«Le silence est d'or, la parole est d'argent.»

Je ne pus m'empêcher de sourire. Parler de moi, l'une des mille choses qu'il mettait totalement impossible à dire, à raconter. Parce que oui, mon passé, mon histoire, c'est finit. Je vis au jour le jour, essayant d'oublier pourquoi, ou plutôt à cause de qui, me suis-je retrouvé ici, bloqué dans ce corps de Lycan, forcé à muter en un être incontrôlable ou tout simplement fou. Pourquoi moi et pas mon voisin ? C'était la vie. Les évènements s'étaient déroulés ainsi et pas autrement. Alors, pourquoi me demandaient-ils de me présenter comme un petit nouveau.

« Euh. Bah, je suis Cayden Cameron Eastwood. Euh, on me nomme souvent Cay'. Je, hum... J'ai vingt-cinq ans et je suis des études supérieures à Wichcraft. »

Mon regard se balançait d'un coin à un autre de la pièce, ne sachant pas où exactement il fallait regarder. La pièce était vide. J'étais seul. Seul entre quatre coins, à devoir parler de moi, mon passé et ma vie pour me faire accepter. J'imagine qu'ils m'écoutaient grâce à leur magie de sorcier ou leur baguette ultra puissante. Rien qu'en y pensant, je me sentais inférieur. Eux, ils étaient né pour accomplir de grandes destinées. Ils ont des pouvoirs, des projets des sortilèges, des énigmes, des causes et des conséquences. Moi, j'ai des poils. Des poils et une puissance surhumaine. Mais tout le monde s'en fou, en particulier moi. Je n'ai jamais voulu être ce que je suis. Et pourtant, je n'ai pas le choix.

Dans cette pièce, si vide, je commençais à me balancer sur mes jambes, perdant peu à peu patience, et laissant place à la fatigue. Il m'était dur de parler de moi et il me fallait du temps pour me débloquer. Comme s'ils avaient compris, une chaise se matérialisa sous mes yeux. Sans dire merci, je m'assis, plutôt méfiant, de peur qu'elle ne disparaisse. Un verre d'eau vient se former sur l'accoudoir, j'en bu une gorgée.

« Hum. Je suis un lycan. »

Dis-je d'une voie mal assuré.
Ces quelques mots étaient censé les remercier ; « Tu me donnes un quelque chose, t'as des informations. » Mais je n'en dis pas plus. Un tableau était accroché au mur.-d'où sortait-il d'ailleurs, car il ne me semble pas l'avoir remarqué avant !- Il ressemblait à ceux qui étaient accrochés au mur de ma maison, quand j'étais tout jeune. Je vivais avec ma petite famille, dans une maison des plus viellent du monde. Elle était remplie de peintures dites « magnifiques » et coutant des millions de dollars. Quand je demandais pourquoi tout le monde trouvait le tableau de mon arrière-arrière-arrière grand-père, gros comme un hippopotame et ressemblant à un homme aussi radin qu'égoïste, si beau et élégant, on me répondait que je comprendrai lorsque je serai plus grand. Or, j'avais grandi et je ne comprenais toujours pas. Tous ces murs, ces tableaux, ces cachettes, ces secrets. Enfin, si, j'avais compris que mon oncle n'était pas un espion hyper doué et indestructible comme je le pensais. Il n'était qu'un simple sorcier, marié à une sorcière, ayant des enfants sorciers. Moi, j'étais moldu. Un gosse, comme tous les autres, dans sa crise d'ado. J'étais heureux, un gamin joyeux de vivre avec son frère jumeau, son petit frère et sa petite soeur. Oui, bon, famille nombreuse, mais heureuse ! J'étais, comme tous les garçons de cet âge, accro aux jeux vidéo, à la mode et à l'art de la séduction. Mais tout a changé. Mon jumeau et moi, avons été transformés. Transformé en bêtes incontrôlables. Ma soeur ? Je ne l'ai jamais revu. Mes parents ont été tués, et mon petit frère est mort lors de sa première métamorphose. Surement trop douloureuse pour son petit corps.

Je baissai ma tête et dissimula la larme qui s'était échappé de mon oeil droit. Ni vu ni connu, je l'essuyai avec ma manche. Comme si, ils avaient compris, que mes paroles étaient rare, un papier apparue à mes pieds, accompagné d'un petit stylo, tout neuf. Je le pris doucement, le dévisageant longuement. Voulaient-ils que j'écrive toute ma vie sur ce petit papier ? N'avaient-ils pas encore compris, que tous les Shakespeare ne seraient même pas suffisants ? Je me re-plongeai dans mes pensées, ne sachant pas quoi écrire. D'ordinaire, je parlais normalement, n'en disant ni trop, ni trop peu. Mais toutes les conversations avaient toujours évité mon passé.

On disait de moi, qu'il était rare de me voir sourire. Je trouve ça faut. Avec mes amis, je souris. Je rigole. Je suis différent, peut-être même heureux. Pourtant, avec eux, rien n'est jamais sûr. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un mal fou à m'attacher aux gens. Et ce n'est pas parce qu'ils sont entrés dans ma vie, que tout est acquis. Une amie, m'a sortie un jour, qu'avec moi tout ne tenait qu'à un fil. Je ne sais toujours pas si c'était un compliment ou une critique. C'est vrai que je suis très compliqué dans ma façon de voir les choses. Il m'est difficile de faire semblant, de jouer la comédie. Je suis droit et juste. Parfois trop. Avant, je m'emballais vite. Mais j'ai dû apprendre à canaliser mes sentiments, pour ne pas effrayer le moindre moldu qui passait. C'est peut-être pour cela que l'on m'avait envoyé dans cette université. Au fond, je n'étais pas si différent, puisqu'il y en avait pas mal avec des poils. En fait, ici, je m'y plaisais. C'était peut-être finalement ma maison, mon chez moi. Je finis, cul sec, mon verre d'eau, pour le re-déposer sur l'accoudoir et me lever de cette chaise, si confortable. Je commençai à faire les cents pas, réfléchissant au seul moyen de sortir de cette fichue prison sans en dire de trop.

« Je vis ici depuis maintenant deux ans. J'ai encore beaucoup à apprendre et ce n'est pas en restant là à raconter ma vie, que tout va changer. J'ai besoin d'air et tout de suite... »

Comme si personne ne m'avait entendu, un lourd silence précéda mes paroles. L'idée de me transformer pour tout démolir m'avait effleuré, mais j'y avais renoncé, pensant que cela créerait plus de problèmes que j'en avais déjà. Parce que oui, je suis le genre de type à m'attirer tout ce qu'il ne faut pas. J'ai déjà failli révéler notre existence au moldu sans le vouloir, j'ai déjà tué par la rage, je me suis battu par désespoir. J'ai été alcoolique, accro... Tous ces petits riens qui font de moi ce que je n'ai jamais voulu être.

Quand je me transforme, je ne suis tout simplement plus moi. Je ne réfléchis qu'après mes actes, parfois cruels. Les personnes qui me sont le plus proches, deviennent de simples proies, faciles et délicieuses. Du contrôle, c'est bien ce que j'ai cherché à avoir durant les premières années de ma vie, mais en vint. Ce qu'il me fallait, c'était du sang, des combats. D'ailleurs, je pense qu'une façade de ma vie de lycan est restée gravé dans mon caractère humain. Malgré les apparences en homme, je continue à percevoir, à entendre, à sentir comme un vrai loup. Pourtant, l'odeur du sang ne m'attire pas du tout, bien au contraire, il m'est difficile de rester neutre à sa vue, tellement ce liquide me répugne. Le contrôle, je l'ai trouvé. Ici. Je l'ai appris. Tout est une question de principe, de mental, de méthode. Bien sûr, cela reste encore extrêmement difficile et je pense que même le meilleur des Lycan ne contrôle pas à cent pour cent ces transformations, car, il faut toujours rester concentré sur soi, son esprit, son instinct. Moi, par exemple, même après six ans de transformation, et des cours de métrise, je n'arrive toujours pas à me contrôler face à des vampires. Pourquoi ? Nul ne le sait. Bien que je n'aie rien contre eux, mon propre corps ne supporte guère leurs présences et me force à devenir le tueur, le poursuiveur. Je ne l'ai jamais demandé. Beaucoup de vampire mon l'air gentil, mais je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de pouvoir parler plus de dix minutes avant de courir dans le sens opposé pour m'empêcher de muter.

Je pense qu'ils attendaient une transformation. Le fait, que je perde patiente, que je devienne dangereux et qu'ils puissent prouver que même un Lycan expérimenté, ne devait pas être dans les parages. Mais hélas, je suis patient. Du moins, j'essaie. J'apprends la maitrise et le savoir, c'est la patience. Alors, aujourd'hui, je ne m'énerverai pas. Je m'assis en tailleurs et commençai à somnoler avant de tomber dans un sommeil profond. Un sommeil noir, sans rêve ni cauchemar, un simple sommeil de lycan. En me réveillant -je ne savais pas combien de temps j'avais dormi- je vis une porte se dessiner sur le mur, comme s'ils avaient perdu patience avant moi. J'avançai, l'ouvrai et parti. Aujourd'hui encore, j'avais réussi à me contrôler.