas tellement la bienvenue. Je commençai à reculer, d'abord pour laisser plus d'espace à monsieur Fenrir et ensuite pour me préparer à partir si des fois celui-ci me demandait de repasser, lorsque quelque chose attira mon regard. Il y avait quelque chose à la lisière de la forêt interdite, trop éloignée pour que je puisse savoir ce que c'était. On aurait dit une espèce de cheval. Certainement un centaure, cependant je n'en avais jamais vu en vrai et je ne pouvais assurer que c'en était un. Mon regard passa une première fois dessus, puis lorsque je voulu regarder avec plus d'insistance, elle n'était plus là, la créature avait filé dans la forêt.

« Vous l'avez vu ? C'était quoi ? Un centaure ? Une licorne ? » fis-je d'une voix rapide et emplie d'excitation.

La jeune fille semblait à la fois apeurée et timide par le professeur Fenrir. Un peu effrayée par sa propre audace de faire cette demande. Craignant les différentes réponses du professeur, ses possibles réactions. Mais même si elle semblait totalement paniquée, elle ne se démonta pas, elle semblait avoir décidée d’aller jusqu’au bout et de vaincre ses peurs. Elle reprit la parole d’une voix un peu plus assurée en développant sa demande. Dans un élan de bravoure, elle ne quitta pas le professeur des yeux pendant son discours, afin de mieux faire passer le message et prouver sa volonté. Mais la petite commença à balader son regard tout autour quand elle eut finit. Alors que Lucian s’apprêtait à lui répondre, il y eut un bruit sourd derrière lui dans la cabane suivit de petit cri. Lucian ferma alors les yeux en serrant des dents, en s’insultant lui-même de sa propre stupidité. Son sortilège d’ impedimenta avait dû cesser de faire effet et la chute ralenti du Kobold avait repris son cours naturelle. Ce n’était pas le remord que le Kobold aurait pu être blessé qui énervait Lucian. C’était sa propre erreur, l’oubli de bâillonner cette créature afin de l’empêcher de faire du raffut. Une erreur de débutant qui pouvait s’avérer dangereuse. L’ingénieuse Serdaigle ne le loupa pas. Elle avait commencé à fouiner en essayant de jeter un regard par la fenêtre. Comme pour s’excuser de son impolitesse, Miss Taylor demanda si elle dérangeait et si elle devait repasser. Lucian qui avait déjà amorcer un mouvement pour se mettre entre les yeux de fouine et la fenêtre se demanda si elle était sérieuse. Cette phrase de politesse hypocrite lui donnait le droit de fouiner dans les affaires personnelles des autres ? Lucian n’aimait pas du tout ce genre d’attitude et son visage le montra bien. Une expression de surprise et d’incrédulité apparut qui semblait dire « t’es sérieuses là ? ». Lucian était sur le point de lui demander directement mais la sage Serdaigle avait commencé à faire quelque pas en arrière comme pour sortir du cercle d’intimité de Lucian. Pour ne pas violer son espace personnel. Lucian, qui était quelqu’un de très physique, remarqua tout de suite ce retrait et s’en retrouva légèrement déboussolé. Cette fille était pleine de contradiction qu’il ne savait pas sur quel pied danser.

Alors que Lucian réfléchissait, essayant de comprendre ce qu’il se passait, la jeune fille avait recommencé à regarder autour d’elle. Soudain elle s’excita, et reprit la parole en parlant à vive allure. Apparemment, elle avait vu quelque chose vers la forêt et se demandait ce que c’était, hésitant entre un centaur ou une licorne. Lucian aurait rigolé de cette confusion s’il n’en avait pas eu marre de voir cette girouette gigoter autour de lui. Agacé, il s’approcha de la jeune fille en levant les bras pour placer ses deux mains de chaque côté de sa tête. Il claqua alors des doigts pour attirerai son attention et la recadrer.

« Hé ho ! On se calme petite. Toi t’es pas à Serdaigle pour ton coté posé et réfléchie… nom de bleu. Premier conseil, arrête de t’disperser comme ça. Si tu t’occupes d’un animal dangereux et que t’es pas concentrée sur c’que tu fais, tu vas t’faire bouffer. Deuxième point ; si tu confonds un centaur et une licorne, t’es p’t’être pas tant doué et tu m’f’rais perdre mon temps et l’tien.»

Lucian fit une petite pause. Il voulait voir la réaction de la fille après qu’il ait répondu à toutes ses questions. Il avait bien sûr élucidé le bruit qui provenait de sa cabane et il espérait qu’en ayant parlé suffisamment vite et en débitant deux trois informations son esprit tête en l’air aurait oublié ce détail.

« Donc pourquoi est-ce que je devrais te laisser t’occuper des bestiaux en prenant le risque que tu te blesses et que ça me r’tombe sur l’coin d’la gueule. Et qu’qu’chose me dit que tu vas te blesser si je te surveille pas. »

Le professeur avança vers moi, tendit ses deux mains de chaque côté de ma tête et claqua des doigts. Ce bruit me fit sursauter, je revins alors à lui le regardant surprise. Pourquoi avait-il fait ça ? Certainement pour me rappeler ce pour quoi j'étais venue. Une fois de nouveau attentive à ses paroles il me lança que je n'étais pas à Serdaigle pour mon côté posé et réfléchie. J'eus à ce moment envie de lui rétorquer que vu le temps que j'avais pris pour me décider à venir ici, j'étais très réfléchie. Posée peut être moins dans ce genre de moment d'excitation. Cependant, je me retins pour ne pas avoir l'air arrogante. Il enchaîna en disant qu'avec mon manque de concentration, j'arriverais à me faire bouffer en moins de deux. Je savais que je manquais fortement de concentration mais je n'y pouvais absolument rien, j'étais comme ça depuis toute petite. Un rien pouvait me tirer d'une discussion. Pour finir il me reprocha de confondre un centaure et une licorne, et me dit que je lui faisait peut être perdre son temps. Là c'était le pompon, je venais le voir pour qu'il m'apprenne des choses et lui me reprochait de ne pas en savoir assez. Encore une fois, je me retins de lui dire pour ne pas paraître impertinente. En revanche, curieuse comme je suis, j'aurais aimé qu'il me dise en quelques mots ce qui avait provoqué ce vacarme, mais il ne le fit pas et cela ne me surpris pas vraiment. C'était plus le genre de personne à garder ses secrets pour lui. Je ne lui demandai même pas moi-même, déjà cela ne me regardait probablement pas et en plus s'il ne m'en avait pas parlé c'était pour une bonne raison. De plus, je semblais vraiment l'agacer. Il avait parlé très vite et marqua un temps de pose, me laissant le temps de répondre et pour lui de reprendre son souffle. Je n'attendis pas une minute et dis tout ce que je pensais, du moins une grande partie.

« Excusez-moi monsieur, mais si je viens vous voir c'est justement pour que vous m'appreniez à faire ce genre de différences même si bien sûr en ayant vu tout le corps de la bête et de plus près, j'aurais su la faire la différence. Pour ce qui est de la concentration, je vous promets de faire du mieux que je peux. Et entre nous, vous n'êtes pas une bête dangereuse qu'il faut surveiller alors... »

J'avais parlé assez calmement pour ne pas trop montré mon sentiment de nervosité. Je ne voulais pas qu'il sache que ce qu'il m'avait dit ai pu me blesser. Cependant, l'impression de le déranger ne m'aidait pas beaucoup, j'étais assez gênée et cela se voyait certainement.
Il reprit ensuite, me demandant pourquoi il devrait me laisser m'occuper des animaux au risque de me blesser et qu'il en pait les conséquences. Il pensait que s'il ne faisait pas attention à moi, je me blesserais. C'était gentil à lui de s'inquiéter même si au final c'était plutôt pour lui, pour qu'il n'ait pas de problèmes.

« Et bien, je pense pouvoir vous être utile, au moins un peu. Et... je ferais très attention, autant avec les bêtes inoffensives et les dangereuses. J'aimerais vraiment vous aider et être auprès des animaux. Je ferais tout pour ne pas vous causer de problèmes. »

Je marquai un temps de pose pour reprendre d'un air inoffensif, ouvrant grand mes yeux bleus vers lui. J'espérai vraiment qu'il finisse par accepter.

« Maintenant, si vous ne voulez pas de moi dans vos pattes, je comprendrais... »

Cette fois-ci je restais bien plantée devant lui, regardant bien en face de moi, il était hors de question qu'il me reproche une fois de plus d'être dissipée. Je baissai un peu la tête en pensant que sa réponse pourrait être négative.

La jeune Serdaigle avait recommencé sa défense. Un peu plus posée et calme, elle semblait réfléchir un peu plus à ce qu’elle disait et ce qu’elle faisait. Lucian avait été assez explicite dans ses gestes. Mais il n’aimait pas les gens lunatiques, dispersés ou même mous. Il ne pouvait pas concevoir que quelqu’un fasse quelque chose sans s’y mettre à fond. Toutes actions, entreprise ou style de vie nécessitait un effort à fournir. Et plus on fournissait d’effort, plus on serait efficace. Bien sûr il admettait que certaines personnes soient plus ou moins douées dans certains domaines. Mais il refusait de penser que n’importe quoi soit impossible et inatteignable. Avec du travail et de la volonté tout était possible. Mais bien sûr, tout le monde n’avait pas la force et la volonté nécessaire pour parvenir à ses fins. Lucian n’aimait pas ses gens qui se complaisaient dans leur vie moyenne, avec des plaisirs moyens et qui mourront moyennement. Tout ça parce que ce n’étaient que des fainéants effrayés par la moindre goutte de sueur et terrorisé à l’idée du sang.

La jeune fille démenti la première impression qu’elle avait faite en soutenant le regard du terrifiant Professeur. Elle lui répondit calmement et en argumentant avec un très léger ton de défi dans la voix. Elle lui dit qu’elle lui serait un peu utile, prouvant qu’elle avait au moins un certain sens des réalités quand elle disait qu’elle ne lui apporterait pas grand-chose, au début tout du moins. A la fin de son argumentation, elle finit en faisant la tête suppliante du chien qui demande un bout de viande. Son visage se détendit avec un air de naïveté douce, ses yeux s’agrandirent légèrement et elle finit par une phrase de martyre, acceptant le possible échec de sa tentative comme pour déculpabiliser le montagnard. Lucian éclata d’un rire rocailleux et bruyant devant la tête de chien battu que lui faisait la jeune femme.

« Hey, par les griffes du Dragon !! Fais pas cette tête-là ! En plus t’étais bien parti pour me convaincre.
Ok ok mais j’pose mes conditions. T’es pas majeure j’crois. Donc demande à tes parents une autorisation pour faire un serment inviolable. J’veux pas qu’t’ailles raconter à tour la rigaude tout ce que j’fais et tout ce qui s’passe par ici…. Le directeur s’ra d’accord avec ça.

Et sinon, j’te met à l’épreuve aussi. Imaginons hypothétiquement que je trouve un chien à trois têtes. Qu’est ce que je dois faire pour le maintenir en vie à ton avis ?»

Lucian était du genre prudent. Il dirait au directeur que Miss Taylor pourrait découvrir sa nature de loup-garou en trainant trop longtemps dans son bureau. Et que si elle le faisait, il ne voulait pas qu’elle aille le crier dans tout le château. Bien sûr la vraie raison était toute autre. Si elle trainait trop par ici, elle finirait obligatoirement par voir son petit trafic. Le Kobold n’était déjà pas passé loin. Le serment inviolable règlerait le problème. Lucian préférait qu’elle meure plutôt que de risquer de retourner à Azkaban.

Le professeur éclata de rire. Je me demandai ce que j'avais dis ou fait d'aussi drôle, ou bien il se fichait de moi. Cela me mit légèrement mal à l'aise. Je finis par comprendre que c'était ma tête qui l'avait fait rire, effectivement, il se fichait de moi. Apparemment, il n'appréciait pas mon air de chien battu, tant pis, j'aurais au moins essayé. Je me mordis les lèvres, preuve de mon mal-être. Tout d'un coup, il me posa une colle. Il voulait que je demande à mes parents une permission de serment inviolable pour la simple raison que je n'étais pas majeure. Je ne m'étais en rien préparé à ce qu'il me dise ça, je savais qu'il n'était pas dans la parfaite légalité mais au point qu'il me demande ça. J'eus l'air un peu surprise. Les yeux légèrement écarquillés et la bouche formant un petit ''o''. Il avait apparemment des choses à cacher qui risquaient vraiment de lui causer des ennuis si quiconque les découvrait et les promulguait. Dans ma tête, je ne cessai de me répéter que je savais garder un secret et qu'il pouvait me faire confiance mais il ne me croirait jamais alors je ne dis rien. Cependant, il avait beau aller à l'encontre de la loi, il restait un très bon professeur et je conservais l'envie de l'assister. Je réfléchis un instant, comment est-ce que j'arriverais à convaincre mes parents, ils se douteraient tout de suite que quelque chose ne tourne pas rond dans les affaires du professeur car après tout, quelqu'un qui n'a rien à cacher ne demande pas un serment inviolable... Et avec ma mère qui s'inquiète pour un rien, c'était pas gagné. Mais monsieur Fenrir avait dit que le directeur de l'école se porterait garant, peut être qu'avec son approbation mes parents seraient rassurés et accepteraient. Après tout je n'aurais rien à perdre à leur demander. Il était tout de même bizarre d'être tenue sous serment inviolable si jeune, mais sans doutes que de plus jeunes que moi l'étaient déjà.

« Je...je leur enverrais un courrier dés demain et je vous dirais ce qu'il s'en suit mais je doute un peu qu'ils acceptent sans rien dire... »

Puis il enchaina directement en disant vouloir me mettre à l'épreuve, il me parla d'un chien à trois tête en supposant qu'il en trouve un. Je me demandai d'abord où est-ce qu'il voulait en venir puis je compris lorsqu'il enchaina avec une question : « Qu'est-ce que je dois faire pour le maintenir en vie à ton avis ? »
Sur le coup, je me dis que cette question était vraiment simple et qu'il me prenait pour une bille. Mais peut être que c'est ce qu'il voulait, qu'elle paraisse simple mais qu'en réalité je me trompe sur quelque chose. Je tentai quand même de lui répondre, le plus logiquement possible, mais en hésitant légèrement par peur de dire des bêtises.

« Et bien, il faut le nourrir.. et euh... le sortir peut être lorsqu'il est jeune et encore contrôlable. Ne pas l'enfermer seul.. et puis.. voilà. »

J'avais vraiment l'impression d'avoir dis des bêtises, cela me semblait tellement simple... J'attendis une simple réaction du professeur, me mordillant les lèvres.

La petite semblait motivée car elle annonça qu’elle demanderait l’autorisation à ses parents même si cela allait être difficile. Lucian eut un petit sourire en coin en se demandant si les parents viendraient le voir pour demander des explications. Pour lui ça ne serait de plus qu’une négociation de deal, sauf que dans ce cas-là, il n’avait rien à gagner à obtenir gain de cause. Cela ne lui apporterait rien. La négociation serait simple et rapide. Les parents de la fragile jeune fille en revanche risquaient de repartir la queue entre les jambes. La serdaigle ne s’arrêta pas sur ce détail et ré enchaina sur la question du professeur Fenrir. Elle se posa quelques secondes pour réfléchir, montrant ainsi qu’elle pouvait être calme et posée quand il le fallait puis répondit :

« Et bien, il faut le nourrir.. et euh... le sortir peut être lorsqu'il est jeune et encore contrôlable. Ne pas l'enfermer seul.. et puis.. voilà. »

Lucian se demanda si elle ne le provoquait pas quand elle dit qu’il fallait peut être ne pas l’enfermer seul quand il était jeune, exactement comme il venait de le faire en ce moment même. Avec un Kobold de surcroît. Il la jaugea du regard un moment avant de sortir sa baguette. Il la pointa sur deux des buches de bois qui volèrent dans leur direction. Une fois à proximité, Le professeur Fenrir marmonna une seconde formule, un éclair rouge jaillit alors de sa baguette pour frapper les buches qui se mirent à grandir pour se transformer en chaises et une table. Lucian fit apparaitre deux verres de nulle part et saisit une cruche d’eau qu’il plongea dans une bassine d’eau et alla s’asseoir à la table en invitant la demoiselle à faire de même. Il lui versa de l’eau et sortit une flasque de sa poche dont il versa en versa un fond dans le verre. L’odeur du whisky Pur feu s’éleva immédiatement dans les airs.

« Imaginons toujours qu’c’est un chiot. Pas plus d’trois semaines. C’est bien faut l’nourrir, mais la question épineuse avec les créatures magiques c’est toujours : "comment ?" et ensuite : "quoi?" bien sûr.
D’abord on va parler de comment le maintenir en vie sans autres but ni utilités. On verra après pour le dressage et tout, même si le faire bouger est un point plutôt important dans sa survie. Mais bon, on en est pas encore là. »

Lucian but une gorgée de son whisky. L'alcool lui chauffa la bouche et tout le trajet jusqu'à son estomac. Il fit claquer sa langue de plaisir tout en regardant la jeune fille. Il attendait sa réponse et ses réactions.

Le professeur me regarda un instant puis sorti sa baguette. Je me demandai ce que venait faire celle-ci dans cette discussion, nous n'avions nul besoin de la magie. Je n'en dit rien, j'attendis de voir ce qu'il comptait faire. Il pointa celle-ci sur deux grosses buches en bois et les firent léviter jusqu'à nous, puis il marmonna quelque chose que je ne sus pas déchiffrer. C'est alors que les buches se changèrent en chaises et en tables. Puis il fit apparaître deux verres, pour enfin aller s'asseoir à la table. Il m'invita à le rejoindre. Je ne me fit pas prier car j'avais très mal aux jambes depuis quelques jours et c'était tout de même plus agréable de se parler assis en buvant un verre.

Une fois assise, il me servit un verre d'eau, je le remerciai. Il sortit un flacon de sa poche contenant un liquide jaune orangée. Du jus de pomme ? Non, je ne crois pas. Du whisky ? Ce ne serait pas bien surprenant venant de ce professeur. A peine le flacon débouché que l'odeur m'offrit une réponse, c'était bien du whisky, et pur feu en plus. Je reconnaissais très bien cette odeur, non pas que j'étais habituée à en boire, non pas du tout. Je ne supporte pas cet alcool, il est bien trop fort pour moi, et en boire une fois m'a bien suffit. Non, simplement je respire cette odeur depuis toute petite et c'est peut être bizarre, mais j'aime beaucoup ce parfum. Il me rappel mon père en réalité. Il a l'habitude d'en boire un verre rien que pour le plaisir chaque soir en rentrant du ministère, il dit que ça le détend. Ma mère et moi, savons bien que ce n'est pas simplement pour se détendre, il aime vraiment le whisky, mais que le pur feu. Il n'accepte pas d'en boire un de type moldu, pas bien étonnant étant donné ses préjugés sur eux. Mais tant qu'il n'en boit qu'un verre par jour, nous ne bronchons pas. Si ça lui fait plaisir...

Le professeur s'en servit un fond de verre. Puis il revint au chiot à trois tête. Il me demanda comment faudrait-il le nourrir s'il n'avait que trois semaines. J'eus l'impression d'être à un entretien d'embauche. Il voulait certainement voir ce que je valais, il ne fallait donc surtout pas que je me trompe. Je réfléchis encore, puis me rappelai d'un magazine-documentaire que j'avais lu durant des vacances chez moi, celle-ci racontait qu'un chiot n'était pas sevré avant deux voir trois mois. Je formulai ma réponse en tête puis lui répondis calmement.

« Il faut lui donner un peu de lait, tiède de préférence, trois fois par jour selon moi et au biberon. Et de petits morceaux de viande facile à mâchée peut être, s'il peux mâcher bien sur. Mais je suppose que oui, ce n'est pas des chiots comme les autres, ils doivent se développer plus vite... Sinon d'autres petits aliments vraiment mous. »

Je but d'abord une petite gorgée d'eau comme venait de le faire monsieur Fenrir avant que je lui réponde, puis bus tout le verre d'un coup. J'avais soif et il n'y avait rien de tel qu'un bon verre d'eau bien fraiche lorsque le soleil tape en pleins sur vous et qu'il fait aussi lourd qu'en ce moment. Je le regardai en l'interrogeant du regard, comme pour qu'il approuve ou non ma réponse. Tout en attendant la potentielle prochaine question. Qu'allait-il encore me demander ? Ce n'était pas que ses questions me dérangeaient, non. Mais j'avais chaque fois, peur de me tromper et qu'il finisse par revenir sur sa décision, déjà pas complètement prise, et qu'il ne veuille plus de moi.

Lucian observait donc la jeune Serdaigle. Elle semblait stressée et consciente de l’enjeu de cet interrogatoire. Le stress est une bonne chose. Il montre que l’on est impliqué et met notre motivation à l’épreuve. Cependant il ne faut pas non plus y succomber et devenir hystérique. Lucian fait partie des gens qui n’ont jamais compris cette règle. Le choixpeau magique le lui avait dit lors de sa répartition : « trop inconscient pour que l’on te dise courageux, non gryffondor n’est pas le meilleur choix. ». Lucian était inconscient, ou plutôt ne voulait pas avoir conscience des conséquences ou des enjeux. Pour lui, il n’y avait que « se donner les moyens d’obtenir ce que l’on veut » qui importait. Et il le vivait très bien. La jeune fille en face de lui était plus futée que lui. Elle avait bien jugé la situation et faisait tout pour ne pas se tromper. Elle but d’abord une gorgé d’eau lentement pour se donner le temps de réfléchir sans donner l’air de bloquer. Puis elle prit la parole lentement en articulant chaque mot. A la fin de son discours, elle finit son verre d’un trait. Comme un soulagement, un poids en moins sur les épaules lui permettait de se lâcher un peu.

Lucia était en train de se resservir un petit verre. Un petit verre qui était plus grand que le précédent. Il alterna son regard entre son verre et la jeune fille, un petit sourire se dessinant dans sa barbe de deux trois jours. Il rangea sa bouteille en se reculant sur le dossier de sa chaise. Il laissait du temps à la jeune fille pour compléter sa réponse et pour voir ses mimiques. Elle ne semblait pas vouloir compléter sa réponse et semblait paré à bloc pour la prochaine question du professeur. Certains professeurs aurait pu remarquer que la jeune fille ne céda pas au silence qui s’était installé. Elle ne s’embrouilla pas en rajoutant une information inutile juste pour le fait de parler. Lucian n’était pas ce genre de professeur. Il ajouta donc :

« Bien pensé l'coup du lait. Effectiv’ment, faut lui donner du lait. Il faut attendre des dents pour lui r’filer d’la barbaque. Les dents mettent du temps à vouloir sortir, mais elles sortent très rapidement. On passe directement du lait à la viande et les os. Faut pas avoir peur de lui r’filer des os pour qu’y puisse se faire les dents rapidement. Sinon elles seront fragiles.
Mais pour l’instant du lait. Bien t’as répondu à la question « quoi ? » Il te reste deux questions à me répondre.
Réfléchis pas trop, vas y à l’instinct. Quand on instinct a parlé, alors tu réfléchis pour suivre. »

Lucian se garda bien de dire que souvent il s’arrêtait à l’étape « vas y à l’instinct ». Il n’aimait pas trop réfléchir et envisager toutes les possibilités. D’autant plus que son instinct n’était pas mauvais suivant les situations. Mais la jeune fille était une serdaigle. Elle avait une bonne faculté d’analyse et de réflexion, autant qu’elle l’utilise. Surtout si son instinct n’était pas assez developpé. Encore plus car il fallait combler son manque d’expérience, expérience pratique mais aussi expérience de vie.

Le professeur se resservit un fond de verre qui n'était pas vraiment un fond étant donnée la hauteur jusqu'à laquelle l'alcool montait. Il du deviner une partie de mes pensées, regardant tantôt son verre qu'il remplissait lentement, tantôt moi même, en souriant. Je me demandais s'il allait continuer à en verser un peu plus dans son verre à chaque fois, il finirait pas être totalement ivre et ce n'était pas des plus rassurant. On ne sait jamais comment les gens réagissent à l'ivresse, s'ils sont plutôt violent, insultant, amoureux ou bien tout simplement raide, incapables de faire quoi que ce soit. Cependant, lui n'avait sans doutes pas énormément de soucis à se faire étant donnée son gabarit. Il devait supporter l'alcool mieux que quiconque, et ne serait pas soul avant quelques verres, d'ici là notre entretiens serait sans doute terminé. Il se laissa aller contre le dossier de sa chaise, me laissant sans réponse. Un silence s'installa alors. D'ordinaire, j'aurais probablement brisé ce silence par inquiétude qu'un malaise s'installe. Mais pas cette fois-ci, d'abord, je n'aurais su que dire et ensuite, il était des fois où le silence était agréable, reposant. Cela me laisser le temps de me préparer à la prochaine question et à reposer ma langue.

Puis il reprit, brisant le silence de sa voix grave. Il me confirma que mon raisonnement était le bon, et que je ne me trompais pas. Je fus heureuse de l'apprendre, au moins je marquais quelques points pour mon ''entretien''. Cependant, je n'avais apparemment pas répondu à toutes ces questions. J'en avais, avec le stress, oublié une partie. Je réfléchis un instant, histoire de me remémorer toutes ses questions. Je n'eus pas tant de mal à les retrouver, elles attendaient simplement dans un coin de ma tête. Monsieur Fenrir m'avait conseillé en finissant de me répondre, que je devais laisser parler mon instinct en premier puis réfléchir en second. Mais j'étais incapable de faire cela, je n'avais pas était envoyée à serdaigles pour rien. Je ne sais laisser parler mon instinct que lorsque je dois vraiment aller vite, lors d'un duel de magie par exemple. Et encore, car bien souvent je réfléchis tout en agissant, j'anticipe la suite. J'essayai tout de même, pour une fois, de laisser parler mon instinct en premier. Celui-ci me répondait à la question ''Comment ?'', avec un biberon.. et ''Quand ?'', trois fois par jour. Mais en y réfléchissant je me demandais si c'était vraiment les réponses que le professeur attendait. Puis en réfléchissant encore un peu plus, je me dis que cette petite bête devait manger beaucoup et donc certainement plus souvent qu'un chiot ordinaire. Il était tout de même bien plus gros, et grossirait bien plus vite. Il me sembla que cinq fois par jour était pas mal, mais il n'était pas impossible que je me trompe. Je lui répondis, encore toute hésitante.

« Euh.. Il faut le nourrir avec un biberon, non ? Pour imiter les mamelles de sa mère. Et... trois à cinq fois par jour ? » fis-je sans décrocher le regard du professeur, j'attendais son approbation. Cependant, je n'avais aucun air de défi dans le regard, simplement de la curiosité.

Je pris mon verre et m'aperçus qu'il était vide. J'hésitai à me resservir seule ou à demander au professeur. Le connaissant un peu il m'aurait certainement dit de me débrouiller toute seule et d'en prendre mais si jamais il prenait ça pour de l'impolitesse, j'en serais plus que gênée. Je reposai alors mon verre, marquai un temps de pause puis lui demandai :

« Je peux reprendre de l'eau ? »

La jeune serdaigle fit de son mieux pour répondre aux attentes de son professeur. On pouvait vraiment voir toute sa réflexion et sa concentration. Très prudente, elle envisageait toutes les options avant d’agir afin de prévoir les conséquences. Lucian la voyait batailler dans cette épreuve et en était fortement amusé. Ce n’était pas par sadisme et qu’il aimait son mal-être. C’était juste qu’il ne voyait pas l’intérêt de se mettre dans des états pareils juste parce qu’il avait posé une question. Il ne l’aida pas et la laissa faire son petit processus tranquillement pour voir ce qui allait en résulter. La jeune fille était plutôt dégourdie car elle trouva bien les questions que Lucian attendait. Elle y répondit aussi simplement. L’effort de la réflexion ou le stress avait donné soif à Miss Taylor. Elle saisit donc son verre pour s’apercevoir qu’il était vide. Alors que Lucian décolla du dossier de sa chaise pour poser ses coudes sur la table. Il allait reprendre la parole pour continuer leur conversation, la jeune fille reprit la parole pour lui demander l’autorisation de reprendre de l’eau. Le paysan s’arrêta, en appui sur la table en regardant la jeune fille pour voir si sa dernière question était bien sérieuse. Voyant que la jeune fille demandait bel et bien son autorisation pour boire, Lucian éclata de rire. Un raclement rauque et tonitruant sortit de sa gorge alors qu’il riait à gorge déployé. Ce à quoi il prit la parole sur le même ton :

« Non tu peux pas ! C’est pas comme si c’était un instinct d’survie : si t’as soif, bah bois ! »

Lucian était parfois désespéré devant cet excès de politesse et de manière. Pour sa réserve personnelle de whisky il fallait bel et bien demander son autorisation mais pour de l’eau, qu’il avait déjà offerte, c’était d’une politesse excessive et inutile. Lucian renchaîna alors sans faire l’effort de resservir la jeune Serdaigle Lui-même.

« Haaa, bon arrêtons les conneries deux secondes et revenons-en à notre p’tit cerbère. D’instinct, on doit effectivement se poser les questions « comment ? » et « quand ? ». Mais ensuite faut réfléchir aux réponses. Trois à cinq fois par jour, c’est correct mais faut finir de répondre à quel intervalle ? Juste au réveil ? Combien de temps avant de lui faire faire une sieste ? Tout ça, faut que t’aille faire des recherches à la bibliothèque. Mais en tout cas, c’est bon sur ce point là tu saurais te débrouiller au début.
Par contre, « comment ? » avec un biberon. Oui et non. Le biberon, c’est une bonne idée. Un seul biberon c’est une moins bonne idée. Tu crois que les deux autres mâchoires vont faire quoi pendant que tu vas nourrir la première tête ? »

Lucian la regardait en souriant. Elle n’avait pas été mauvaise mais elle n’avait pas pensé à la particularité de l’animal qu’elle essayait de soigner. Une particularité assez évidente et visible dans ce cas là. Mais justement, s’étant faite embrouillé par une erreur aussi évidente que celle-ci, elle devrait avoir la décence de ne pas oublier cet élément. Penser d’abord dans un cas général et ensuite, prendre en compte les particularités de la créature concernée.

Le professeur se pencha sur la table, posant ses coudes dessus. Il me regarda incrédule puis éclata de rire. Je sursautai, ce rire si rauque qui venait de briser le silence qui régnait m'avait fait peur. Je rougis, il se moquait de moi. Mais qu'avais-je dis de si hilarant ? Je n'avais pourtant que demandais la permission de me resservir après tout.
Je compris dès lors qu'il commença une réponse que j'avais été trop polie à son goût. J'avais vraiment du mal à cerner ce professeur. Les autres étaient toujours, pour la plupart, à la recherche d'une politesse excessive et lui demandait presque tout le contraire. J'aurais sans doutes beaucoup de mal à m'y faire si je venais à l'assister, j'avais pour habitude d'être très respectueuse et polie avec les personnes plus âgées que moi. Est-ce que le temps et le fait de le côtoyer plus souvent m'aiderait à y parvenir ? J'en doutais légèrement, mais qui sait ? Après tout, s'il se moquait ainsi de moi à chaque fois que j'avais le malheur d'être trop polie, je finirais bien par l'être moins, et à la fois suffisamment. La question était : Comment trouver le juste milieu qui lui conviendrait ?

Je le regardai gênée, je me demandais si je devais le remercier. Je me résolu, ce serait sans doutes encore trop polie à son goût et bien trop stupide de refaire la même ''bêtise''. Comme il commençait à reprendre la parole pour revenir sur le cerbère. Je décidai de me servir, après tout, c'est ce qu'il souhaitait. Il me l'avait presque ordonné lorsqu'il s'était fichu de moi. J'attrapai donc le broc d'eau toujours un peu hésitante et me servit un verre. Je bus une gorgée tout en l'écoutant attentivement. Je fus heureuse de constater qu'elle était encore très fraiche malgré le soleil qui tapait en cette après-midi. Il m'affirma que mes réponses étaient bonnes, en partie. Cependant, il souhaitait plus de précisions et me demanda d'aller faire des recherches à la bibliothèque pour en savoir plus à propos du cerbère. Moi qui ne savais pas ce que je pourrais bien faire de mon week-end, j'avais à présent ma réponse. J'enverrai une lettre à mes parents et j'irai faire des recherches sur ce fameux cerbère, ce qui ne me dérangeai pas le moins du monde. C'était un animal intéressant et il ne me serait que profitable d'en savoir plus à son propos. D'autant que j'avais d'autres recherches à faire pour d'autres matières.

En revanche, j'avais quand même fait une petite erreur qui, je l'avoue, pourrais être dangereuse et surtout, stupide. Car comme il le disait, si l'on donne le biberon qu'à un seul petit, on ne sait ce qui peut passer par la tête des autres. Et même s'ils sont petits, je n'aimerais pas qu'il me prenne pour leur biberon, leur nourriture. Leurs dents ne sont peut être pas encore tout à fait développées mais leur mâchoire est déjà assez conséquente et leurs griffes doivent pouvoir faire de jolies blessures. Je me reprit, j'avais effectivement oublié de préciser le nombre de biberons. Le sourire du professeur m'informa qu'il n'était pas mécontent de ma réponse, il ne semblait pas m'en vouloir pour cette erreur. J'hésitai un instant à m'en excuser, je ne savais plus s'il prendrait cela comme un surplus de politesse. Dans le doute, je le fit quand même. Au risque qu'il se moque une fois de plus de moi, je parlai d'un ton interrogateur. Il comprendrait sans doutes que cela partait de bonnes attentions.

« Ah oui c'est vrai, j'avais oublié ce détail. Il faut en réalité trois biberons. Je.. je suis désolé ? »

Je le regardais, attendant une quelconque réaction en rapport avec mes excuses. Je bus une nouvelle gorgée d'eau comme pour me préparer à entendre ses reproches. Je réfléchis un instant ; une question me trottait en tête. Question stupide, sans doutes, mais à laquelle j'aurais aimé avoir la réponse.

« Monsieur, je me demandais. Comment fait-on pour nourrir le cerbère avec trois biberons alors que nous n'avons que deux mains ? Il y a un instrument spécial pour ça ou bien, il faut simplement être d'une grande agilité ? »

Lorsque Lucian informa la jeune élève qu’elle avait oublié un détail, elle sembla vraiment mal à l’aise. Honteuse de s’être trompée elle avait l’air de s’en vouloir. Elle était hésitante et regardait le professeur avec un regard de chien battu. Elle ne put s’empêcher de s’excuser auprès du professeur pour cette faute. Ce à quoi Lucian s’emporta légèrement :

« T’es désolé ? et t’es désolé de quoi, nom d’une gargouille ! Désolé de pas tout savoir ou désolé de vouloir apprendre ? Un peu de caractère bon sang d’dragon ! Faire des erreurs fait partie de la vie, sois fière de tes erreurs, elles prouvent que tu progresses. »

Lucian défendait avec ferveur cette philosophie car il l’avait tellement expérimenté. Il n’avait jamais été un bon élève, ni un élève modèle d’ailleurs. Il avait toujours eu du mal à l’école mais il avait toujours travaillé dur quand il était motivé. Il avait fait d’innombrable fautes et erreurs mais chacune d’entre elles l’avaient fait avancer. Il avait toujours cherché à comprendre pourquoi il s’était trompé et comment ne plus se tromper à l’avenir. Bien souvent, il n’avait compris ses fautes après plusieurs expériences ratées, mais il avançait de ses fautes. Et c’est pour cela qu’il ne comprenait pas pourquoi un élève devrait s’excuser de se tromper. Ils étaient là pour apprendre et donc pour se tromper. Alors que Lucian continuait de grommeler dans sa barbe contre les élèves de cette génération, complètement bridé et sans volonté propre, la jeune Serdaigle lui posa une question. Elle demanda comment nourrir un chiot à trois têtes avec ses deux mains. Lucian leva alors sa main et écarta les doigts afin de l’étendre le plus possible.

« La première solution c’est d’avoir une paluche aussi grande que la mienne pour tenir les trois biberons dans une seule main. La deuxième c’est d’être un sorcier. »

Lucian avec garder un air sérieux en répondant. La question n’était pas forcément stupide, mais elle aurait dû aller de pair avec la question précédente ; comment nourrir trois têtes ? Et bien avec trois biberons. Comment gérer plus d’objets que le corps humain ne le permet ? Cette partie était plus du bon sens. Lucian ne savait pas si elle était sans voix à cause de sa réponse qui n’en était pas vraiment une ou si elle n’avait vraiment aucune idée de comment faire. Devant l’air béat de Miss Taylor, Lucian développa un peu plus :

« Tu connais aucun sortilèges, t’as rien dans ta manche qui pourrait résoudre ton problème ? »

Lucian la regarda droit dans les yeux sans broncher toujours en gardant son air sérieux.

Je le savais, je le savais ! Pourquoi est-ce que je me suis excusé, je m'en doutais qu'il me le reprocherais pourtant ! Mais quelle idiote je faisait ! Maintenant, il était là à me le reprocher, et moi je l'écoutai la mine basse. Les yeux fuyants. Il avait absolument raison dans ses propos mais c'était plus fort que moi, il fallait que je m'excuse. Pourtant j'étais consciente qu'il avait raison, consciente que l'on apprenait de ses erreurs et non pas de sa réussite, consciente que j'étais là pour apprendre. Mais je n'aimais pas ne pas savoir, je me sentais dans l'obligation de m'excuser. C'était stupide, bien sur mais je n'y pouvais strictement rien !

« Pard... » je m'interrompis, j'étais encore sur le point de faire une bêtise, cette fois j'allais être désolé d'être désolé, décidément, cela devenait bien compliqué tout ça. « J'ai du caractère monsieur mais j'y peux rien, ça sort tout seul ! » rétorquai-je. Le problème n'était pas que je n'avais pas de caractère, au contraire, simplement j'étais trop.. ''polie'' si l'on put dire. Légèrement bougonnante, j'enchainai avec une question. Le professeur leva sa main, et l'étendit vers moi. Elle était absolument gigantesque, presque le double des miennes. Je me reculai légèrement en arrière les yeux écarquillés, un peu plus et il atteignait mon visage. Mais que cherchait-il à faire bon sang ? Je regardais la paume de sa main comme si la réponse à ma question pouvait se trouver dans celle-ci. Avec sa grosse main tendu ainsi vers moi, je ne le voyais plus. Je fis un écart sur la droite pour le regarder incrédule. Il me fit comprendre comment lui, pouvait s'en sortir, et tenta de me faire comprendre comment j'y parviendrais, pour ma part.

Le regard vide, regardant le professeur dans les yeux sans vraiment le regarder, je réfléchissais. Je n'eus aucun mal à trouver où il voulait en venir. Je recherchais simplement dans tout les sortilèges que je connaissais un moyen de régler mon problème de ''multi-biberons''. Il dut penser que je n'avais pas du tout compris où il voulait en venir puisqu'il me demanda si je n'avais pas un sortilège en tête qui pourrait régler mon problème. Je ne dis aucun mot, je continuais de réfléchir les yeux dans le vagues. J'avais pensé à un sort de lévitation tel que « Wingardium Leviosa » mais il m'aurait aussi fallut trois mains, deux pour tenir les biberons et un pour la baguette... Je me creusais l'esprit. J'avais vu bien des fois des femmes indiennes avec de multiples bras, et je me demandais s'il y avait un sort capable de me donner un autre bras l'espace de quelques minutes. Et surtout si celui-ci ne risquait pas d'être constant à force de l'utiliser. Je n'aurais pas voulu me retrouver avec trois bras à longueur de journée, bien que ce soit bien pratique. Cependant je ne voyais que cette solution, ou bien tenir deux biberons dans une main et un dans une autre. Ce serait peut être possible avec mes mains, même si elles ne sont pas très grandes.

Je sortis enfin de mon moment de réflexion. A vrai dire, je n'avais aucune réponse vraiment complète à donner. Je n'avais même aucune idée du sortilège qui pourrait me procurer un troisième bras, et je n'avais absolument pas envie d'avouer que je ne savais pas comment m'en sortir avec un bébé chiot, à trois têtes qui plus est. Cependant, je n'avais pas le choix, je n'allais pas rester planter devant lui durant des heures pour chercher un sort que j'ignorais totalement. « Je... » J'étais sur le point d'avouer ma faiblesse quand une idée m'est venue, pas bien brillante mais c'était toujours mieux que rien. « Il y a bien le sortilège qui colle des objets ensembles, comme ça je pourrais coller les trois biberons ensembles et n'avoir besoins plus que d'une seule et unique main, mais.. je ne suis pas convaincu du résultat... » fis-je en me mordant les lèvres. « Sinon je pourrais faire comme les indiennes et me faire apparaître un troisième bras mais... je ne connais pas de sortilège qui puisse faire cela.. » J'avais dis ça en gardant un sérieux à toutes épreuves. Je baissai les yeux, je n'étais pas vraiment fière de moi sur ce coup là et le professeur me fixait intensément, comme s'il espérait beaucoup de moi. J'attrapai mon verre pour boire une seconde gorgée d'eau et ne m'arrêtai finalement pas jusqu'à ce qu'il soit vide. Je finis par reposer le verre vide sur la table et redresser la tête vers le professeur inquiète de ce qu'il pourrait bien me rétorquer.