Tu veux pas la fermer ? [Luc' & Eze']

« La vie persiste au sein même de la destruction. »

Cinquième année… Le temps passait et rien ne venait combler le vide créé par la perte de son jumeau. Pourrait-il jamais un jour le combler ? Il s’était spécialisé dans les sciences magiques. Il passait tellement peu de temps à expérimenter son don qu’il détestait, qu’il avait tout le temps d’étudier pour être parmi les meilleurs de sa promotion. Sous ses airs nonchalants, il venait d’être choisi pour assister le professeur de potions et alchimie. L’ancien assistant ayant quitté l’université à la suite de son diplôme, le professeur avait lancé le recrutement d’un nouveau et Ezechiel avait posé sa candidature. Il n’y avait pas vraiment cru étant donné qu’il avait toujours eu des rapports conflictuels avec le professeur, aussi lorsque ce dernier lui avait attribué le rôle, le garçon avait paru étonné et le professeur n’en avait absolument rien manqué. Il lui avait expliqué qu’il aimait les étudiants qui ont du caractère et défendent leurs opinions sans se soucier de ce que pourrait bien penser leur professeur. Avec Ezechiel il était servi. Le jeune homme allait même parfois trop loin, il fallait l’avouer. Mais il en voulait, et c’était apparemment tout ce que le professeur demandait.

Il en était un peu de même pour son job décroché deux jours plus tôt. Il était à l’essai bien entendu mais au moins il n’avait pas reçu un non catégorique. Ezechiel n’avait jamais eu besoin de travailler pour payer ses études. Bien qu’il ne soit pas en bons termes avec sa famille, elle continuait de subvenir plus que de raison aux besoins de leur fils désormais unique. Il avait refusé d’utiliser leur argent les premiers mois, puis avait compris qu’ils n’arrêteraient jamais de lui en envoyer. Sauf peut-être s’il se mariait avec une moldue, là peut-être. Il voulait travailler.
C’était son troisième jour au bar irlandais sur le campus. Le barman n’était pas l’homme le plus aimable du monde mais il n’était pas bavard. Et Ezechiel appréciait cela. Pas de question, pas de discussion inutile sur l’état du temps pour se donner bonne conscience. Pourquoi les gens se sentent-ils obligés de meubler tous les silences ? Le jeune homme n’avait jamais compris cela. Le job n’était pas gagné d’avance, il n’avait pas fait de grosses erreurs impardonnables lors des deux premiers jours mais il lui manquait encore quelques réflexes et prise d’initiatives incombant au métier de serveur. Il avait choisi ce bar pour deux raisons. La première étant qu’il venait ici boire presque tous les soirs depuis 4 ans. La seconde, parce qu’il savait d’expérience qu’il y avait moins de monde dans ce bar que dans tous les autres, dû à son étroitesse.

Le garçon passa la porte du bar et se dirigea derrière le comptoir, il salua celui qui désormais était son patron et commença à laver des verres pour préparer la soirée. Il y avait toujours plus de monde en soirée. Il était 21h, dans une heure maximum, le bar serait bondé et il devrait assurer le service. Il hésita un instant à demander à son patron s’il avait passé une bonne journée mais se détesta immédiatement de vouloir combler un silence. Il continua alors à laver les verres sans un mot. L’heure passa à une vitesse folle tandis qu’Ezechiel préparait les verres, révisait ses cocktails, organisait les bouteilles et s’assurait du bon fonctionnement des pompes à bières. La porte du bar ne cessait de s’ouvrir et les gens de s’y engouffrer. Le service avait commencé et Ezechiel faisait son job, jouant avec un gallion pendant les temps mort en le faisant courir sur ses doigts.

Un homme s’était installé au comptoir en face de lui et en était à son deuxième scotch.
« Vous êtes nouveau serveur ici, je ne vous ai jamais vu. » Fit-il pour lancer la conversation avec le serveur.
« Oui » fut la seule réponse qu’il obtint du jeune homme observant sa main.

Encore une journée dans la vie de Lucian. Une journée plate et monotone à côté de la vie active du campus universitaire. Si les étudiants défilaient, rigolaient, hurlaient et s’amusaient comme des fous en croquant la vie à pleine dent, en profitant de chaque moment pour s’amuser, ce n’était absolument pas le cas pour Lucian. Il s’était mis en marge de la société, il n’avait jamais essayé de se fondre dans cette nouvelle communauté soi-disante plus tolérante. Une nouvelle université ou tout le monde est véritablement égal. Foutaises ! Le regard des gens n’avait pas vraiment changé. Toujours une certaine appréhension, un regard en coin pour s’assurer que le grand méchant loup ne perdait pas le contrôle. Lucian n’avait donc pas cherché à changer la mentalité des gens. Il avait préféré prendre ses distances et les laisser être con dans leur coin. Ainsi, chacun de son coté, Lucian faisait ce qu’il voulait faire parce qu’il en avait légalement le droit et tout le monde restait calme.

Lucian, grand sportif dans l’âme accentué par sa condition de lycanthrope, allait courir à l’écart dans la forêt, nager dans le lac. Il allait à la salle de sport aux heures creuses pour taper le sac ou s’entrainer avec le coach. Il se rendait à ses différents cours et restait dans un coin de la salle calmement. Lucian avait choisi de prendre métamorphose en matière principale. Il connaissait tout de la métamorphose, avec ou sans baguette, animagus ou maladive. Ces cours sur la métamorphose en général l’avaient énormément aidé à comprendre la lycanthropie et ses transformations. Grâce à cette matière, il avait appris quelles étaient les formes finales du loup et comment choisir laquelle il voulait prendre. Mais une fois encore, beaucoup d’élève le regardait de travers en chuchotant « mais pourquoi il suit ce cours ? il ne sait même pas utiliser la magie ! ».

Lucian était donc devenu petit à petit un solitaire. Mais il ne pouvait pas échapper non plus à la foule. Surtout qu’il avait besoin d’argent pour vivre. Il avait donc trouvé un boulot dans le bar Irlandais du campus pendant sa seconde année. Le patron semblait satisfait puisqu’il garda Lucian pendant plusieurs années. Au fil du temps, Lucian apprit le métier dans son ensemble. Cette année, il avait été officiellement promu au poste de barman responsable. Pour tout dire, ils travaillaient à deux depuis que Lucian avait été embauché. Maintenant que son collègue quittait l’université, il n’y avait que Lucian pour reprendre le poste. Lucian devenait donc responsable du bar et prenait un nouveau serveur sous ses ordres. Lucian avait donc dû recevoir les candidats avec le patron pour donner son avis. Le choix fut facile pour Lucian, il avait éliminé les filles hyperactives donc la bouche allait trop vite pour leur propre cerveau et les mecs qui se voyaient déjà en train de lancer les bouteilles en l’air en freestyle avec un sourire charmeur pour draguer les clientes. Après cette sélection si facile, il ne restait qu’un candidat qui ne semblait pas trop désespérant. Il avait commencé cette semaine et pour l’instant semblait à la hauteur. Le nouveau serveur Ezechiel travaillait plutôt bien, ne faisait pas la gueule, n’était pas fainéant ni hyperactif. Lucian n’avait donc rien à dire pour l’instant. Pour l’instant car Ezechiel ne savait pas que son patron était un loup garou.

Le jeune homme arriva à l’heure et se plaça immédiatement derrière le bar. Il ne demanda pas quelle serait sa tâche ce soir, il prit l’initiative de laver les verres en prévision de la soirée. Il chercha son patron du regard pour lui dire bonjour d’un signe de tête. Lucian devait le surveiller pour l’évaluer pendant trois semaines. A la fin, il devait dire au proprio si Ezechiel restait ou non. Il essayait donc au mieux de garder un œil sur lui pour voir comment il réagissait aux difficultés. D’ailleurs, un client aussi bavard que chiant s’avança pour s’asseoir au comptoir afin de discuter avec le serveur. Lucian rigola en songeant comment lui-même gérait les problèmes. Lui qui devait aujourd’hui réguler les problèmes alors que quelques temps auparavant il n’hésitait pas à cogner ses clients. Lucian rangeait les bouteilles sous le comptoir en jetant un coup d’œil vers la scène potentiellement drôle. Le client avait une nature envahissante et pesante qui avait déjà énervé plus d’une personne. Lucian voulait voir comment le jeune serveur allait se débarrasser de lui.

Ezechiel se trouvait devant un cas tout particulier de client absolument désagréable. Il l’avait senti à l’instant où le type s’était installé au comptoir juste en face de lui. Il avait vu à sa démarche mal assurée, à sa petite tronche de curieux qu’il passerait un sale moment s’il s’aventurait à parler avec lui. Le genre de types à être particulièrement ennuyeux dans la mesure où ils ne sont pas méchants, ni même stupides, ils sont juste… mal à l’aise avec eux même. Ils sont souvent petits et trapus, la tête rentrée dans les épaules, toujours à se sentir menacés. Ils sont souvent assez intelligents et tente par tous les moyens de combattre ce malaise apparent. Celui là était de ceux là. Du genre à rougir à la moindre parole adressée par une jolie demoiselle, le genre à déglutir difficilement dès que le ton monte, le genre à transpirer et tenter de calmer les grosses brutes avant de se recevoir leurs poings sur la figure. Ezechiel avait toujours détesté ce genre de types. Au moins avec les abrutis méchants, on ne s’en veut pas de les éclater. Mais lui, là ce pauvre type sans aucune assurance, il ne mérite pas qu’on le descende encore un peu plus. Il n’oserait plus jamais repasser dans le bar irlandais. Ezechiel tentait vainement d’esquiver toute discussion qu’il saurait ennuyeuse car trop bavarde à son goût, mais le type semblait déterminé à le faire parler. Vraiment assommant.
Le serveur profita d’une commande pour s’éloigner un temps en soufflant légèrement, gardant son calme du mieux possible. Il apporta la commande à une table puis revint et s’installa de nouveau derrière le bar mais cette fois assez loin. Aussi loin que possible du parasite gentils. Le type remarqua cette distance, Ezechiel en fut certain lorsqu’il vit un sourire gêné sur son visage puis ses joues s’empourprer. Ezechiel fit une légère grimace puis revint en face du type dans un silence de cathédrale.

« C’est bien comme job ça serveur ? Enfin je veux dire, je me doute que c’est pas le job du siècle non plus, vous préféreriez surement être médecin ou ce genre de truc mais bon ya pire aussi, comme serveur au restaurant universitaire ou agents d’entretiens tout ça. Au moins là vous ne vous baladez pas avec une choucroute sur la tête ou avec un balai et une pelle. Quoi que quand on y pense, les médecins portent aussi une calote sur la tête alors… » Fit le type dans un monologue dont le serveur ne voyait pas la fin.
C’était à ce demander quelle était la question au final et si le type ennuyeux ne venait pas d’y répondre seul. Ezechiel mit un certain temps pour oublier ce monologue absolument surréaliste tout en observant le type dubitatif.

« Ya pire. » Répondit le serveur toujours aussi peu enclain à la conversation. Le petit gars trapu et mal assuré sortit alors une cigarette qu’il amena à ses lèvres et tenta tant bien que mal d’allumer. Ses mains tremblaient tellement que cela faisait pitié à voir. Et que dire de ses lèvres tenant la clope… C’était comme si c’était la première qu’il fumait. Ezechiel observa la scène un instant avant de se rendre compte que des tas d’autres en faisait de même, rendant le type encore plus mal à l’aise. Le serveur attrapa la clope du type, la porta à ses lèvres et l’alluma avant de la tendre toute prête à son propriétaire.
Le serveur évitait de fumer pendant son service où du moins pas dans le bar, il préférait de loin sortir devant le bar pendant quelques minutes de répit pour fumer tranquille.
Le type le remercia légèrement avant de baisser la tête en tirant sur sa clope.
Ezechiel se détestait d’avoir eu pitié de lui. Ce n’était surement pas ce que le type attendait de lui.
Ezechiel jeta un œil à Lucian qui de toute évidence observait la scène avec délectation. Il secoua légèrement la tête en se disant qu’après ça il passerait vraiment pour une tapette de première. A bien y réfléchir, le petit gars trapu au teint cireux aurait bien pu être homosexuel. A cette pensée, Ezechiel leva les yeux au ciel et servit un nouveau verre à côté du type, à une jolie fille. Il voulait bien discuter avec elle. Elle semblait bien plus charmante.
Il s’apprétait à adresser quelques mots à la divine créature lorsque l’autre type intervint en lui tendant sa main.

« Chuck. » fit-il en tendant sa main au serveur. Ezechiel le toisa un instant tandis que la fille partait en lui offrant pour seul réconfort un léger sourire. Le serveur ne prit pas la main du type et répondit simplement en se présentant. Il était bien trop exacerbé pour serrer la main de ce parasite.
« Oh je vois tu es un de ceux qui n’aiment pas trop parler… Je connais ça, moi aussi ça m’arrive de ne pas avoir envie de parler… Enfin des fois… Quand on me dit que je parle trop. Mais vous avez remarquer que quelqu’un qui parle trop bah dès qu’il arrête de parler, on lui demande ce qui ne va pas… J’ai horreur qu’on me demande ce qui ne va pas… » Avait repris le type, il continuait son développement alors que le serveur avait lâché prise depuis déjà bien longtemps.

*Du calme… Tout va bien se passer, il va te lâcher, dis lui gentiment d’aller se faire voir… Pourquoi il ne t’écouterait pas…*

« Je suis sûr qu’il y a plein de monde dans ce bar qui rêverait de vous entendre parler. » Fit Ezechiel conscient que c’était déjà à la limite de l’impolitesse dans son rôle de serveur dans le bar.
Le type ne sembla pas se dégonfler pour autant et Ezechiel commença à craindre le pire.
« Je ... oui peut-être, mais j’ai pas envie de me mêler au gens, je viens toujours ici, à cette place précise, c’est une habitude à laquelle je tiens.. » Répondit le type.

*toqué… merde*

Et il renchaina... Pendant une bonne demi-heure le type fit la conversation seul jusqu’à ce que le serveur n’en puisse plus. Ezechiel savait qu’il ne devrait pas mais c’était devenu une question de survie spirituelle là tout de suite. Il fit une légère grimace, comme s’il s’excusait d’avance avant de se concentrer sur le type, le foudroyant du regard un instant. Le type porta une main à son front, fermant les yeux comme si une douleur fulgurante venait de le prendre. Sa bouche s’ouvrit sans qu’aucun son de souffrance n’en sorte. Ezechiel essayait de ne pas y aller trop fort. D’une parce que l’autre n’était qu’un nuisible sans danger, de deux parce que le serveur tenait à sa discrétion. Le type avoua un étourdissement avant de se plaindre de douleur.

« Vous devriez peut-être rentrer, le bruit dans le bar et l’alcool n’aidera pas… » Fit le serveur tandis que l’autre lui tendait déjà l’argent pour ses consommations. Le type partit enfin et Ezechiel posa ses deux coudes sur le comptoir enfin soulagé d’être seul. Un léger sourire apparut sur son visage tandis qu’il regardait de nouveau la jolie demoiselle au loin. Elle n’était pas seule. Peu importait, juste pour le plaisir des yeux.

Lucian continuait de ranger ses bouteilles derrière le bar tranquillement en jetant de temps à autre des coups d’œil vers Ezechiel. Il n’avait pas l’air d’être quelqu’un de très souriant et de drôle. Il travaillait de façon efficace mais ne semblait pas déborder d’énergie. Et même s’il ne montrait aucune amabilité, il sremblait très patient avec le client dépressif et maussade qui se tenait devant lui. Il essaya tout d’abord de se montrer poli et trouva une excuse pour aller travailler un peu plus loin. Le subterfuge était trop évident et Ezechiel se sentit coupable, il retourna donc souffrir devant le monologue du client. Lucian sourit en voyant la patience du jeune homme. Lui-même l’aurait déjà laissé seul depuis longtemps ou l’aurait un peu secoué. Lucian faisait son possible pour rester en dehors des affaires des gens en se disant qu’ils resteraient en dehors des siennes. Mais parfois, quand c’en était trop, il entrait dans la danse. Et les gens tout mou qui n’arrivaient pas à prendre leur vie en main, qui essayaient de se fondre dans la masse pour n’êtr equ’un mouton parmi d’autres, cex gens là l’exaspéraient.

Lucian loua les efforts d’Ezechiel pour faire son travail de serveur aimable avec la clientèle et efficace. D’ailleurs de temps en temps, il jetait des regards à Lucian. Ce dernier se demanda s’il cherchait une sorte d’approbation ou une autorisation qui le sortirait de cette situation. Lucian n’en faisait rien, il restait impassible pour le laisser se débrouiller. Lorsque son nouvel ami essaya d’allumer une cigarette sans succès, Ezechiel, exaspérer, lui prit la cigarette et la lui rendit. Lucian leva les yeux au ciel devant cette scène, il ne savait pas ce qui l’exaspérait le plus. Le fait qu’un handicapé des mains essaye de fumer pour faire branché, ou son collègue qui l’aide par pitié, comme on aide un enfant à faire ses lacets. Lucian observa son collègue avec stupeur et interrogation. D’ailleurs, Ezechiel du le remarquer car son regard passa de l’exaspération à la panique comme s’il venait de réaliser quelque chose. Il regarda rapidement autour de lui comme pour vérifier que personne n’avait vu son geste puis retourna à son travail résigné et dégouté.

Après un bon moment, Ezechiel semblait en avoir marre. Son nouvel ami, avait fait fuir une fille charmante qui semblait vouloir faire connaissance avec lui, il avait parlé tout seul pendant très longtemps et devait probablement donner des envies de suicide à tout le monde aux alentours. Lucian s’accouda sur son bar avec un grand sourire pour regarder Ezechiel qui avait enfin atteint sa limite. Il allait enfin l’envoyer balader ou lui rentrer dedans. Lucian n’allait pas louper une miette de ce spectacle, tout d’abord parce que c’était drôle, la seconde pour voir comment il allait faire ça en tant que serveur. Puis comme ça, il pourrait intervenir le mieux possible si le client demandait à voir le responsable de l’établissement. Mais contre toute attente Ezechiel ne fit rien, ne bougea pas les lèvres et ne sortit pas un mot. Il jeta un regard étrange et persistant au client. Lucian remarqua que le serveur était immobile. Il avait arrêté de nettoyer son verre en plein mouvement , son torchon était immobile. Le client leva alors la main soudainement à la tête en se plaignant d’une légère douleur. Au même moment, l’avant-bras d’ezechiel tressailli attirant le regard du barman. IL remarqua que ses muscles étaient tendus et contractés. Avait-il été effrayé par le geste brusque de l’homme en face de lui ? Peu probable son regard fixé et son visage sérieux. Il se détendit alors et repri machinalement son essuyage de verre en conseillant au client de partir se reposer chez lui.
Un groiupe d’étudiants entra dans le bar submergeant Lucian de travail. Parmi eux se trouvait un étudiant qui voulait se démarquer des autres pour impressioner les filles et commanda les verres en Gaelique. Lucian baragouinait quelques mot d’iralndais mais avait vraiment du mal avec cette langue. Il se concentra donc sur ses clients en leur servant leurs verres. La soirée continua comme ça, et Lucian travaillait tout en réfléchissant à ce qu’il avait vu. Ezechiel avait eu mal, il en était sûr. Il avait lu beaucoup de livre et artciles sur la douleur pour essayer de la comprendre afin que ses transformations soient moins douloureuses. Si Ezechiel avait contractés ses muscles, sérrés les dents c’est qu’il avait eu mal physiquement. Et à l’exact même moment son client ressent une douloeur lui aussi. Au moment d’ailleurs ou Lucian était persuadé qu’Ezechiel allait s’emporter. C’était étrange et Lucian commença à réfléchir. Ezechiel était un étudiant de Durmstrang lui aussi. Peut être avait il utilisé sa propre magie discrètement. Mais la question était de savoir en quoi consistait cette magie. Lucian était persuadé qu’elle avait un lien avec la douleur. Peut être le fameux contre coup dont ils subissaient l’effet. A ce stade, il y avait torp de si et de peut être dans la tête de Lucian. Il continua la nuit en faisant son travail en voulant attraper son collègue à la fin.

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La nuit avançait et le bar se vida petit à petit. Arriva alors les trois heures du matin et Lucian fit sonner la cloche au-dessus du comptoir pour signaler la fermeture. « Allez on va bientôt fermer. Finissez vos verres messieurs…. Dames. » Lucian s’agita derrière le bar pour vite finir de laver quelques verres qui trainaient en attendant que les derniers clients finissent leurs verres. Après une dizaine de minutes, lucian fit le tour de la salle invitant à nouveau les gens à partir en insistant pour qu’ils se lèvent et s’en aillent. Il dirigea le dernier groupe à la porte et ferma derrière eux en mettant la pancarte « fermé ». Il se tourna alors vers son collègue :

« Allez Hop on fait la fermeture, tu dois savoir maintenant. Donc comme d’hab, on lave les tables, range les verres, range les chaises, nettoie le sol, nettoie le comptoir, on remet de l’ordre si besoin et surtout à la fin, on se casse !»

Lucian alla dans l’arrière salle pour prendre les sceaux, bassines et chiffons de nettoyage. Ils commencèrent alors à nettoyer. Alors que ezechiel faisait le tour des salles en prenant tout les verres vide sur un plateau, Lucian commençait à nettoyer les tables avec son chiffon. Lucian commença alors un petit monologue. S’il parla, ce n’était pas parce qu’il était fou des discussions inutiles. Il aimait bien parler, mais ce soir c’était surtout qu’il voulait aborder un sujet assez délicat.

« Ha de dieu, ça serait plus simple pour moi de te faire virer et d’embaucher un sorcier. Juste pour le ménage. A la fin, il sort sa baguette et hop, je rentre directement chez moi. Encore mieux ; elle sort sa baguette et je rentre chez elle.»

Lucian releva la tête pour sourire à son collègue amusé de sa propre blague puis continua son tour de table.

« Sinon, tu t’en sors bien, pas trop dur le boulot. D’ailleurs le mec chiant et dépressif là, t’as été bien patient avec lui, moi il me parle plus parce que j’l’ai déjà … remué on va dire. D’ailleurs t’as compris pourquoi il est parti d’un coup comme ça. C’est étrange la vitesse à laquelle il a chopé sa migraine. »

Ezechiel ne répondit pas, ne voulant probablement pas en parler de peur de vendre la mèche. Lucian décida d’attaquer d’un angle différent.

« D’ailleurs y’a un truc sympa à savoir sur la douleur. Quand tu as mal, on a un réflexe très con. Humain certes mais vraiment très con. ON crispe nos muscles. Quand on a mal, notre cerveau perçoit la douleur comme un danger et dit au corps de se mettre en position de défense. Donc inconsciemment on veut se protéger, et donc en tant que Homosapiens, on se prépare à se battre. Et donc on contracte nos muscles pour être plus dur, résistant. Le problème c’est que plus tu crispes ton muscles, plus il va être sujet à la douleur. Pour le soulager, il faut se décontracter, le laisse respirer pour ne pas avoir mal. »

Lucian finit de nettoyer sa dernière table. Il alla poser son chiffon sur le comptoir et commença a mettre les chaises sur les tables pour nettoyer le sol après. Il regarda Ezechiel qui affichait une tête étrange.

« Ok, c’est p’t’être pas sympa à savoir. En tout cas moi, ça me sert. Pis je remarque des trucs. Par exemple, ton guignolo, quand il a eu mal à la tête il se l’aie prise avec les mains et a serré. Il aurait mieux fait de se la masser tranquillement. Un peu comme toi en fait, au même moment, tu t’es contracté de partout. J’ai cru t’allais péter le verre que tu tenais. D’ailleurs pourquoi t’as eu mal en même temps que lui ? Moi j’aurais eu mal pendant qu’il me parlait, pas au moment exact où il te donnait une excuse pour le renvoyer. »

Lucian avait fini son discours avec un ton très suggestif. Il regarda Ezechiel avec insistance cette fois, sans le lâcher des yeux alors qu’il continuait de mettre les chaises sur les tables. S’il ne relevait pas la suggestion, Lucian lui demanderai directement. Il avait fait l’effort d’amener le sujet subtilement et poliment, mais il était curieux de savoir ce que son nouveau collègue pouvait faire. Peut-être pourrait-il l’aider à expérimenter sa nouvelle théorie.

Il s’était concentré pour contrôler à la fois la douleur qu’il infligeait à l’autre et celle qu’il recevait lui-même ce faisant. Ses muscles et sa mâchoire s’étaient serrés, crispant son visage tandis qu’il observait toujours le client pour diriger la douleur. L’autre ne tarda pas à comprendre et lorsque le serveur lui intima l’idée de rentrer chez lui, il s’exécuta sans demander son reste. Ezechiel prit le soin de ne pas stopper immédiatement la douleur, de la laisser lancinante, afin que l’homme continu de penser qu’il fallait qu’il rentre. Lorsqu’il put enfin relâcher la tension, Ezechiel jeta un œil à son t-shirt pour s’assurer que la plaie qui prenait un plaisir malsain à se rouvrir lorsqu’il utilisait trop longtemps et de façon trop virulente son pouvoir. Il ne saignait pas. Son t-shirt était intacte, il tourna un instant le dos à tout le monde, se rendant dans la réserve pour vérifier de ses yeux. Tirant sur son t-shirt, il découvrit sa cicatrice qui paraissait intacte pour cette fois. Il sortit alors de la réserve et revint vers le bar. Le reste de la soirée fut sans bruit bien que le serveur ait remarqué quelques regards insistant venant de son supérieur durant les minutes suivant l’incident. Le jeune homme s’en voulait déjà d’avoir craqué. Ca n’était pas dans ses habitudes. Il n’utilisait son pouvoir qu’en cas de grande nécessité normalement. Il avait perdu son sang froid aujourd’hui et il ne fallait pas que cela se reproduise ou il se ferait surement virer.
Il passa la soirée à débarrasser les tables vides avant qu’elles ne s’emplissent de nouveau et à servir les clients. Ce job lui convenait parfaitement et il commençait à prendre ses marques, il ne voulait pas perdre ce job. Il avait mis sa place ici en danger inutilement, il le sentait. Et ce type n’avait finalement rien fait de mal, il voulait juste parler et être écouté… Ezechiel n’avait jamais rien eu d’une assistante sociale.

La fermeture approchait et Lucian fit sonner la cloche l’annonçant aux clients qui ne tardèrent alors pas à finir leurs verres et s’en aller. Quelques retardataires furent priés par Lucian lui-même de débarrasser le plancher. De nouveau seuls dans le bar, Lucian donna ses instructions. Instructions que le garçon connaissaient bien maintenant. Ezechiel commença alors à débarrasser toutes les tables, emmenant les verres derrière le comptoir pour les laver et les ranger. Il s’appliquait, le regard plongé dans l’évier, évitant au mieux d’attirer encore une fois l’attention sur lui. Lucian détendit l’atmosphère, jusque là légèrement tendue, en plaisantant sur son statut de sorcier sans baguette. Ezechiel esquissa un sourire en l’entendant poursuivre sur l’idée d’engager plutôt une serveuse pour des raisons purement personnelles. Le serveur releva la tête vers la salle, répondant au sourire de son supérieur.

« Je suis toujours un sorcier, mais c’est vrai que je ne sais plus me servir d’une baguette, je la regrette aussi quand je vois l’état de mon apparte des fois. » Répondit le sorcier tout en continuant de laver des verres.
Le sujet sur lequel enchaina Lucian, Ezechiel aurait justement voulu éviter d’y revenir. Il laissa l’autre parler, évitant de répondre, au risque d’en dire trop ou de laisser percevoir quelque chose. Tant qu’il n’y aurait pas de question en soi, il éviterait de répondre.

« hum… » Se contenta-t-il de répondre aux affirmations qu’avançait l’autre homme. Il termina de laver les verres et se dirigea dans la salle pour aider Lucian à mettre toutes les chaises sur les tables déjà laver et passer un bon coup de serpillière sur le sol. Ezechiel avait maintenant empoigné le manche de la serpillière et lessivait le sol. Lucian venait de toucher juste. Le serveur savait maintenant qu’il n’avait pas été si discret que cela. Il savait qu’il allait devoir s’expliquer. Lucian n’avait rien manqué du spectacle et trouvait tout cela étrange, à raison. Personne n’avait une migraine de façon aussi fulgurante. Ezechiel hésita entre trouver une explication qui de toute façon paraitrait fausse ou dire tout de suite la vérité. Il s’interrompit dans ses mouvements de lessivage et releva la tête vers Lucian, posant ses deux mains au sommet du manche.

« D’accord, je tiens à ce job, je le ferais plus, c’était stupide de ma part. J’aurais dû l’ignorer tout simplement. Il … Il a pas eu de migraine... Enfin du moins pas vraiment. Je lui ai fait du mal, par la pensée, c’est mon don. Il m’énervait… » Ezechiel se stoppa un instant à ce moment là, fixant Lucian pour chercher un semblant de réaction. Il serait peut-être viré après un tel aveu. Il décida de poursuivre alors, autant être honnête jusqu’au bout et une question lui avait été posée.

« Ce n’est pas sans souffrances de mon côté, quand je décide de faire mal à quelqu’un, j’accepte de me blesser en retour, d’où les… contractions étranges. » Finit-il en reprenant les mouvements avec sa serpillière espérant intimement qu’il garderait ce job malgré ce dérapage incontrôlé. Cette fois la douleur n’avait été qu’interne, elle n’avait eu aucune répercussion sur l’aspect extérieur de son corps. Ezechiel se souvenait s’être mis dans des états critiques lorsqu’il était encore élève à Durmstrang, ses professeurs le forçant à utiliser son pouvoir et à repousser toujours plus loin ses limites. Pas cette fois. Il n’avait pas été méchant avec le parasite. Il allait surement très bien à présent.

Lucian semblait être quelqu'un de sympathique lorsqu'on le connaissait un peu mieux. Ezechiel ne savait rien de lui, il aurait même était incapable de dire s'il était sorcier ou autre bien qu'après réflexion, certains cas commençaient à être rayé. De toute évidence il n'était pas sorcier, sinon, il aurait lui-même sortie sa baguette pour tout ranger et il n'aurait pas parler d'engager une sorcière pour cela. Il aurait très bien pu être un Durmstrang mais Ezechiel ne se souvenait pas de lui a priori. Un vampire ou un lycan... La seconde option semblait plus raisonnable à en croire la stature et la pilosité de l'homme. Mais rien de bien certain à vrai dire. Tout cela resterait à se vérifier.

Lucian avait apparemment vu juste. Son jeune collègue avait bien une magie en rapport avec la douleur. Sous les insinuations habilement amené par son responsable, Ezechiel craqua sous la pression et avoua tout. Il confessa avoir utilisé sa magie pour indisposer le client et expliqua la nature de sa magie. Apparemment il pouvait infliger des blessures ou de la douleur avec un simple regard. Tout du moins, le regard lui servait de canaliseur pour se concentrer sur sa cible. Mais ce pouvoir lui infligeait une douleur en retour. Lucian afficha une énorme sourire dévoilant toutes ces dents et ses canines plus longues et épaisses que la normale. Il était surtout content d’avoir eu juste mais aussi d’avoir réussi à amener le garçon à tout lui avouer de lui-même. Fier de sa pseudo manipulation Lucian afficha un air heureux et souriant.

« Ha et bah c’est pas une magie de Vélane ça, ça doit faire causer. Heu… ha oui, c’est vrai. C’est pas bien de faire ça sur les clients. Faut que ce soit dit quand même, mais entre toi et moi, j’ai moi aussi eu quelques accroches avec des clients. Du moment que tu fais pas fuir la bonne clientèle et que t’abuses pas, je m’en fous. Ta magie fait partie de toi, c’est normal que tu l’utilises. Moi j’préfère être en paix avec moi-même, même si je dois être en guerre avec les autres. »

Lucian se tut quelques instants en le regardant puis se détourna du jeune homme pour aller chercher une serpillère. Il cherchait un moyen d’enchainer la conversation mais il ne trouva pas un moyen subtil de le faire. Cherchant des idées et ses mots pendant un moment, il envoya tout balader et se lança en se plantant à nouveau devant le jeune homme.

« Ecoute, j’ai moi aussi un léger problème avec la douleur. En gros, j’aimerais que tu me rendes un service, faudrait que tu me fasses hurler de douleur. Que tu m’envoies tout ce que t’as à travers a gueule. »

Lucian attendit sa réponse en le regardant droit dans les yeux. C’est en voyant son regard de surprise et d’incompréhension que Lucian comprit son erreur. Il haussa les sourcils et ouvrit grand les yeux horrifié par ce qu’Ezechiel risquait de comprendre.

« Ouais heu… j’suis pas maso hein. En fait, je le suis probablement, mais c’est compliqué j’ai des raisons qui m’obligent. » Lucian hésita encore un instant puis se lança. La phrase qu’il allait prononcer faisait généralement reculer les gens de quelques pas. Certains sortaient même leur baguette. Les expressions faciales variaient selon les gens. Il pouvait y avoir de la peur ou de la colère, du dégout ou de la méprise. Lucian avait pris l’habitude de ne pas crier sa nature sur les toits. Ce n’était pas qu’il le cachait, c’était plus de l’omission. Il se lança donc en observant les réactions de celui qui se trouvait en face de lui. « Je suis un Lycan. Et mes transformations sont encore horriblement douloureuses. Y’a pas de mots pour décrire cette douleur c’est juste horrible. En gros, j’ai fait l ‘expérience et je ne peux toujours pas dire ce qui le plus horribles. Mes transformations ou le sortilège Doloris. Du coup, je fais plein de recherches pour améliorer ma lycanthropie. Et je pense que la gestion de la douleur a une grande importance dans mes transformations. Du coup, y’aurait moyen que tu me mettes des grosses lattes pour que j’apprenne à rester maitriser la douleur. La maitriser et en faire abstraction.
C’est super bizarre comme demande je sais, mais j’en ai vraiment besoin. Si tu veux je pourrais te réciter toute ma thèse sur la lycanthropie mais t’auras pas assez de temps vu que t’as cours demain. »

Lucian essaya de terminer sur une petite blague pour détendre l’atmosphère mais il n’avait aucune idée de comment son interlocuteur allait réagir. Ne voulant pas être trop pesant à rester planté en face de lui à attendre une réponse, Lucian décida de sortir de sa zone personnelle pour lui laisser son espace intime. Il ne voulait pas paraitre trop intrusif. Il passa derrière le comptoir et sorti deux verres et saisit une bouteille de Whisky Pur Feu. Cette bouteille venait directement d’Irlande, un bon whisky de qualité que peu d’étudiants commandaient soit par manque de culture soit par manque d’argent. Lucian se servit un verre un demanda d’un signe de tête si ezechiel buvait un coup. Sans vraiment attendre une réponse, il servit le deuxième verre et rangea la bouteille. Il porta le verre à ses lèvres pour boire une petite gorgée en appréciant le gout amer de la vie sur sa langue.

Ezechiel s’était fait avoir, comme un bleu. Son erreur avait été de craquer et d’infliger au parasite une légère torture pour se débarrasser de lui. Il aurait mieux fait de l’envoyer balader verbalement certainement. Il avait pourtant essayé de lui faire comprendre qu’il n’était pas d’humeur bavarde en ne lui offrant que des réponses courtes et évasives. Mais ce genre de phénomènes est un peu long à la détente lorsqu’il s’agissait de subtilité et de suggestions officieuses. Il aurait fallu que le serveur se mette un post-it sur le front ou une pancarte sur le corps en mode homme-sandwich pour que l’autre énergumène comprenne. Il n’avait pas eu le choix quelque part même s’il trouvait après réflexion qu’il avait fait preuve de faiblesse. Il n’utilisait pour ainsi dire presque jamais son don, le trouvant trop destructeur et dévastateur. Il détestait ce don en réalité.
Son responsable n’avait rien manqué du spectacle et en avait déduit les bonnes conclusions. Ezechiel se trouvait pathétique d’avoir été aussi transparent. Ezechiel sentait déjà la porte de sortie le narguer, l’appeler à quitter le bar, à perdre ce job. Les mots de Lucian le surprirent et il fronça un instant les yeux avant de se détendre légèrement lorsqu’il évoqua ses propres accrochages avec les clients énervant. Il ne serait donc pas viré, il ne devrait plus le faire mais au moins, il gardait le job pour le moment, il n’était pas disqualifié. Ezechiel ne comprenait pas à quoi faisait allusion l’homme lorsqu’il évoquait la paix avec soi-même. Ezechiel ne se sentait pas en paix avec lui-même chaque fois qu’il l’utilisait, c’était tout l’inverse. C’était lorsqu’il n’utilisait pas ce don affreux qu’il était en paix avec lui-même. Le silence s’étant installé de nouveau. Ezechiel reprit son travail en silence, décompressant de cette légère tension qu’il avait ressenti à la crainte de perdre son emploi. Lui qui n’en avait pas vraiment besoin y tenait comme s’il s’agissait de pouvoir manger et payer ses factures.

L’homme finit pas rompre ce silence salvateur. Ezechiel s’arrêta de nouveau pour l’écouter et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il crut s’être fait envoyer dans une autre galaxie. Lucian venait, de façon plutôt abrupte, de lui demander de lui faire mal, comme jamais il avait eu mal. Ezechiel incrédule fixa son interlocuteur, cherchant une marque d’humour ou quelque chose qui le rassurerait quant à la santé mental de Lucian. Son regard froncé il finit par prendre la parole à son tour.

« Tu déconnes là ?... Bon sang dis moi que tu déconnes, c’est des conneries tout ça pas vrai ? » Commença-t-il devant l’air sérieux de Lucian avant de poursuivre « putain de merde il déconne pas… Non, tu entends... Je ne fais pas ça… Tu vois, c’est tout l’inverse chez moi, moins je l’utilise et mieux je me porte et … Bon sang, c’est tordu comme demande. » Continua Ezechiel élevant légèrement le ton, non en colère mais sur la défenssive. L’homme répondit en argumentant, hésitant au début puis se jetant à l’eau à son tour de toute évidence. Ezechiel ne le quitta pas des yeux pendant son monologue sur sa nature lycanthropique et les raisons de sa demande. *Gagné* pensa le garçon. Il avait en effet tablé plus tôt sur un lycan en analysant son supérieur. Il n’en était pas certain mais c’était ce qu’il avait trouvé de plus plausible. Il resta un instant incrédule lorsque l’autre eut terminé puis tourna la tête ailleurs, fixant un point invisible. Il n’en croyait pas ses oreilles, jamais il n’avait imaginé que son don puisse venir en aide à quelqu’un c’était parfaitement insensé. Il resta planté ainsi quelques secondes, accompagnant ensuite du regard les mouvements du lycan et réfléchissant. Il s’avança vers le comptoir, côté client et s’y installa en silence. Il se saisit du verre que venait de lui servir Lucian et fit tourner le liquide ambré quelques secondes, le regard perdu dedans.

« Merci… » Fit-il tout en cherchant ses prochains mots. « Je sais pas… Enfin, ça me fait un mal de chien ce truc, enfin je veux dire que c’est assez douloureux quand je décide de faire vraiment mal… Et tu auras vraiment mal crois moi… C’est… interne au début, puis ça apparaît sur le corps lorsque je pousse assez loin… Je suis pas sûr que ca t’aide vraiment. Et puis on ferait ça comment ? Jte torture et tu douilles en silence ? Je veux dire que quand je vais te torturer, ta nature va surement se rebeller et là je suis pas sûr d’être très beau à voir une fois que tu me seras passé dessus. »

Ezechiel semblait absolument abasourdi et stupéfait de la demande de Lucian. Il ne devait pas être habitué à des gens lui demandant de les faire souffrir comme jamais. Partagé entre la stupeur et l’incompréhension, ezechiel tenta de convaincre lucian que c’était une mauvaise idée. Il essaya de l’en dissuader en lui faisant peur en utilisant la douleur comme menace. Lucian comprenait tout à fait ce point de vue. Il ne souffrait pas par plaisir, c’était justement pour ne plus avoir à souffrir pendant ses transformations. Lucian resta calme et serein devant sa réaction pour montrer qu'il était sérieux et que sa demande était réfléchie et justifiée. Ezechiel s’asseya en face de Lucian pour boire son verre. Il parlait sans vraiment construire ses phrases, sans vraiment être pertinent et compréhensible. Il n’avait jamais eu à persuader quelqu’un que son pouvoir était dangereux et malsain. Pour la première fois, il se trouvait devant quelqu’un qui lui demandait d’utiliser son pouvoir.

« Ecoute, je comprends que t’as pas envie de douiller juste pour mes jolis yeux. Toi aussi tu as une magie qui te fait mal quand tu l’utilises. Sauf que toi tu as le choix de ne pas l’utiliser. Moi, trois fois tous les trente jours, je veux mourir. Ça fait dix ans que j’ai mal donc le prends pas mal, mais au bout du compte, toute la douleur que tu pourrais m’infliger ne sera qu’une aiguille dans ma fesse gauche… ‘fin j’dirais p’t’être pas ça sur le moment. »

Lucian rigola un moment et en profita pour boire une gorgée. La petite blague de la fin servait aussi à flatté l’égo de l’homme en face de lui. Personne n’aime entendre qu’il est impuissant. Quelque soit le sujet, l’homme est rassuré de savoir qu’il peut avoir une influence sur la chose s’il le voulait. Lucian le savait car il n’avait jamais voulu admettre qu’il ne pouvait rien faire contre la bête en lui. Il ne l’avait jamais accepté et avait toujours tout fait pour apprendre à reprendre le contrôle. Au cours des années, il avait appris à reprendre conscience une fois sa transformation finie. Pour lui, ce fut l’étape la plus importante car être maitre de son corps et de ses actions est une question de liberté. Il avait refusé les chaines de l’animal sur son esprit, il ne voulait pas tuer au hasard et par accident. A l’époque, peu lui importait de souffrir tant qu’il gardait le contrôle de ses actes. Le lycan se gardait bien de dire que parfois il perdait le contrôle quand la colère ou la douleur était trop grande et que l’instinct de survie reprenait le dessus, que l’animal sortait de sa cage. L’instabilité était le facteur le plus dangereux et celui que les gens redoutaient le plus.

« En dix ans, j’ai fait d’énorme progrès justement pour maitriser la lycanthropie. Je peux choisir mes formes et je garde le contrôle de moi-même. Et je peux te dire que c’est jouissif d’être un loup ; tes sens sont exacerbé à leur summum, tu ressens ce qui t’entoure, une énergie et une force incroyable envahi ton corps, c’est le pied ! Le seul hic, c’est la transformation en elle-même. Dans tous les cas, avec ou sans toi, je vais souffrir. Mais j’abandonnerais pas tant que ça sera pas indolore… ou que je sois habitué et que j’encaisse cette douleur. »

Lucian s’accouda sur le comptoir, en sirotant son whisky. Les yeux légèrement dans le vague. Il s’était perdu dans ses pensées. Il repensait à toutes ses douloureuses transformations mais aussi à toutes ces nuits passées dehors. A courir, traquer et chasser. Il avait même rencontré des véritables loups une fois. Il n’avait pas réussi à se faire accepter dans la meute par le chef et n’avait pas insisté longtemps car il ne savait pas combien de temps il pouvait rester transformé à l’époque. Maintenant qu’il maitrisait parfaitement la forme du loup commun, il pourrait peut-être réessayer. Voir si les loups étaient moins con que les Hommes. La mâchoire serrée, le regard déterminé, il regarda à nouveau Ezechiel se rendant compte qu’il n’avait pas fini de le persuader. Il reprit donc :

« Tu sais ce que c’est de pas pouvoir profiter de sa magie. Si tu t’entraines à user de ta magie sur moi, tu pourrais probablement apprendre à mieux la maitriser. Et essayer d’équilibrer ce que tu ressens ou je sais pas exactement comment ça marche pour toi. Et t’inquiète pas pour moi, si je le demande consciement et volontairement, c’est que j’ai fait mes devoirs. Maintenant faut que je passe à la pratique. D’ailleurs, je trouverais bien quelqu’un d’autre sur ce campus qui peut me faire mal. Et je suis sûr que y'en a plein qui aimerait foutre une branlée à un lycan de durmstrang.»

Lucian prononça cette dernière phrase avec puissance et un léger ton d’amertume et de colère. Sa voix fut plus grave et rocailleuse et son ton fut plus sec. Tout en parlant, il leva son verre devant lui et regarda le fond. Il jeta le contenu au fond de sa gorge en penchant la tête en arrière d’un mouvement sec. L’alcool glissa directement le long de son œsophage brûlant tout sur son passage. Lucian grimaça ; la partie droite de son visage se crispa de l‘œil jusqu’à la lèvre comme si un grognement essayait de s’échapper. Lucian reposa son verre sur le comptoir doucement.

« T’inquiète pas pour ton joli visage, j’y toucherais pas. Au début on restera soft, je me transformerais même pas je pense. Juste ma forme humaine qui doit devenir plus résistante. Et pis si ça marche bien que je sens que ça m’aide vraiment, on passera au niveau supérieur. Y’a des salles en sous terrain prévu exprès pour ce genre de choses. Les lycans y vont se transformer. Tu seras en sécurité, c’est sûr et certain. Pis si t’apprend à coucher un lycan de douleur, tu seras même en sécurité dehors. »

Lucian affichait maintenant un grand sourire provocateur et jetait à ezechiel un regard insolent. Une lueur de défi amical brillait au fond de ses yeux Il posa clairement le défi sur la table en haussant rapidement les sourcils comme pour dire « Alors p’tit joueur ? tu penses pouvoir me mette KO ? »

Ezechiel s’était assis en face du lycan et si le whisky devant lui n’avait pas été du si bon, il s’en serait surement servi pour décompresser en en buvant un plein verre cul sec. Impossible de faire cela avec ce whisky là, c’aurait été pire qu’un blasphème. Mais l’envie n’en était pas moins présente. Peut-être qu’avec trois grammes dans chaque bras la demande du lycan paraitrait presque censé et intelligente. Ezechiel en doutait fortement. Il porta le verre à ses lèvres après que Lucian ait abattu ses premiers arguments. Il ne comptait pas répondre pour le moment. Il réfléchissait, voyant arriver à grand pas la manipulation. C’était bien inutile avec Ezechiel, il détestait la flatterie gratuite, celle pour obtenir quelque chose de son interlocuteur, ça ne prenait pas chez lui. Il savait exactement qui il était, pourquoi il était lui et ce qu’il voulait ou ne voulait pas. Il devait simplement réfléchir à cette proposition plus qu’osée. Il n’était pas question de choisir entre pistache ou chocolat devant un marchant de glace, auquel cas il aurait répondu pistache en une fraction de seconde. C’était un choix, une décision lourde de responsabilité. Il devait peser le pour et le contre, il ne devait pas foncer tête baissée. Lorsque Lucian eut fini son second monologue d’argumentation, Ezechiel ne put réprimer un léger sourire en coin. Son sérieux revint relativement rapidement tout de même lorsqu’il daigna enfin prendre la parole.

« Je ne doute pas une minute que tu regrettes ce que tu viens de dire si jamais un jour je te torture par la pensée. Tu n’as pas idée du mal que cela fait et bien que je ne connaisse pas le mal de tes transformations, autant ne sous-estimer aucune des deux douleurs. J’ai moins de problème avec l’idée de m’entrainer qu’avec celle de le faire sur toi. Ca revient à peu de choses près au sortilège doloris avec le petit plus qu’à forte puissance, les plaies apparaissent sur le corps de ma victime. Je pourrais te rendre fou de douleur si cela ne me blessait pas moi-même. » Fit le garçon serein en fixant son verre. Les images d’usages passés de son don lui passaient devant les yeux, engourdissant son esprit. Il releva la tête vers Lucian qui venait de reprendre la parole. Il voulait voir sa détermination, être sûr que c’était bien ce qu’il voulait et qu’il avait tout envisagé avant d’en venir à cette situation. C’était de la pure folie à bien y penser. Ce qu’il expliqua eut le don de faire réfléchir le serveur. Il était vrai qu’il pourrait s’entrainer et atteindre un lus haut niveau de maitrise sur lui-même. Mais il avait passé son temps à s’interdire de l’utiliser de cette façon, il avait passé tout son temps à refuser de faire du mal justement. C’était comme un retour forcé en arrière pour lui et la promesse d’heures de souffrance intense. Le lycan avait élevé le ton et Ezechiel avait perçu un râle avant qu’il ne l’étouffe par un merveilleux cul sec de whisky.

« Je n’ai rien contre les lycans et je pense que cela vaut mieux pour toi. Tu ne devrais pas faire ça avec quelqu’un rongé par la haine de ta nature, il pourrait bien profiter d’un moment de faiblesse pour en finir avec toi. Quant à ton contrôle de ta nature face aux douleurs que je te provoquerais… Je n’ai qu’une seule possibilité, te faire confiance. J’espère juste qu’il n’y aura pas d’accident et ce n’est pas tant parce que j’ai peur que l’on s’affronte, je ne crois pas en la supériorité de telle ou telle espèce et je ne sais pas ce que donnerait un affrontement entre nous. Je préfère juste prendre mes précautions. Je ne cherche jamais l’affrontement même avec ceux que je déteste. » Continua l’étudiant tout en terminant à son tour son verre.

« Un essai, et si c’est pas concluant j’arrête tout. Je connais ces salles, ça fait un moment que je les fréquente et je sais d’expérience qu’elles ne sont pas vraiment sûres, dans le sens où si un étudiant est blessé à l’intérieur, il n’y a strictement rien qui prévienne l’extérieur. Ils les ont construit pour retenir tout pouvoir éventuel, tout choc, un véritable bunker ces trucs, c’est certain, mais rien de sérieux pour la protection à l’intérieur. T’as plutôt intérêt d’avoir encore la force de te trainer jusqu’à l’extérieur si tu veux avoir une chance d’atteindre l’hôpital sur ce campus, enfin bref… Juste pour que tu sache, chez moi, ça ne se voit pas au départ que je souffre, la première plaie à s’ouvrir est toujours la même, celle-là… » fit-il en tirant sur le haut de son t-shirt pour découvrir la cicatrice présente sur son cœur « puis après c’est assez aléatoire, des coupures le plus souvent, plus ou moins profondes, plus ou moins douloureuses. Autant dire que si tu avais été un vampire j’aurais refusé illico, je compte pas donner mon sang de si tôt, si ce n’est pour l’hôpital. Tu sauras résister aux odeurs de la chair déchirée ? » Fit-il en lui tendant une main comme un accord, un pacte à sceller.

Le jeune Durmstrang en face de Lucian essayait toujours de convaincre Lucian que ce n’était pas une partie de plaisir. Un poil d’arrogance et de fierté lui fit dire que Lucian regretterait sa demande masochiste. Il enchaina avec sagesse en disant qu’il ne fallait pas sous estimer la douleur, une phrase que Lucian s’était souvent répété en ajoutant qu’il finirait par la dominer. Lucian n’était pas arrogant au point de sous-estimer la douleur car il avait tout de même passé plus de dix ans à vivre enchainé par elle. Il se battait pour retrouver sa liberté, et sa nature directe et animale et même son caractère de montagnard le poussait à en rire plutôt que d’en pleurer. Ezechiel décri son pouvoir comme étant le sortilège Doloris avec des blessures physiques et corporelles. Un aspect qui n’effrayait pas Lucian puisqu’à chaque transformation, ses os se brisaient pour se ressouder en suite, ses articulations se déboitaient, ses muscles se déchiraient. Quelques coupures de plus dans sa chair ne ferait pas une grande différence. Au contraire, la douleur serait du même type et plus la douleur ressemblerait à celle qu’il épruvait, plus efficace serait l’entrainement. Lucian aurait bien sourit à la perspective de pouvoir enfin maitrisé sa douleur et de pouvoir se transformer à volonté. Il aurait même dansé et chanté sa joie de vivre. Mais dans un premier temps, il allait d’abord devoir pleurer. Il allait probablement se faire torturer au moins une fois par semaine pendant très longtemps.

Ezechiel enchaina en précisant qu’il n’avait rien contre les lycans en particulier, qu’il se souciait juste de sa sécurité. Même Lucian n’aurait pas dit le contraire, les lycans peuvent être dangereux s’ils le souhaitent. Sans contrôle de soi, et même autre que lycans, ils le sont. Provoqué ou énervé, ils le seront aussi. Les lycans sont des prédateurs fait pour tuer et rien ni personne ne pourra chagner ça. Seul l’éducation et la personnalité de chacun fera la différence. Une règle qui s’applique aussi au reste du monde. Quoiqu’il en soit, sincère ou pas, Ezechiel voulait prendre des mesures de précautions. Lucian ne voulut pas faire l’effort de chercher si il y avait une histoire de discrimination derrière tout ça car dans ce cas précis, le garçon en face de lui avait raison. Même si Lucian savait comment procéder pour gérer ses propres entrainements, le garçon en face de lui n’en avait aucune idée. De plus, il semblait peu rassuré de ces lugubres salles sous terraines destinées aux entrainements. Alors que Lucian approuvait ses conditions d’hochements de tête le Durmstrange se jeta à l’eau et accepta le marché. Tout du moins il accepta de faire un essai pour qu’il se fasse lui-même une opinion de tout ça. Un essai qui serait un test pour Lucian, le moment pour lui de prouver qu’il en avait besoin et qu’il supporterait les conséquences. Lucian comprit qu’Ezechiel s’ouvrait à lui en lui montrant une cicatrice tout comme lui s’était ouvert en avouant sa lycanthropie. Cette cicatrice semblait être une marque peu agréable à porter pour le garçon. Ezechiel ne voulut pas s’attarder sur ce point et continua son discours. Il précisa à Lucian qu’il devait prévoir une solution pour se rendre à l’hopital et s’il saurait résister à l’odeur de la chair déchiré tout en tendant la main pour sceller leur accord verbal. Lucian la saisit avec enthousiasme et la garda dans sa poigne en répondant avec un grand sourire sournois

« L’hôpital ? J’ai pas les moyens d’aller à l’hopital moi. Mais t’inquiètes pas, je guéris plutôt bien et assez vite. Au pire des cas, je reste passer la nuit là-bas en attendant que je sois de nouveau sur pied. Pour l’odeur de la chair… évite de faire un barbecue juste avant nos séances, j’ai un faible pour la viande fumée. »

Lucian afficha un énorme sourire, fier d’avoir donné une réponse absolument hors propos comme s’il n’avait pas vraiment compris la véritable question. Fier de cette blague, il attendit qu’ezechiel relâche son étreinte pour relâcher la sienne. Leur accord serait scellé au moment où leur main se séparerait.

Le lycan semblait très déterminé et sûr de lui. Ezechiel avait beau insister sur tout ce qui le chagrinait lui dans cette histoire, l’autre ne changeait pas de position. Rien ne semblait pouvoir le faire changer d’avis. Il se contentait d’acquiescer à ce que disait Ezechiel. Le sorcier aurait bien été incapable de dire si le lycan était vraiment d’accord avec ce qu’il disait et s’il comptait y réfléchir ou s’il ne faisait qu’acquiescer pour que le débat n’ait pas vraiment lieu. Peu importait au final puisque Ezechiel n’avait à dire vrai, aucune véritable raison de refuser. Cet exercice prévoyant d’être aussi bénéfique pour lui que pour le lycan. Il avait cependant moins à y gagner dans le sens ou il avait pris la décision de ne pas utiliser son don pour éviter le pire, il pouvait très bien vivre sans sa magie même si ca en rendait dingue certain. Le lycan lui ne pouvait pas faire abstraction du loup en lui.
Le sorcier finit par accepter une première séance, un simple essai. Il refusait de s’engager plus encore de peur que cela soit une mauvaise idée. Le premier entrainement lui donnerait les réponses qu’il attendait, le rassurerait ou renforcerait ses craintes. Ainsi, il pourrait prendre une décision définitive en toute connaissance de cause.
Il avait pourtant besoin d’être sur que le lycan soit capable de se contrôler un maximum. Le corps du sorcier souffrirait lui aussi pendant l’entrainement, et ce faisant, des plaies s’ouvrirait sur son corps. Il voulait être sûr que l’autre ne lui bondisse pas dessus à la moindre accalmie dans la torture, attiré inexorablement par l’odeur du sang du sorcier. Il n’avait aucun a priori sur les lycans mais il continuait de penser qu’il existe en tout homme, un prédateur, et que le loup enfermé dans cet homme, rendait ce côté prédateur plus prononcé.
Le lycan ignora cordialement ce détail, ce qui ne rassurait pas mais alors pas du tout Ezechiel. Lucian préféra plaisanter une nouvelle fois tout en prenant la main du jeune homme pour sceller le pacte.
Leurs mains restèrent ainsi quelques secondes. Ezechiel fixait le lycan comme s’il pensait trouver une réponse plus sage dans son regard. Il devait lui faire confiance de toute évidence, tout comme lui lui faisait confiance en remettant son corps entre ses mains de tortionnaire. La différence étant qu’Ezechiel se blesserait tout en le blessant lui. Il finit par retirer sa main lentement, scellant le pacte qui avait tout de diabolique à première vue.

« Je vais rentrer. On peut se faire cet essai dimanche en fin d’aprèm si tu le sens. Ca permettra d’avoir du temps pour s’en remettre au cas ou vu que le lundi c’est calme ici. » Commença le garçon avant de terminer son whisky cul sec en se levant. Les étudiants avaient la fâcheuse manie de se mettre si mal le week-end qu’ils passaient presque tout le lundi à promettre de ne plus jamais boire. Ezechiel s’éloigna un temps dans la salle, redescendant les chaises remontées plus tôt en attendant que le sol sèche. Il récupéra un sac de courses laissé plus tôt dans la remise et se dirigea vers la sortie du bar. Il n’avait pas eu le temps de rentrer les déposer chez lui avant de venir travailler.

Il ouvrit la porte qu’il maintint ouverte avec son pieds, s’alluma une clope et finit pas sortir pour rejoindre son loft.

« On se voit demain Luc’. Passe une bonne fin de nuit. »

THE END

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