Francesca eu un instant d'hésitation , la situation était risquée. Ses yeux fouillèrent le décor afin de trouver une autre solution enclin à la sauver mais rien y faire , elle n'avait plus le choix. Le cœur battant à tout rompre , elle serra les dents et fonça dans le tas , affrontant avec courage ….: la marée humaine qui déferlait au rez de chaussée.

Il était midi et demi et Francesca terminait de déjeuner dans la grande salle en compagnie des autres professeurs. Naturellement de bonne humeur , Francesca riait de bon cœur aux blagues du vieux professeur d'enchantement qui s'était pris d'affection pour la jeune femme. Cette dernière avait obtenue le très prisé poste de défense contre les forces du mal et voilà quelques semaines qu'elle s'était installée à Poudlard, son bien aimé Poudlard. Elle avait eu alors l'honneur de rencontrer la majorité du corps enseignant, reconnaissant quelques uns pour avoir été jadis leur élève mais seul un professeur manquait à l'appel, celui des soins aux créatures magiques. Lucian Fenrir se prénommait-il à ce qui paraît. Trop occupée par son nouveau travail et emplois du temps, elle n'avait pas eu le loisir de le croiser et s'était jurée qu'elle irait d'elle même se présenter , par simple politesse.

Le gong de la grande horloge du château sonna une heure. Terminant sa coupe de jus de citrouille , Francesca dû interrompre l’ultime blague de son interlocuteur, s'excusant de son départ précipité et fila par la porte de derrière.
Un temps plus frais s'était levé ce jour là, le ciel était recouvert d'un manteau gris moutonneux et le soleil n'avait fait que de rares apparitions en début de matinée. S'approchant de la grande fenêtre en vitro , Francesca poussa un bref soupir devant ce paysage grisâtre, remettant en question ses plans d'aller faire une promenade dans le parc. Attrapant une pile de livre sur lequel elle positionna avec délicatesse une fiole d'ancre, Francesca sortit en reculant , ses longs cheveux d'un noir de jais se balançant doucement dans son dos, puis traversa d'un pas mesuré la grande salle pour atteindre le hall d'entrée et le longer et terminer sa course à la salle des professeurs. Un destination qui prenait des allures du parcours du combattant quand en sortant de la grande salle, Francesca se retrouva encerclée par une horde d'élève qui se précipitaient vers les panneaux d'affichage.

La fiole d'ancre se balançant de plus en plus dangereusement au sommet de la pile de grimoires, Francesca lança un regard alarmé quand un élève un peu trop enthousiaste , s' extasiait bruyamment en agitant les bras à quelques centimètres de son visage.
Tant pis. Fronçant les sourcils et oubliant qu'elle était d'une maladresse incorrigible, Francesca fonça dans le tas, tel un boulet de canon vivant, décidait à atteindre sa destination coûte que coûte, jouant des coudes pour ne pas se laisser submerger par cette véritable cohue.


Ainsi, après cinq minutes de combats acharnés , la porte de la salle des professeurs se referma sur une jeune femme épuisée, mais satisfaite, une mèche de travers barrant son front. Elle tenait une pile de livre intacte au sommet de laquelle trônait toujours une fiole d'ancre toujours bien remplie. Soulagée voire impressionnée de la chance qu'elle ai eu, Francesca s'avança sans crier gare et percuta de plein de fouet une personne , ou ce qui semblait en être une ( elle avait plus la sensation d'avoir heurter un rocher) s'étalant de tout son long par terre, disant au passage adieu à si précieuse ancre.


Quoique légèrement sonnée , la jeune femme se releva , se répandant en excuse et se retrouva face à une personne.
Sa tête dû se lever pour apercevoir celle de l'homme qui lui faisait face et elle ne su que dire pendant un bref instant.
Près de deux mètres de haut, l'homme jouait d'une musculature impressionnante, à faire blanchir un catcher professionnelle , et dégageait une aura de virilité presque palpable. Francesca scruta son visage , relativement attirant et charismatique, et fut surprise de constater qu'elle connaissait cet homme ! Lucian Fenrir ! Francesca , en tant qu'ancienne Auror , avait plus d'une fois escorter Fenrir à une de ses nombreuses commissions de régulations magiques pour ses affaires dites illicites et autant dire que le jeune homme n'avait pas la langue dans sa poche. Un comportement rebelle qui avait battit sa réputation et avait , en un temps , exaspéré celui de Francesca.
Cette dernière se sentit bête de n'avoir pas fait le rapprochement , connaissant le nom du professeur des créatures magiques, et fut notamment surprise qu'il puisse enseigner dans un établissement scolaire, connaissant ses tendances à tremper dans des affaires louches.

- Euuh.. Bonjour ? Lança Francesca, une brève tentative de conversation. Elle ne faisait même plus attention aux livres et l'ancre répandue au sol, il me semble vous connaître non ? Francesca Winchester, je suis la nouvelle professeur de défenses contre les forces du mal.

Elle tendit sa main, un sourire charmeur aux lèvres , bien que tout en cet homme lui criait d'être prudente.

« Heu… j’crois pas nan. C’est ma première année ici à Poudlard. Avant j’ai pas mal bourlingué à travers le monde, visité et faire quelques affaires par ci par là. Mais... heu… ‘fin j’sais pas, vous pensez m’avoir vu où ? Et heu.. pas de « vous » avec moi, ça me met pas tant à l’aise.

Francesca hésita. Fallait-il lui rappeler les circonstances de leur pseudo rencontre au ministère de la magie en tant qu'accusé ? Il était évident que ce n'était pas une bonne idée de commencer les présentations avec quelque chose qui ressemblait à : '' j'étais une des aurors qui vous escortez chaque fois que vous étiez condamnés pour vos conneries ! ". En cela, l'envie de jeter un malaise et un froid dans la conversation n'étant pas au rendez-vous , la jeune femme décida de feigner l'oublie et lui tira un sourire d'excuse, les commissures des lèvres légèrement figées :

- Hum, je me suis peut-être trompée de personne ! C'est tout moi ça , j'ai tendance à confondre les gens facilement, Répondit-elle , avec un regard amusé. Vous êtes..enfin tu es bien le professeur des soins au créatures magiques n'est-ce pas ?

L’emploi du ''tu'' avait provoqué une sensation bizarre chez Francesca. Elle avait très peu l’habitude de tutoyer un ''étranger'' qui plus est un collègue de travail et particulièrement lors de la première rencontre. Mais ce n'était pas une sensation désagréable, bien au contraire. La conversation se dirigeait vers un terrain plus familier et le côté moins conventionnel de la conversation mettait définitivement Francesca plus à l'aise. Ce qui avait aussi diminué le côté si imposant de Lucian dû à son impressionnante carrure.

Un pas en avant suffit à la faire tomber , sa légendaire maladresse frappa à nouveau telle l’inéluctable fatalité qui avait ainsi obligée Francesca à se tenir loin de tout objets à l’apparence fragile . En effet l'ancre répandue plus tôt au sol n'ayant pas été nettoyée , le jeune professeur de défense contre les forces du mal poussa un cri de surprise et glissa avec l'agilité d'un ours sur le liquide noirâtre. Son unique réflexe avait été de se rattraper avec force sur les bras prompts de son interlocuteur. Malgré sa chute plutôt impressionnante, Lucian n'avait pas l'air d'avoir bougé d'un poil.

Beaucoup aurait été extrêmement gênés s'ils s'étaient retrouvés dans ce genre de situation mais la jeune femme de son côté éclata de rire, tenta de retrouver son équilibre en pataugeant misérablement dans l'ancre. Elle leva les yeux vers ceux de Lucian pour s'excuser, bien qu'amusée par la tournure que prenait la scène. Elle remarqua au passage que son visage bien que séduisant, était tiré par quelques cernes, lui donnant l'air passablement fatigué. Aurait-il passé une mauvaise nuit ?

- Eh bien ça fait deux fois que je tombe sur v... toi aujourd'hui ! Si ça continue comme ça je vais finir par en prendre l’habitude , dit-elle avec humour. Je suis vraiment désolée ! Le désavantage d'être née avec une maladresse incurable !

D'un coup de baguette, l'ancre disparu et les livres répandus également au sol filèrent sur l'étagère la plus proche. Se redressant , les joues légèrement écarlates, Francesca regarda autour d'elle. Ce n'était pas vraiment de la gène qui se lisait sur le visage rosie de la jeune femme, même si n'importe qui aurait pu l’interpréter comme telle. Pour être plus clair Francesca était perturbée. Perturbée parce que habituellement elle se méfierait de cet homme qu'était Lucian Fenrir, son côté auror lui soufflait de mettre une marge de prudence à son égard. Mais elle ressentait également l'envie réelle de le connaître mieux. L'envie de savoir s'il était réellement le mauvais et si vulgaire homme qu'elle avait jadis rencontré. Mais c'était une aussi chose qui lui paraissait totalement ridicule puisque seulement quelques secondes précédaient leur véritable rencontre.

La jeune femme semblait s’amuser toute seule. Elle demanda à Lucian s’il était bien le professeur de soins au créatures magiques en le tutoyant. Le simple fait de le tutoyer sembla faire plaisir à la jeune femme qui semblait ne pas en avoir l’habitude. Lucian répondit par la positive en ajoutant qu’il était aussi le garde-chasse de Poudlard et qu’il s’occupait du parc par la même occasion. La jeune femme semblait apprécier la conversation car elle n’avait aucun mal à regarder Lucian dans les yeux. Elle semblait même excitée car elle bougeait dans tous les sens. Elle en arriva à un point où elle réussit à trébucher et tomba en avant. Lucian tendit le bras en avant pour former un creux avec son coude pour rattraper la jeune femme. Il plia les genoux pour la rattraper en douceur et la remit debout. La jeune femme éclata de rire devant sa propre maladresse. Lucian se demanda alors comment elle pouvait se défendre des forces du mal avec une agilité et un adresse aussi misérable que ça. Elle s’excusa cependant en blaguant sur le fait qu’elle prenait trop l’habitude de tomber dans les bras de Lucian. Ce dernier, répondit alors sans réfléchir :

« Bah, ça s’rait pas pour me déplaire qu’tu m’tombes dans les bras régulièrement ! »

Lucian sourit alors légèrement et haussa rapidement les sourcils afin de bien faire passer le message subliminal. La jeune femme ne sembla pas relever la blague. Ou plutôt elle était trop occupée à ranger le désordre qu’elle avait créé. Peut-être pour gagner suffisamment de temps pour savoir comment réagir à la blague de Fenrir. Sans vraiment lâcher son air amusé, elle semblait quand même réfléchir. Il était relativement facile de voir qu’elle essayait de juger son interlocuteur. Il était évident qu’elle ne s’était pas trompée de personne et qu’elle l’avait déjà croisé quelque part. Et elle avait déjà quelques a priori sur l’immense montagnard. Mais Lucian ne prenait pas la peine d’essayer de deviner la pensée des gens. Il ne se fatiguait pas à réfléchir sur les significations des différentes expressions ou mimiques que les gens ont autour de lui. Il était très observateur et pouvait voir énormément de choses, mais il ne voulait pas s’embourber dans les expressions humaines. Il n’avait donc aucune idée de ce que sa collègue pensait de lui.

« Dis-moi, à ce que j’ai entendu dire, t’as ramené une sale bête à ton cours. J’ai pas bien compris ce que c’était, les élèves étaient pas tant clairs. Si c’est une bestiole rare, j’serais curieux d’y j’ter un œil. »

Lucian avait effectivement entendu des élèves parler de l’étrange créature que la professeure avait ramenée dans le château. Selon les rumeurs, c’était une bête dangereuse et rare. Ironie du sort, il avait récemment vendu un animal pas vraiment légal à un gars du coin. Il était curieux de savoir si c’était sa bête qui avait fini dans les murs du château.