Sois mon ennemi au nom de l'amitié


Vs

C'était lundi. Le réveil indiquait 6h54 est tous dormaient encore paisiblement, ou presque. Les premiers rayons du soleil perçaient à travers les rideaux du dortoir et le silence était perturbé par les quelques ronflements des élèves. James allongé sur le dos, un bras sous sa tête fixait le plafond un léger sourire sur les lèvres. Il tourna la tête, jetant un œil à son voisin de chambrée qui n'était autre que Fred Weasley son cousin et meilleur ami. Il le vit s'éveiller doucement puis se retourner pour finalement enfouir son visage dans l'oreiller. James esquissa un sourire puis se leva pour aller prendre sa douche. Il entendit Fred faire une entrée fracassante dans la salle de bain quelques minutes plus tard tandis que lui était toujours sous l'eau. Il sortit et s'habilla avant de s'observer un temps dans le miroir. Il passa son doigt juste entre sa pommette et son œil gauche, décrivant le chemin que sa fine cicatrice faisait et sourit en apercevant de bonnes cernes sous ses yeux. La nuit avait été courte, très courte. Le jour s'était trouvé allongé par une énième escapade dans les couloirs avec son cousin. Ce dernier sortit en trombe de la douche et à peine le pieds posé sur le sol, glissa magistralement, manquant de s'éclater sur le carrelage s'il n'avait pas réussi à se saisir du bras de James. James failli lui aussi être emporté dans la chute mais retint Fred comme il le put avant d'exploser de rire.
« J'en connais un qui n'est pas réveillé. » Fit James avec un large sourire tandis que Fred se redressait, prenant garde cette fois. « Oh et encore tu ne m'a pas vu me prendre la barre du baldaquin en pleine tronche en me levant... » Lâcha-t-il en enfilant son jean.

James revint vers le miroir et passa sa main dans ses cheveux qu'il ne coiffait jamais avant de se mettre un peu de parfum. Il laissa ensuite Fred seul pour rejoindre le dortoir et y prendre son sac. Il y glissa son grimoire de potion et celui de métamorphose. La simple idée que le premier cours serait potion ce jour, suffit à le ravir. Il enfila sa robe de sorciers par dessus ses fringues normales et prit sa baguette. Il prit son boursouflet bleu dans ses mains. Puis le reposa après quelques caresses et un baiser. Il finit par descendre du dortoir et croisa sa petit sœur Lily dans la salle commune. Il la salua d'un baiser sur la joue et la gratifia d'un large sourire avant de se rendre à la grande salle. Il fut interrompu alors qu'il atteignait le hall d'entrée par Fred l'appelant derrière lui. Il se retourna et attendit que son ami courant dans l'escalier principal, le rejoigne. Ils entrèrent ensemble et se dirigèrent vers la table des gryffondors. James fit un détour par la table des poufsouffles et déposa un baiser sur la tempe de Bélinda Stark avant de rejoindre Fred qui déjà mangeait à ne plus en pouvoir. Il s'installa en face de lui et se servit un jus d'orange fraichement pressé et un chocolat au lait. James avait la particularité de mettre très eu de chocolat dans son chocolat au lait. C'était presque du lait pur. Il commença son petit déjeuner, trempant son croissant. Ce dernier terminé et son lait bu, il se saisit d'une pomme comme il en avait l'habitude et croqua avec passion dedans. Ce fut à ce moment qu'il leva légèrement le regard pour suivre des yeux deux autres types.
D'ordinaire, ceux-ci ne lui aurait inspiré que de l'ignorance ou une once de dédain mais pas cette fois, pas ce matin. Un léger sourire s'afficha sur son visage tandis qu'il croisait le regard d'un des types. Un souvenir récent et commun lui revint alors. Un souvenir de la nuit passée.

James n'avait pas pour projet de sortir ce soir de dimanche, sachant que le lundi commencerait par le cour de potion, il voulait être tout à fait en forme pour suivre ce cours et se montrer le plus brillant dans cette matière dans laquelle il excellait par passion. Mais son cousin en avait décidé autrement. Celui là ne cessa de le taquiner tout le long du diner pour qu'il accepte une petite course poursuite avec Rusard cette nuit. James finit par céder et ce fut vers 22h, heure du couvre feu qu'ils s'éclipsèrent du dortoir avec discrétion. Leur plan de ce soir ? Se rendre dans les cuisines pour y chiper des restes du dessert délicieux du soir. Mais voilà, tout ne se déroula pas comme prévu.
Ils marchaient aux aguets dans un couloir lorsqu'il entendit deux autres voix. Il ne leur fallut pas longtemps pour les identifier et ils vinrent à leur rencontre. A présent quatre dans le couloir et donc beaucoup moins discret, Fred ne put s'empêcher de prendre la parole.

« Que font deux fillettes comme vous à se balader si tard dans les couloirs ? » Fit-il amusé. James esquissa un sourire secouant légèrement la tête avant de relever le regard vers les deux garçons.
Il y avait Jake et Jaden. Deux Gryffondors comme eux, aimant autant qu'eux enfreindre le règlement et semer Rusard dans les couloirs toute la nuit. James n'avait pas vraiment d'animosité envers eux si ce n'est qu'il les trouvait bien trop prétentieux. James aurait pu supporter leur arrogance, lui aussi l'était, mais la prétention... Ça il ne le supportait pas. Pourtant, la prétention de son cousin ne le dérangeait pas. C'était surement parce que c'était Fred après tout. Mais ces deux là ressemblaient beaucoup à James et Fred, c'était indéniable, à quelques différences près. Différences qui en faisaient des rivaux plus que des alliés. Non, James ne les aimait pas vraiment. Il préférait de loin les ignorer. Fred était plus agressif lui.

Waaah. Jake bailla d’une manière qui lui était peu commune. Il était bien content que le dortoir soit propre aux garçons car la façon dont il venait de faire ça aurait tout de suite démonté sa réputation d’éternel séducteur. Foutu soleil de mes deux, il aurait pu rester dans le cul du ciel, ç’aurait arrangé tout le monde pensa-t-il. Il était sept heures passées, et les cours commenceraient vers neuf heures. Il devait donc descendre sept étages, prendre son petit-déjeuner, puis remonter encore sept étages afin de se brosser les dents et récupérer ses affaires. Car, bien entendu, il était hors de question qu’il aille dans la Grande Salle avec son gros sac de fayot, histoire de se faire bien honte devant les filles.

Jaden dormait encore apparemment, ou alors il était déjà descendu. Bah… De toute façon il le retrouverait en bas, ce n’était pas un souci. Il pouvait très bien dévaler sept foutus escaliers qui passaient leur temps à se rendre visite et à déménager, tout seul. Presque quinze minutes plus tard, il avait pris une bonne douche, revêtu son uniforme aux couleurs rouge et or, avait minutieusement coiffé ses cheveux afin qu’ils paraissent à la fois soignés et désordonnés, avait apporté la touche finale avec un peu de parfum, et s’attelait désormais au travail que constituaient les escaliers.

Il abandonna cependant avant même d’essayer, voyant les rampes bouger par magie et rejoindre d’autres étages. Il préféra ainsi prendre un passage secret, situé derrière le tableau représentant Andros l’Invincible. Ce fameux Grec qui aurait réalisé le patronus de la taille d’un géant. Cet homme représentait une sorte de modèle pour Jake. Lui aussi, un jour, aurait son propre tableau accroché à Poudlard et posséderait une carte de sorcières et sorciers célèbres à son effigie. Comme si un avenir différent de celui-là pouvait se présenter à lui de toute façon.

Il atteignit finalement la Grande Salle et trouva Jaden, déjà installé. Sur son passage, plusieurs filles se retournèrent, comme d’habitude en fait. Il accorda à certaines privilégiées le droit à un sourire, puis s’installa à côté de son meilleur ami. Il lui murmura.

- Salut Bad Boy, bien dormi ? J’ai limite la gueule de bois moi.

Il attrapa un bol, se servit du lait chaud et y trempa des pains au chocolat avec la lenteur propre au cerveau d’un Serpentard au maximum de ses capacités. Ce fut alors qu’il remarqua la présence de James Potter. Ensemble, ils avaient connu un moment particulier hier soir. Il lui adressa un sourire avant d’ajouter à son encontre, à mi-voix, suffisamment fort pour qu’il entende.

- Salut James. Encore merci… Pour hier soir.

Ce qu’ils avaient vécu était mémorable, et avait d’ailleurs causé les grosses cernes sous ses yeux. Les souvenirs lui revinrent… Depuis le début. Il se rappelait chaque sensation qu’il avait ressentie, chaque pas, chaque respiration haletante, et chaque parole prononcée.

Last Night

Jake descendit les escaliers de la tour de Gryffondor, rejoignant la salle commune. Elle était noire de monde, pleine d’élèves discutant gaiement ou terminant leurs devoirs en retard. Pour lui, aucune de ces deux distractions n’était de mise ce soir. D’autres projets lui trottaient dans la tête. Jaden était avec lui, comme à l’accoutumée en fait. Ils ne se quittaient pratiquement jamais, partageant tout : dortoir, repas, cours, conneries… Il leur était même arrivé une fois d’échanger de petite amie dans un sondage visant à connaitre la fille la plus potable de Poudlard. Bien sûr, ils étaient les seuls à tester un panel constitué uniquement de groupies.

Tous deux vérifièrent que personne ne les regardait, surveillant chacun des élèves, surtout les plus proches de la sortie menant en-dehors. Il fallait dire que depuis quelques temps, certains membres de Gryffondor leur reprochaient leurs « virées » un peu trop fréquentes et qui risquaient de pénaliser la maison dans son ensemble. Jake soupçonnait d’ailleurs l’existence de traitres qui les avaient déjà vendus, puisque plusieurs fois, Rusard était apparu et les avait empêchés de faire ce qu’ils voulaient, comme s’il savait déjà qu’ils viendraient.

Profitant d’un instant où tous semblaient occupés à autre chose qu’à les regarder, Jaden et lui s’engouffrèrent dans le passage secret et disparurent de la salle commune, rejoignant ainsi le couloir frais du septième étage. Bon… Cette nuit Jake était bien décidé à récupérer la perle des perles disparues. Avant de venir à Poudlard, il avait acheté une boite entière pleine de pétards du docteur Flibuste. Mais… Encore une fois, Rusard en fut averti avant même qu’il n’ait pu les expérimenter et confisqua le tout en leur donnant trois heures de retenue chacun. Ça n’avait pas été une expérience des plus déplaisantes, il fallait l’avouer. La punition consistait en fait en un nettoyage du parc du château, et, sous le soleil éblouissant, ils avaient été autorisés à se débarrasser de leur T-shirt. Jake comme Jaden s’amusèrent à trémousser leur corps athlétique devant des filles qui rougissaient en les voyant. Il fallait avouer qu’une occasion pareille ne se présentait pas souvent, humilier Rusard en lui montrant que sa punition était amusante et par la même occasion draguer des filles. Jake était d'ailleurs certain que l'une d'elles faillit s'évanouir quand il lui décocha un sourire ravageur.

Tous deux descendirent des escaliers. Sept étages devaient être dévalés avant d’arriver au bureau du concierge, situé au rez-de-chaussée. Un cagibi puant fortement le renfermé et le liquide vaisselle constituait l’habitation de Rusard, assez représentative du personnage en lui-même à vrai dire.

- Bon, je propose que je fasse diversion pendant que tu rentres et récupères le tout, c’est dans son armoire, à côté du bureau, lâcha Jake à l’encontre de Jaden.

Alors que ce dernier entamait sa réponse, Jake aperçut deux autres élèves dans le couloir. Ne les distinguant pas correctement au début, quelques mètres d’avancés lui permirent de mieux identifier les personnes en face de lui. James Potter et Fred Weasley deuxième du nom.

- Que font deux fillettes comme vous à se balader si tard dans les couloirs ?, interrogea le second d’une voix légèrement froide.

Jake rigola à sa remarque pertinente. Ces deux-là avaient beau être à Gryffondor également, il était incapable de les supporter. Ils se pensaient supérieurs aux autres alors que… Ben c’était faux quoi. Ok, il faisait à peu près pareil, et dans une mesure plus ou moins semblable, avec des caractères assez similaires mais bon… Il était bien le seul à en avoir le droit.

Les deux groupes ressemblaient à des bandes rivales. Des duos différents dans la constitution mais qui se trouvaient assez proches de par leurs idéaux et actions. Pourtant, ils ne se supportaient pas, mais alors vraiment pas. Jake répondit alors.

- Haha très drôle WeazMoche. Mais je pense que la question vous irait un peu mieux à vous, étant donné que tu viens de dire « deux fillettes », et que les seules qui répondent à ce critère ici, c’est vous.

Ca faisait longtemps que je n'avais pas été aussi fatigué. Le réveil que j'avais en face de moi indiquait qu'il était presque sept heures, bouah, qu'est-ce que je foutais déjà réveillé moi? Vu la soirée que j'avais passée hier, il était tout à fait normal que je sois passé en mode zombie. Bah oui, vous avez vu le corps d'athlète que je me tape? Tous ces muscles ont besoin de repos, et là, je n'avais pour ainsi dire quasiment pas dormi. Je me leveai donc de mon lit, tâtant le sol avec mes pieds pour trouver mes pantouffles, j'étais vraiment crevé. Si bien, que même lorsque mon regard se posa sur elles, je ne me rendis pas compte de ce que c'était. Je continuais de tâter le sol, la bouche entrouverte, comme si j'étais prêt à me rendormir d'un instant à l'autre. Ce qui, en soit, était le cas.Toutes ces conneries que j'effectuais avec Jake commençaient à me ruiner aussi bien physiquement que mentalement. Heureusement qu'il n'y avait pas de miroir près de moi, car je redoutais vraiment de voir la tronche que j'avais.

Une fois que j'eus enfilé mes pantouffles, je pus enfin me diriger, d'un pas lent, vers la salle commune des Gryffondor. Il y avait tellement d'escaliers pour y arriver que je faillis me casser la gueule plusieurs fois. Non mais qui était l'architecte qui avait construit ce château, en tout cas, une chose était sûre, il n'aimait pas les élèves. Personne n'avait pensé aux mecs comme moi qui avaient vraiment difficile à se émerger le matin? Tous les éléments étaient réunis pour que quelques minutes après notre réveil, nous finissions à l'infirmerie, c'était grave quand même.

Il n'y avait personne, j'étais totalement seul. Jake était encore en train de ronfler dans la chambre, et moi, comme un imbécile, je me retrouvais en peignoir dans une pièce vide. Bon, en fait, c'était pas plus mal. J'étais sûr de subir les moqueries de mes camarades s'ils me voyaient dans cet état. Puis, je vis ce fauteuil, il avait l'air si confortable, et il semblait m'appeler. Jaden, pose-toi sur moi, tu as encore un peu de temps pour te reposer qu'il disait. Je me laissai tenter sans aucune résistance et ne tardai pas à rejoindre le pays des rêves.

Cependant, mon répit fut de courte durée, car les voix de certains élèves me sortirent de mon sommeil. Bande d'abrutis, ne pouvaient-ils pas faire un petit peu moins de bruit ceux-là? Aucun respect. Je me levai alors, pris une douche en vitesse, m'habillai et rejoignis la grande salle. Toujours à moitié endormi, je m'assis sur un banc, en face d'une fille plutôt jolie. Curieusement, elle ne me lança même pas un petit regard, pourtant, j'étais sûr de lui faire de l'effet. Bon ok, j'avais l'air d'être une sorte de créature bizarre qui venait de sortir de sa tombe après un repos de deux siècles, mais tout de même, je restais toujours un beau gosse irrésistible, non? Ouais, bah apparemment je ne lui faisais aucun effet. Elle prit ses affaires et alla s'asseoir un petit peu plus loin, quelle garce.

Mais je ne restai pas seul très longtemps, mon ami Jake me rejoignit assez rapidement. Vu les grosses poches qu'il avait sous les yeux, il devait résister aussi bien que moi à la fatigue.

-Ouais... Je pète la forme...

Non mais est-ce qu'il m'avait bien regardé? C'était pourtant évident que je n'avais pas passé une bonne nuit, alors arrêtons un petit peu de me poser des questions aussi stupides. Ouais, j'avais oublié de dire que quand je me réveillais de cette façon le matin, j'étais toujours de mauvaise humeur, sauf s'il y avait une jolie jeune fille à mes côtés bien sûr. Mais comme ce n'était pas le cas... Soudain, alors que j'étais extrêmement concentré sur mon bol de céréales, j'entendis Jake remercier un certain James. Whaw, son cerveau ne devait pas marcher correctement me dis-je, il avait réussi à oublier le nom de son meilleur ami. Je me retournai alors, prêt à le corriger, lorsque je vis Potter, le mec qui nous avait légèrement sauvé la mise la veille. Peut-être qu'il s'attendait à ce que je le remercie pour ce qu'il avait fait, mais ce n'était pas mon intention...

Un vrai combat de coq, voilà ce qui se déroulait. Ils était là, deux contre deux, face à face. C'était troublant de ressemblance. L'un des deux type était en retrait par rapport à l'autre comme s'il y avait eu un leader dans chacun des binômes. De leur côté, James avait toujours été en retrait, non pas que Fred soit le leader ou le dominant, appelait le comme cous le voudrez. Juste qu'il était le plus arrogant des deux. James avait appris peu à peu à la fermer lorsqu'il pensait que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Il n'était pas du genre à chercher des noises comme ça par pur prétention. Mais il ne laissait pas Fred seul pour autant. Il restait là derrière, toisant par moment les deux autres, prêt à intervenir à son tour si besoin était. Un renfort si vous voulez, il surveillait les arrières de Fred, plus téméraire.
Il ne put réprimer un léger sourire amusé lorsque Fred et Jake se mirent à échanger quelques mots doux. Il jetait un oeil autour d'eux dans le couloir tandis que ces deux continuaient leur joute verbal.

De toute évidence, Jake entrait dans le jeu stupide de Fred qui allait s'en donner à cœur joie. Il se tourna vers James et le chopa par le haut du jean en tirant doucement dessus. « Fais voir tu m'as caché ca ?.. Ah bah non, ya pas de doute... » Fit-il tandis que James souriait de plus belle à la connerie de son meilleur ami. Fred vérifia ensuite dans son jean et releva la tête vers le duo adverse.

« Une deux trois et quatre.. Je crois que le compte est bon. Par contre chez vous, on direz que les couilles sautent une génération, dommage que vos pères en aient eu. » Ajouta-t-il avant qu'un craquement ne se fasse entendre. Le cœur de James fit un petit bond. Les quatre jeunes garçons se figèrent sur place et la joute verbale fit place à un silence de cathédrale. James se mordit la lèvre inférieur et chuchota à Fred qu'il vaudrait mieux s'en aller. Celui-ci fit un geste pour signifier que ce n'était surement rien mais préféra tout de même se taire Ce qui arracha un énième sourire à James qui posa son index sur ses lèvres à l'encontre des deux autres.

« Elèves hors des dortoirs ! Elèves dans les couloirs ! » Fit la voix retentissante de Rusard dans un couloir adjacent. Dès lors James choppa Fred par le polo et l'attira avec lui vers la sortit du couloir. Ce dernier ne peut s'empêcher de balancer un « on se reverra bande de lâches ! » avant d'exploser de rire et de suivre James qui était déjà loin. « Attend moi Flash ! » James explosa de rire et se retourna un peu vers Fred qui finit par le rattraper.
Rusard à leur trousse, les deux duos avaient pris une direction de fuite différent. Il faut bien dire que ce château avait l'avantage d'être un véritable labyrinthe. Rusard n'avait jamais été le plus rapide des types mais il valait mieux se méfier de l'eau qui dort. James se stoppa alors nette, écoutant calmement. Fred lui demanda ce qu'il foutait et James le fit se taire un instant. Les pas résonnaient encore autour d'eux et James ne tarda pas à en apercevoir la source. Les deux autres venaient d'apparaitre à l'autre bout du couloir. Ils se toisèrent un temps et Rusard fit à son tour son entrée au milieu du couloir, entre les deux groupes.
Voilà ce qui s'appelait faire diversion sans le vouloir. Rusard ne pourrait se couper en deux et par chance, ce fut l'autre duo qu'il choisit de poursuivre. James et Fred repartirent de plus belle à l'opposé et Fred attira James dans une salle de classe dont il venait de cliqueter la poignée, s'apercevant comme par magie qu'elle était restée ouverte. La salle de potion. Quel meilleur endroit que celui-ci pour trouver refuge ? Du moins pour James, c'était une aubaine. Ils entrèrent et refermèrent derrière eux avec grande discrétion avant de se caler contre le mur, assis.
Des pas se firent entendre dans le couloir. James était sûr qu'ils étaient deux. C'était forcément Jake et Jaden. Le contraire semblait étrange. Il se leva et s'approcha de la porte.

« Qu'est ce que tu fais ? T'es malade ? » Fit Fred à l'encontre de son meilleur ami qu'il avait du mal à suivre à ce moment. « On va pas les laisser se faire choper ? » Répondit James en posant sa main sur la poignée. Le temps pressé, les pas se rapprochaient encore. « Non mais tu déconnes ? C'est nous ou eux, tu te rends compte ? Jimmy, si on finit en retenue à cause de toi, jte cannarde ta tête au prochain entrainement... » Fit-il en chuchotant comme s'il souhaitait hurler. James réfléchit un instant, les pas étant à seulement quelques mètres maintenant, il devait prendre la décision de suite, avant que les deux autres ne dépassent la porte. Il souffla un bon coup et ouvrit rapidement pour attraper l'un des deux qui s'avéra être Jake par le bras. « Par ici.. ». Il l'attira dans la salle de potion et Jaden suivit. Les deux garçons entrés, il referma la porte avec calme et écouta encore avant de se rassoir sur le sol contre le mûr à côté de Fred.

« Tu sais que des fois tu déconnes Potter ?.. » Fit son meilleur ami tandis que James posait sa tête en arrière, sur le mûr, fixant le plafond. « Ferme là Freddy... »
«Bah quoi ? je pensais pas les revoir de si tôt c'est tout. »

Jaden n’avait rien ajouté, il était situé à côté de moi, ses yeux emplis d’ébène scrutant nos adversaires. Son regard était aussi noir que l’animosité qui devait sûrement l’habiter. Pour l’instant, la situation n’avait pas changé. Nous étions quatre personnes divisées en deux groupes distincts sur des fronts différents. En face, Fred et James adoptaient le même comportement : tous deux nous fixaient intensément tandis que le premier parlait. Le second lui, semblait neutre, ou du moins, perdu dans d’obscures pensées.

Ce fut alors que Weasley répondit à notre échange de provocations futiles par une série de blagues qu’il désirait certainement drôle. Bien évidemment, il n’était pas difficile de remarquer que son humour se rapprochait un peu plus de celui apparenté à l’asile psychiatrique qu’autre chose. Tout de même, il fallait avouer qu’il avait le don de se mettre excellemment bien en scène. Certes, c’était loin de notre niveau à Jaden et moi mais il se défendait. Communiquant de manière théâtrale avec James, Fred commença un petit manège qui devait avoir pour but de donner une certaine contenance à ses paroles.

- Fais voir tu m'as caché ca ?.. Ah bah non, ya pas de doute... Une deux trois et quatre.. Je crois que le compte est bon. Par contre chez vous, on direz que les couilles sautent une génération, dommage que vos pères en aient eu.

Mes traits se crispèrent quand il parla de mon père. A sa place j'éviterais de rentrer sur ce sujet-là, le retour de flammes serait regrettable. Et il ferait mieux de savoir que la provocation pouvait atteindre des proportions impensables avec moi, si l'on touchait la corde sensible. Je sentis même mes doigts, à l'intérieur de ma poche de jean, se poser sur ma baguette, prêt à la sortir à tout moment. Il valait mieux que je me calme, je ne voulais pas offrir à Weasley le plaisir de m'avoir touché. Afin d'y remédier je me reconcentrai sur autres choses dans sa phrase et tentai de jouer la carte d'une indifférence. Bon d’accord c’était plutôt bien trouvé et ajouté à sa sale tête de singe schizophrénique sa blague avait le mérite d’être marrante. Afin d'ajouter de la crédibilité à la scène, je lâchai un rire discret que je dissimulai immédiatement en étouffement ou toux inopinée. J’ajoutai alors dans la foulée.

- Je crois plutôt que si on les a pas c’est parce que tu nous les as bouffées hier soir et que t’as tellement kiffé que t’as pas voulu nous les rendre histoire d’apprécier un p…

A ce moment-là, coupant mes paroles, survint un bruit que je ne connaissais que trop. Le craquement des semelles poisseuses de Rusard sur le sol de pierre du château. Le son avait beau être minime, j’étais habitué à le reconnaitre depuis le temps que je le fréquentais. De toute évidence le concierge n’était plus très loin de nous désormais. Je fis un signe de tête à Jaden, qui semblait avoir également compris la source de l’apparition qui risquait de nous tomber dessus d’un moment à l’autre. Un rapide coup d’œil sur nos adversaires m’informa qu’ils étaient également aux aguets. Nous ressemblions à des représentations statuaires de l’entité qui nous animait quelques secondes auparavant. Comme si Rusard, tel une gorgone, avait pétrifié chaque partie vivante en nous. Alors le fameux cri, semblable à une alarme incendie et un grincement de craie sur un tableau combinés, retentit.

- Elèves hors des dortoirs ! Elèves dans les couloirs !

Je n’eus que le temps de lâcher un « eh merde ! » et de détaler à toute vitesse en compagnie de Jaden. La voix de Fred transcenda l’air mais je n’y portai pas la moindre attention. Si Rusard m’attrapait ce soir, je risquai une punition des plus exemplaires. Quatre retenus en moins de cinq jours. J’étais passé du nettoyage du parc à un décrassage des balais puis une aide aux elfes de la maison de la cuisine et enfin à une escapade forcée dans la forêt interdite. Bon, pour la dernière fallait avouer que ce n’était pas une vraie punition puisque la forêt me servait de jardin et que j’y allais assez souvent de mon plein gré. En tout cas, pour le coup, j’étais déterminé à ne surtout pas me faire avoir.

Nous traversâmes un couloir, bifurquâmes à plusieurs reprises, descendîmes des escaliers avant d’en remonter. Alors que je pensais être libre, nous débouchâmes sur un carrefour de passages. A l’autre bout de l’allée surgirent alors James et Fred, eux aussi en courant. Apparut alors le troisième membre, suivi de près par son espèce de raton laveur qui lui servait de chat. Trois duos donc. Six personnes qui, ce soir, risquaient de perdre des calories et de la sueur en courant à travers l’immensité de corridors que formait Poudlard. Je regardais Jaden avant de lui murmurer.

- Bon… Bad Boy… On est dans la merde. Vaudrait mieux qu’on se casse peut-être…

Il approuva immédiatement et nous fîmes volte-face avant de nous enfoncer dans les profondeurs obscures de Poudlard. Nous avions beau foncer aussi rapidement que nos corps athlétiques nous le permettaient, je percevais toujours le souffle de bœuf que produisait Rusard, signifiant que dans le dilemme des cibles à poursuivre, c’était nous qu’il avait choisi. Je traçais, Jaden sur les talons. De toute évidence nous étions au premier étage car l’escalier que j’avais devant moi n’était nul autre que le grand escalier de marbre. Je le descendis quatre à quatre, puis, une fois arrivé suffisamment bas, je sautai les dernières marches. Le bond produit fut prodigieux, et je me surpris moi-même en voyant les résultats procurés par l’adrénaline puissante et destructrice.

Mon cœur battait bruyamment à mon torse, je le sentais frapper contre ma poitrine dans un bruissement rauque. Mon souffle se faisait plus dur à mesure que la fatigue me gagnait. Je tournai à droite, me dirigeant vers les escaliers menant aux sous-sols. S’il y avait bien un endroit où Rusard n’aurait pas l’avantage, c’était bien en bas. Il existait suffisamment de salles et recoins secrets pour y cacher une armée entière sans être démasqué.

Nous sautâmes plus qu’autre chose, nos jambes se mouvant avec une agilité développée par la tension nous habitant. Ou du moins, c’était ce qui m’arrivait à moi. Une fois arrivé au sous-sol, je choisis un couloir en particulier. Celui conduisant au cachot numéro 2, salle de cours désaffectée. Il y avait au bout de cette allée un passage secret dissimulé à même le sol menant à l’autre bout des caves de Poudlard, c’était là mon but. Je m’enfonçai dans le couloir suivi par Jaden quand une chose me glaça les oreilles et le sang. Un miaulement sinistre m’avertit, tout au fond de l’allée. Miss Teigne était déjà en face et me barrait la route, et je n’avais nullement envie de me manger des coups de griffes, encore moins d’avoir à lui jeter des maléfices.

- Eh merde… C’est baisé.

Ma voix se perdit dans les murs froids. Mon plan était un échec, leur duo s’était séparé et nous avait tendus un piège dans lequel nous étions royalement tombés. Certes j’aurais pu foncer vers Miss Teigne et la contraindre à me laisser passer grâce à l’usage de sortilèges, mais à ce moment-là, je risquerais bien plus qu’une simple retenue. Alors la porte du cachot numéro 2 s’ouvrit, au moment-même où je passai devant elle. Un bras en surgit, m’attrapa et m’attira à l’intérieur. Il s’agissait de James, et il était avec Fred. Jaden me suivit, et je remarquai allègrement que la présence des deux autres ne lui plaisait pas à outrance. C’était loin de ne pas être aussi mon cas, mais je tentai d’afficher un relatif calme et une neutralité. Weasley discutait avec James en silence, dans leur coin. La seule parole que je saisis fut celle-là.

- Bah quoi ? je pensais pas les revoir de si tôt c'est tout.

Je le regardai avec un dédain particulièrement important. Autant James avait l’air sympa malgré tout, mais Fred alors, il méritait que je lui arrange le portrait à coups de stupéfix. Je sortis d’ailleurs.

- Quoi ? T’as peur que te retrouver avec deux gars feraient ressortir ton côté gay ? T’inquiète, c’est pas notre genre les mecs contrairement à toi.

Désolé mais il l’avait cherché. Même si j’étais reconnaissant envers James pour ce qu’il avait fait, je n’allais pas m’abaisser à faire la courbette à son cousin pour autant. Mais la reconnaissance n’était pas suffisante pour tout oublier, c’était certain. Cependant, un problème plus important se présentait et il fallait être assuré qu’il ait été écarté. Je collai mon oreille à la porte, mais aucun bruit ne se fit entendre. De toute évidence, Miss Teigne était bien au bout du couloir, mais pas suffisamment bien placée pour suivre notre entrée discrète dans la salle, ce qui me fit pousser un soupir de soulagement. Rusard semblait loin, puisque le bruissement de ses chaussures s’éloignait. Je regardai James, un fin sourire sur mes lèvres.

- Merci Potter. Mais heu… Pourquoi t’as fait ça ? On aurait sûrement pu s’en sortir autrement.

C’était faux, mais il n’était pas obligé de savoir que nous n’étions pas si infaillibles que ça après tout.

Nous faisions face, Jake et moi, à l'autre duo terrible de Gryffondor. La haine que je leur vouais ne venait pas du fait qu'ils étaient presque aussi célèbres que nous au sein de l'école, mais plutôt parce que cette petite équipe comptait un membre qui m'exaspérait au plus haut point, Fred. Ce mec, je ne pouvais tout simplement pas l'encadrer. Il débitait un nombre impressionnant de conneries en un laps de temps très court, si bien, que je me demandais comment son comparse pouvait le supporter. Enfin, je ne les connaissais pas personnellement, peut-être que James était comme son ami, un crétin fini.

D'ailleurs, l'opinion que je m'étais faite de lui ne semblait pas être fausse car le cirque qu'il fit prouvait bien qu'il était juste bon à enfermer. Franchement, de là à reluquer son meilleur ami pour répondre à une vanne lancée par un adversaire, il allait trop loin. Mais peut-être qu'il ne faisait pas cela uniquement pour plaisanter, oui, il était sûrement gay. En tout cas, cette petite mise en scène avait l'air d'amuser Jake qui faisait tout pour que cela ne se voit pas. Cependant, son petit stratagème de la fausse toux pour dissimuler un rire, il l'avait déjà fait cent fois et je commençais à le connaitre par coeur. Il semblait partager le même humour qu'eux, mais ce n'était pas mon cas.

Puis, Fred dépassa les bornes. Il pouvait m'insulter autant qu'il voulait, mais lorsqu'on touchait à ma famille, il était impossible pour moi de ne pas réagir. Mon premier réflexe fut de porter ma main à ma baguette, mais je me ravisai presque immédiatement. Non, ce n'était pas comme ça qu'il fallait que je procède, j'allais lui refaire la gueule façon Jaden Kay, ça allait faire très mal! Pour vous dire l'état dans lequel je me trouvais, je n'écoutai même pas la réplique que balança Jake, qui étonnemment, avait réussi à conserver son calme. Il avait sans doute plus de maîtrise que moi, je bouillonnais littéralement.

Soudain, des pas se firent entendre, mais j'avançais toujours vers Fred, le poing serré. J'étais bien décidé à lui démolir sa sale face de rat, pour lui faire passer l'envie de parler ainsi de mon père. Vous l'aurez remarqué, j'avais le sang chaud, et quand je me mettais hors de moi, quasiment personne ne pouvait m'arrêter. Je ne me foutais pas en rogne pour un rien non plus, mais cet enfoiré m'avait poussé à bout et il allait maintenant payer pour ça. Mais l'horrible voix du concièrge me rappela à l'ordre "Elève hors des dortoirs, élève hors des dortoirs" qu'il disait. Pauvre abruti, n'avait-il rien d'autre à faire que de venir nous déranger dans un moment pareil?

Jake me fit un signe de la tête et je sus immédiatement qu'il fallait que l'on s'en aille. J'hésitai pendant un court instant, avant de me raviser et de partir avec mon ami. Mais comme je ne savais pas quand j'allais revoir ces deux zozos, je leur adressai un dernier message. Je levai ma main en direction de Fred, le poing serré et le majeur levé.

Cet imbécile de Rusard avait un choix à faire. Soit il poursuivait James et son crétin de compagnon, soit c'était nous. Je vous laisse deviner lesquels d'entre nous il décida de pourchasser. Nous prîmes plusieurs couloirs, au hasard, Jake courait à côté de moi. On était plutôt rapide, le concièrge n'avait que très peu de chances de nous attraper, mais je ne relâchais cependant pas ma garde. Avec lui, on ne savait jamais à quoi s'attendre, on s'en était rendu compte à plusieurs reprises déjà. Mon meilleur ami se tourna vers moi à un moment donné, pour lâcher une réplique complètement inutile.

- Bon… Bad Boy… On est dans la merde. Vaudrait mieux qu’on se casse peut-être…

-Nan, t'es sûr? Répondis-je

Il n'y était pour rien, mais j'étais vraiment de mauvaise humeur et je pense qu'il avait dû le remarquer maintenant. Je ne saurais vous dire combien de temps la course-poursuite dura, mais en tout cas, j'étais à bout de souffle. C'était sans doute la seule qualité que j'avais décelé en Rusard, la ténacité. Cet homme ne lâchait jamais rien, nous avions au moins ça en commun. Au final, nous finîmes piégés par Miss Teigne, l'abominable chatte du concièrge. Je sortis ma baguette sans réfléchir, prêt à lui balancer un sortilège. La colère m'aveuglait sans doute car ce que je m'apprêtais à faire allait sans doute me valoir une expulsion pure et simple de Poudlard.

Une porte s'ouvrit soudainement. Jake et moi, nous nous engouffrâmes instinctivement dans la salle et je découvris avec horreur l'identité des personnes qui venaient de nous sortir de ce mauvais pas. James et son accolite, bordel, est-ce que j'étais en train de rêver ou? Jake s'empressa de remercier Potter, ce qui ne fut pas mon cas.

Etonné, Fred avoua qu'il ne pensait pas nous revoir de si tôt, je devinai alors que l'initiative de nous sauver la mise ne venait pas de lui.

-Mon poing dans ta gueule par contre, c'est maintenant!

Je traversai la pièce en un instant, prêt à lui décocher une droite dont il se souviendra certainement. Mais Potter s'interposa, est-ce qu'il voulait que je l'arrange lui aussi?

-Ecarte-toi Potter, t'as beau nous avoir sauvé, je n'hésiterai pas un seul instant à te démolir toi aussi

James s'était rassis contre le mûr presque immédiatement après avoir attraper Jake dans le couloir et l'avoir attiré avec son acolyte dans la salle de potions. Il avait encore du mal à croire qu'il les avait sorti d'un mauvais pas. Il avait encore du mal à comprendre ce qui lui avait pris. Alors que Fred et lui étaient à l'abri, il avait fait le choix de sauver la mise aux deux autres, en prenant le risque que Rusard leur tombe dessus, une fois qu'il aurait perdu ses deux premiers lièvres. Il faut avouer que ce n'était pas habituel chez James. Fred commença d'ailleurs à le lui reprocher de façon taquine comme il savait si bien le faire. A première vue, nulle doute que les gens attribuaient le leadership de leur duo à Fred qui la plupart du temps, prenait la parole. Pourtant, il apparaissait clair, et cette situation en était la preuve, qu'aucun des deux garçons n'avait le dessus sur l'autre. Ils faisaient toujours tout ensemble, aussi simplement que possible, sans jamais que l'un ne donne un ordre à l'autre. James avait beau être moins arrogant que Fred, et donc, bien souvent le laisser parler, il ne se laissait pas marcher dessus et répondait au semi-attaques de son cousin, comme il se doit. C'est ainsi qu'un « ferme-la » jailli de ses lèvres. La réponse de Fred soutira un léger rire à James qui secoua la tête avant de regarder son cousin.

« T'es con... T'en rate pas une toi. » Fit-il avant d'être coupé par Jake qui venait de s'emballer à cause de Fred de nouveau. James préféra ne pas relever et se contenta de lever les yeux au plafond. Un silence plutôt lourd s'installa et Jake se colla à la porte pour écouter un instant avant de se décontracter. James venait de sortir quelque chose de sa poche et déconnait avec son cousin sur la marchandise. Il porta la chose en forme de cône jusqu'à ses lèvres et l'alluma. George avait découvert ça chez les moldus, d'après Fred. Eux appelaient cela cigarette lorsqu'elle n'avait aucun effet drôle et une variante nommé pétard avait un petit effet qui aurait pu, de très loin, ressembler à de la mauvaise magie. Ni une ni deux, George s'était emparé du concept. Pourquoi faudrait-il que toutes les bonnes choses se mangent ou se boivent ? C'était ce qu'il avait dit avant de filer et de revenir quelques jours plus tard avec un cône dans la main. Il se l'était allumé, faisant par la même occasion peur à Roxanne sa fille, sous les yeux émerveillés de son fils qui lui trouvait l'idée absolument génial. Il en fit de tous les goûts un peu comme les dragées surprises de Bertie Crochue. Il en fit des paquets, comme les moldus et y glissa quelques farces. En effet, Fred et James, qui furent les premiers à expérimenter eurent quelques surprises. Certains cônes étaient munis d'un pétard, d'autres prenaient littéralement feu, d'autres encore partaient en feu d'artifice... Autant dire qu'il n'y avait pas que le goût qui pouvait être surprenant. Bien sur, tout effet nocif sur la santé et toute addiction avait été exclus du produit.
Le paquet contenait 20 Sweet'Smog. George n'avait pas expliqué immédiatement le pourquoi du nom de sa nouvelle trouvaille. Mais James et son cousin avait très vite compris. Cette chose se fumait, pouvait être d'une multitude de goûts différents, délicieux ou absolument immondes et rendait parfois complètement euphorique, d'autre fois complètement dans le cirage... Et en effet, le « smog » est un mot-valise composé en fait de deux mots, « smoke » et « fog », fumée et brouillard. Le « Sweet » venant rappeler que ces cônes restaient tout de même des douceurs. A l'instant ou James comprit, il fut admiratif du travail de son oncle. Il fut impressionné.

C'était cette chose étrange que James venait de porter à ses lèvres et Fred en fit autant presque immédiatement. Le produit, pas encore commercialisé leur avait été confié par George afin d'en évaluer l'impact commercial. Il n'était pas étonnant de voir James et Fred vendre en avant première les nouvelles trouvailles du jumeau Weasley. Bien sur, il avait ordre d'en faire quelques bénéfices, de rester discret et de tenir George au courant des ventes. Il ne faisait nul doute que celle la se vendrait comme des chocogrenouilles.
James souffla un bon coup et alluma sa Sweet'Smog en fermant les yeux à la première bouffée. Fred l'observa avide de connaître le goût sur lequel son ami serait tombé. Un large sourire illumina le visage de James avant qu'il n'ôte la douceur de ses lèvres.
« Framboise mentholée... » Fit-il.

Jake avait cependant posé une question avant qu'il ne s'allume sa Sweet'Smog et James leva les yeux vers lui afin de répondre.
« Oui sans aucun doute Jake... » Fit-il pour ne pas ranimer les animosités. Fred n'était pas aussi sage. Lui envoya une nouvelle fois balader les deux garçons et c'eut le don d'énerver Jaden qui s'approcha dangereusement du cousin de James.
James se leva aussi vite qu'il pouvait en le voyant s'approcher avec son air mauvais et s'interposa entre le Gryffondor et son cousin. Jaden le menaça et James le toisa, plutôt amusé. Jaden croyait-il vraiment qu'il suffisait de grogner pour l'effrayer ? Peu importe. Le moment n'était pas à l'affrontement physique.

« Tu veux vraiment qu'on fasse un raffut du diable dans cette foutu salle et que Rusard nous repère ? Tu es plus intelligent que ça. Il vaut mieux qu'on garde le calme pendant un temps. Rusard finira par se lasser. Et je ne te laisserais pas taper sur Fred, avec ou sans Rusard dans les parages. » Fit James aussi calmement qu'il le pouvait. Il n'aimait pas se battre. Mais lorsqu'il sentait le tension monter, il se tenait prêt, au cas où un coup partirait.
Il sortit son paquet de Sweet'Smog et en tendit une à Jaden.
« Tiens goûte plutôt ça. » Il en fit de même avec Jake avant de revenir s'assoir à côté de Fred qui déjà s'envolait au pays des merveilles.

La situation commençait à s’envenimer à mesure que la tension grimpait en flèche. A côté de moi, Jaden bouillait. Ses traits étaient contractés et sa mâchoire semblait prête à décocher des coups de dents surpuissants. Je le surveillai sur le côté, tout en gardant un œil sur James et Fred tandis que mes oreilles, elles, se concentraient plutôt sur la porte, veillant à ce que personne ne nous surprenne. Mais voilà, il fallait que Weasley continue sa provocation, ce qui eut le don de mettre mon ami hors de lui. Je l’avais déjà vu tout à l’heure, prêt à lancer un sort dont le provocateur ne se remettrait pas, mais il s’était arrêté quand Rusard avait fait des siennes. Si le concierge n’était pas venu… Cela aurait pu dégénérer en un duel en plein cœur de Poudlard. Deux duos face à face, et les perdants auraient obtenu un aller simple pour rendre visite à Mme Pomfresh.

Je vis alors James sortir une chose que je connaissais bien et la porter à ses lèvres. Elle ressemblait étrangement à une cigarette, mais pourtant, elle était plus colorée. Potter alluma le fin bâtonnet et je m’attendais à sentir cette horrible odeur de nicotine et de fumée que j’avais tant connue avec ma mère à une époque. Mais il n’en fut rien. A la place, ce fut une fragrance parfumée et fruitée qui embauma légèrement la pièce, à mesure que les fines volutes de fumée s’élevaient dans la pièce. Cette découverte me décontenança au moment où je me rappelais que Fred était le fils de George Weasley, propriétaire du magasin Farces pour Sorciers Facétieux, et que son père avait la réputation d’inventer toutes sortes de choses plus ou moins utiles. J’étais d’ailleurs moi-même un client de premier ordre à ses produits, me fournissant toujours chez lui quand j’avais besoin de réaliser mon « passe-temps ». Je devinai donc que ce fascinant objet venait de là-bas.

Mais là, Jaden devenait complètement incontrôlable, si bien qu’il s’avança en direction de Fred, bien décidé à lui montrer que la condition de sorcier n’empêchait pas une bonne vieille bagarre virile. Je devais le maintenir, mais n’en fis rien. Fred le méritait largement de toute façon. Et, si jamais besoin en était, je mettrais également mes poings dans la partie. Ce fut à ce moment-là que James se leva et se plaça entre Fred et Jaden.

- Tu veux vraiment qu'on fasse un raffut du diable dans cette foutu salle et que Rusard nous repère ? Tu es plus intelligent que ça. Il vaut mieux qu'on garde le calme pendant un temps. Rusard finira par se lasser. Et je ne te laisserais pas taper sur Fred, avec ou sans Rusard dans les parages.

Je me levai à mon tour et me plaçai cette fois entre Potter et Jaden, afin d’éviter que quelqu’un d’entre nous fasse une erreur regrettable. Certes, j’étais prêt à me battre si le moindre signe d’hostilité apparaissait, mais il valait mieux tenter une cohabitation pacifique. Je lâchai à l’encontre de mon meilleur ami.

- T’inquiète Jad’. Laisse courir… Pour ce soir au moins, parce que là… Vaut mieux qu’on évite le fight.

Je savais qu’il était impulsif, et que moi, je parvenais à réfléchir un peu plus et garder mon calme. Ce qui faisait ainsi notre complémentarité et nous rendait inséparables. La force de notre duo résidait dans la confiance que chacun éprouvait en les capacités de l’autre, chacune de nos faiblesses était palliée par les qualités possédées du second. James, afin de détendre l’atmosphère certainement, tendit une de ses clopes à Jaden avant de se tourner vers moi. J’en pris une, curieux de voir ce qu’elle contenait. Je ne reprochais rien à James, il était assez sympa, mais le comportement de Fred méritait des claques et il finirait par en manger à force. Ouais… c’était vrai… Nous aussi on pouvait être des têtes à claques des fois, mais c’était largement excusable, vu qu’on était la Team Rocket. Je rigolai intérieurement en repensant au nom de notre duo de choc. Nous l’avions trouvé alors que nous travaillions sur un dessin animé, en étude des Moldus. Pokimoun ou un truc du genre. Et la fameuse Team Rocket était un groupe d’une classe incomparable. Comme nous en fait.

J’allumai la cigarette d’un coup de baguette magique, l’utilisant comme un briquet après qu’un minusculeIncendio en ait jailli. J’inhalai alors la substance ainsi produite, remarquant avec stupeur le mélange de parfums se diffuser, aussi bien dans la pièce que dans ma bouche. Je constatai alors que la chose m’apaisa. Un peu comme l’affirmaient les Moldus qui juraient que fumer allégeait leurs nerfs, j’eus l’impression que ce bâtonnet coloré dissipait mes tensions.

- Waouh ! C’est bon ce truc. C’est quoi ?

Je jetai un coup d’œil à Jaden, lui aussi avait eu une clope, mais semblait moins enclin que moi à retrouver son calme. Pourtant, on le devait. Cohabiter ici, le temps que Rusard change d’endroit à surveiller, était l’unique solution qui nous permettrait de ne pas nous faire prendre. Mais la tâche s’annonçait ardue, surtout quand quatre garçons, à la fierté grosse comme un ballon, et rivaux de surcroit, en étaient les protagonistes. Je m’assis par terre, en position « beau gosse D », celle que j’utilisais quand j’attendais quelque chose. Un bras contre le pied d’une table, l’autre sur mon genou, tandis que mes jambes étaient repliées avec un angle d’environ quatre-vingt degrés. Le fait de ne pas donner une parfaite perpendicularité donnait plus de réalisme à la position, afin que les filles ne se doutent pas qu’elle était faite exprès pour se la péter... Ouais, ce n’était pas très utile quand on n’était qu’avec des mecs. Mais ce travail sur ma posture avait été si important qu’il m’était désormais naturel et intuitif de me comporter de la sorte.

Mais soudain, la situation changea totalement. Les bruits de pas se refirent entendre, et mon sang se glaça. A nouveau le raclement du cuir sale et rapiécé sur le carrelage froid des sous-sols. Je vis une ombre, à travers l’interstice sous la porte, se rapprocher lentement… Très lentement. A la manière d’un film d’horreur. Je lançai un regard en direction de Jaden, puis de James, et enfin Fred. Tous, nous nous étions tus. Puis, quasi-simultanément, nous nous déplaçâmes, dans un silence félin. Nous prîmes des directions différentes, si bien que je ne sus ce que firent les autres. Pour ma part, je m’engageai à travers une rangée de bureaux et de chaudrons rouillés. A quelques mètres de moi se trouvait Jaden, avant qu’il ne bifurque vers un autre lieu. Je rampai jusqu’un fin espace sous une table. Le passage était étroit mais je parvins à m’y engouffrer, tant bien que mal. Voilà où résidait l’avantage d’être musclé mais également mince, je pouvais me dissimuler plus facilement. Cette cachette me semblait la plus idéale, et à ma portée de surcroit.

J’entendis alors la porte s’ouvrir, et les bruits de pas se rapprocher. Je fis ma respiration plus lente et discrète, à mesure les battements de mon cœur s’accéléraient. J’étais seul, sous ma table… Et pourtant, mes pensées ne furent pas dirigées uniquement sur moi. J’espérais que Jaden ait pu trouver une cachette efficace… Je me surpris même à m’inquiéter pour James et Fred… Ils ne méritaient pas de se faire choper, ils nous avaient sauvés… Mais là non plus, je n’avais aucune certitude. Nous étions quatre… Quatre garçons attendant le dénouement quant au résultat de la fortune et du destin.

Jaden n'avait pas supporté la dernière réplique de Fred. James l'avait trouvé amusante, comme toujours. Il n'était pas du genre à se prendre au sérieux et les quelques fois ou son air devenait grave, ou sa joie de vivre l'abandonnait pour des considérations plus déplorables, Fred m'était un poing d'honneur à lui remonter le moral, à le divertir en disant ou faisant des conneries. Le père de James, Harry, avait rapporté à son fils qu'hormis sa ressemblance abrupt avec grand père James, il semblerait que parfois les rôles s'inversent, Fred devenant ce que James Sénior était pour Sirius Black à leur époque. Harry aimait à raconter cette histoire pourtant peu glorieuse de son père martyrisant Severus Rogue simplement pour divertir son ami Sirius Black, d'une mine morose parfois. Fred avait parfois ce rôle avec James Junior. Il égayait ses jours tristes.
Fred n'avait même pas pris la peine de se lever pour faire face à son ennemi qui de toute évidence avait envie de lui décocher une droite. Peut-être parce qu'il faisait preuve d'une nonchalance à toute épreuve ? Peut-être parce qu'il savait que James empêcherait Jaden de le toucher ? Peut-être un peu de tout ça.
Et comme Fred l'avait peut-être anticipé, James s'était levé dès lors qu'il avait vu Jaden s'approcher dangereusement. Il s'était interposé et s'était tout aussi convaincant et menaçant que lui si ce n'est qu'il n'était pas du tout énervé lui. Jaden lui était en rogne de toute évidence. James savait faire comprendre qu'il pouvait se mettre en colère aussi, surtout si on touchait à son cousin, et ce, sans montrer le moindre zeste de colère dans ses mots. Son visage parlait pour lui. La mâchoire s'était serré légèrement et son regard était moins rieur qu'à l'ordinaire. Par chance, le combat n'aurait pas lieu. Jake, peut-être parce qu'il se sentait redevable, ou peut-être parce qu'il était d'accord avec James, lui porta main forte et calma à son tour son ami.

James sourit après avoir servit le duo ennemi en Sweet'Smog et vint se rassoir près de Fred, sur le sol. Il posa sa tête en arrière contre le mûr et fuma tranquillement. Il ferma les yeux et se laissa emporter par la douceur de sa cigarette. Il joua avec la fumée, s'amusant à faire des volutes rondes et se détendit complètement tout en écoutant les conneries de Fred. Il ouvrit les yeux pour regarder la posture de Jake que Fred décrivait et ne put réprimer un léger rire. Il était vrai que c'était plutôt ridicule. Jake passait tellement de temps à se construire un personnage que ç'en était risible. C'était peut-être là l'une des grandes différences. Jake passait son temps à surveiller chaque détails de sa posture de son habilement et de ses mots tandis que James et Fred eux gardaient leur naturel. Et ce naturel plaisait assez pour qu'ils n'aient pas à en faire des tonnes. Jaden était un peu différent de Jake à en croire son comportement. Il était plus mystérieux, moins contrôlé, plus impulsif et naturel.

"C'est des Sweet'Smog, dernière invention de mon oncle George, le père de Fred. Profitez-en elles ne seront pas commercialisées avant un bon moment. On est les testeurs. Vous avez eu quels goût ?" Fit James préférant répondre à la question de Jake plutôt que de relever plus encore la remarque de son cousin.

Des bruits de pas se firent entendre dans le couloir créant des ombres juste sous la porte. Un silence de tension s'installa alors et James assis juste à côté de la porte se pencha pour y jeter un oeil. Il vit les autres commencer leur chemin vers les différentes planques et en fit de même après s'être délicatement décollé du mûr sur lequel il s'était reposé. Il se cacha derrière le chaudron le plus volumineux de la salle et écrasa sa cigarette. D'un battement de main il fit s'évaporer les volutes de fumée restante et se posa contre le chaudron pour jeter un œil aux autres. Le premier qu'il chercha des yeux fut bien entendu son cousin. Il le trouva derrière une table et lui fit un clin d’œil. S'ils tombaient, c'était ensemble. Et la porte s'ouvrit. Ce Rusard était plus futé qu'on avait coutume de le décrire. Il avait ouvert la porte avec véhémence et s'était approché. Il fit quelque pas et s'approcha dangereusement des tables sous lesquelles Jake et Fred s'étaient dissimulés avant de se diriger vers le chaudron impressionnant derrière lequel James avait choisi de se dissimuler. James retint sa respiration lorsqu'il vit le bout de la chaussure rapiécé du concierge juste à sa droite. Il déglutit difficilement et entreprit de tourner légèrement autour du chaudron. Aussi écouta-t-il précieusement les mouvements de leur bourreau. Il pivota autour du chaudron et attendit un temps tandis que Rusard s'était arrêté, observant les lieux et écoutant lui aussi le silence pesant.
James pensa à mille plan de repli et le plus pertinent lui sembla être celui ou il lançait un petit sortilège à miss Teigne afin de faire ressortir Rusard. Mais c'était déjà trop dangereux. Le risque était grand. Ils étaient pris au piège, et devait attendre, patiemment et avec espoir que le concierge perde ses soupçons.
Les pas de Rusard s'éloignèrent de nouveau et se dirigèrent vers l'endroit où le dernier garçon avait trouvé refuge. Jaden. James croisa les doigts pour qu'il ne se fasse pas repérer non plus. La tension était insoutenable.
Rusard s'attarda alors encore une fois avant de filer. James re-pivota autour de son chaudron salvateur et souffla lorsque la porte se referma. Il jeta un œil à Fred et commença à bouger lorsque son cousin lui lança un regard inquiet et lui intima d'un geste, l'idée de rester où il était.
Et Fred avait eut le nez creux. La porte s'ouvrit de nouveau violemment. Malin ce Rusard. Il aperçut de nouveau une salle vide et emplie de quiétude et partit cette fois pour de bon à priori.
James gratifia son cousin d'un léger sourire puis attendit un peu, par sécurité.

Je percevais les battements de mon cœur tambouriner à ma poitrine tandis que la moiteur de mes mains les faisait se coller au sol froid et dur de la salle de classe. Le fait de me faire attraper n’était pas la raison de mon état de stress actuel. Non, en fait il s’agissait de la fréquence de mes retenues qui commençait sérieusement à m’inquiéter. Malgré tout, je n’étais pas spécialement avide de passer mes journées à nettoyer des pièces et surtout faire perdre des points Gryffondor. Ma maison ne pas remporter la coupe de fin d’année ? Cela sonnait comme une défaite personnelle et il était hors de question que je perde, dans quelque domaine que ce soit.

Le raclement des chaussures du concierge me tira de mes réflexions. Je me mis à écouter attentivement la démarche de Rusard, tentant de percevoir une certaine logique dans ses déplacements et ainsi pouvoir me décaler en toute discrétion si besoin se présentait. Mais il n’en fut rien car il passa à proximité de ma table et s’en écarta sans me voir. Me fiant toujours à mes sens auditifs et délaissant l’aide de mes yeux rendus inutilisables, je déduisais l’itinéraire choisi par Rusard. Il s’éloignait et apparemment, longeait une rangée de tables après avoir bifurqué à droite. Ma droite à moi. A moins que ce ne soit à gauche. Dans tous les cas ça revenait au même : le prédateur s’en allait, passant outre la victime dont, pour une fois, j’endossais le rôle.

Les secondes s’allongeaient, les minutes devenaient interminables. L’effet produit par l’arrivée de Rusard avait augmenté la tension présente sur scène à un niveau inattendu. Je m’adossai au pied de la table et tentai de recroqueviller mes jambes sur elles-mêmes tout en essayant de récupérer une respiration proche de la normalité. Malheureusement cette tâche s’annonçait comme loin d’être aisée. Et s’il trouvait quelqu’un là, maintenant ? La première réaction de Rusard serait de l’attraper et de redoubler d’efforts dans ses recherches, réduisant grandement les chances des autres de s’en sortir. Dans ce cas, nous serions tous en retenue et Gryffondor connaitrait un retrait de points épouvantable. Quatre mecs, quatre habitués aux punitions, quatre malus au sablier de rubis. Mais d’un autre côté, si ce blaireau de Fred pouvait se faire choper ça m’arrangerait largement. Il me suffirait de faire diversion et de me barrer en courant. C’était une perspective alléchante mais irréalisable et irrationnelle. Ils avaient beau nous avoir sauvés la mise, j’étais persuadé que Weazmoche n’y était pour rien. J’avais réussi à cerner le caractère des deux cousins et il ne fallait pas beaucoup de temps pour remarquer que James était un mec largement plus sympa.

Fred lui… Eh ben… Disons qu’il méritait plutôt un traitement basé sur le déferlement de gifles. Et je me voyais très bien jouer au docteur en fait. Après ça à mon avis, il obtiendrait une amabilité presque satisfaisante et peut-être même qu’il en deviendrait fréquentable. Malheureusement, mes espoirs de voir Fred se faire attraper par Rusard furent réduits à néant au moment même où j’entendis la porte se refermer. C’était un mal pour un bien, force était de l’avouer : le plus important était réglé puisque nous nous en retrouvions sauvés. Et pourtant, ma respiration ne s’était pas calmée. J’avais beau la concentrer et tenter de la rendre inaudible, elle était toujours pesante et mon cœur frappait ma poitrine. A la manière d’un avertissement, ou d’un présage affirmant que les problèmes ne s’étaient pas miraculeusement évanouis.

Je fermai les yeux et poussai un souffle plus profond. Et soudain, brusquant le calme apparent qui commençait à se réinstaller, la porte s’ouvrit à la volée, comme propulsée par une tornade, et je parvins à entrevoir la tête de Rusard à travers l’interstice de la table. Mon intuition ne m’avait pas trompé : le concierge avait été suspicieux. Mais apparemment, le manque de changement de la pièce avait mis fin à ses doutes et le concierge referma la porte en prenant soin cette fois de ne pas l’abimer, tel un prêtre chérissant une idole divine. Quelques minutes s’écoulèrent, ou du moins un laps de temps qui y ressemblait, et je lâchai… Plus par stress ou plaisir de recouvrer un semblant de quiétude qu’autre chose.

- Weasley, tu veux pas aller donner ton cul à Rusard ? Ça fera d’une pierre deux coups : t’auras ta dose quotidienne et nous on pourra partir tranquilles.

Je ne me rendis compte que trop tard de ma réplique. Je tentais de ramener le calme et une réaction inconsciente risquait de remettre le feu aux poudres. Mais en même temps j’en avais marre de m’effacer. Fred semblait se croire tout permis et je devais avouer que, niveau provocation, il était allé beaucoup plus loin aujourd’hui. Ce n’était qu’un juste retour des choses. Légèrement inapproprié à la situation je le savais, mais d’un autre côté les remarques de cet abruti m’énervaient au plus haut point. Comment Claire avait-elle réussi à sortir avec une merde pareille ? Cette incompréhension m’agaçait et me frustrait. D’autant plus que, d’après ce qu’on m’avait raconté, c’était ce con-là qui avait mis fin à leur relation. Tsss. Franchement il finirait par les manger ces claques.