Caleb fut un garçon sans bruit. Son séjour à l'orphelinat fut des plus sereins. Il n'eut pas d'ennui avec les autres orphelins et fut bien souvent, bien au contraire, source d'apaisement. Très pacifique, il n'était pas du genre à ouvrir les hostilités mais plutôt à fuir les conflits. C'était un enfant tout ce qu'il y a de plus normal, si ce n'est qu'il n'avait pas de parent, pas de famille. Il s'attacha tout naturellement à la petite fille qu'était Arianna, la considérant un peu comme sa sœur, sa meilleure amie, sa confidente, voire plus par moment. Ils grandirent ensembles.
Caleb était un enfant réfléchis, calme, serviable et fragile. D'après les gouvernantes, il n'était pas rare qu'elle le trouve morose, perdues dans ses pensées. Dénué de toute méchanceté, il apparaissait comme un garçon fragile, vulnérable. Pourtant, il n'était pas du genre à se laisser faire non plus. Mais il n'employait jamais la violence, si ce n'est pour se défendre après que le premier coup soit parti. Sa force à lui, c'était les mots. Très intelligent, il savait calmer les ardeurs des plus véhéments et apaiser les tensions. Il savait aussi affirmer ses opinions sans les imposer aux autres. Il n'avait pas besoin de savoir que les autres étaient d'accord avec lui. Il n'avait pas besoin d'imposer ses idées. C'était un petit garçon qui se forgeait ses idées seul, à force de lecture, questionnant toujours le plus longtemps possible avant d'en tirer quelques conclusions hâtives.

Il doit ses instants de tourments et d'introversions qui le rendent parfois si mystérieux aux nombreux silences et incertitudes qui l'ont tourmenté toute son adolescence et durant sa vie d'adulte. Ce n'est qu'après son entrée à Poudlard que son besoin de trouver des repères, de connaître une part de vérité, de savoir qui il était et d'où il venait, est apparut. C'est durant cette période qu'il a commencé à se poser réellement des questions et où l'absence de réponse la rendu quelque peu fou. Il s'est renfermé par moment, à la recherche désespérément d'une vérité sur lui-même, d'un petit quelque chose qui lui dirait qui il est.
Excellent en potions et appartenant à la maison de Salazar Serpentard, il se rapprocha tout naturellement de son professeur et directeur de maison, Severus Rogue. Ses relations avec ce derniers furent plutôt étrange. Il se souvint pendant longtemps du jour de sa répartition. Il s'était avancé vers le tabouret et le choixpeau magique l'avait coiffé avant de l'envoyer sans aucune hésitation chez les Serpentards. Il avait alors rejoint la table de ceux qui déjà l'acclamait et avait jeté un oeil vers celui qu'Arianna lui avait décrit comme extrêmement sévère et directeur de sa nouvelle maison. Le regard de cet homme lui avait glacé le sang et il avait déglutit difficilement en soutenant son regard un instant avant de baisser la tête. Les premiers cours avaient été tout aussi effrayant.
C'était comme si ce professeur n'avait jamais eu de cœur à battre sous sa poitrine, il y avait dans sa voix plus de glace que dans n'importe quel pays polaire. Il était droit, fier, sec et au combien impressionnant. Caleb eut bien du mal à garder ses moyens lors des premiers cours. Mais il s'imposa rapidement comme le meilleur élément de la classe en matière de potions et prit plus d'assurance avec ce professeur qui dès lors n'aurait surement rien à lui reprocher.
Avec le temps et toujours avec beaucoup de respect, de retenue et de courtoisie, il approcha le statut d'élève particulier, d'apprenti pour le professeur qu'il considérait déjà comme son mentor.
Son statut de directeur de Serpentard aida cette relation qui pourtant resta à la fois distante et rassurante.
Caleb avait l'impression que cet homme pouvait lui accorder du temps, même l'écouter le soutenir, à condition qu'une certaine distance soit conservée et qu'il n'en demande pas trop. Il n'avait pas le droit de poser des questions à cet homme qui ne désirait pas être connu, qui n'était pas homme à se confier. Caleb respecta presque toujours cette règle dès lors qu'elle fut posée.

Il apprit tout ce qu'il pouvait apprendre aux côtés de son professeur, buvant ses paroles comme un chrétien aurait écouté l'évangile. Il y eu quelques moments étranges où le garçon se sentit plus proche de son professeur que de quiconque d'autre. Et puis d'autres moments où il surprit Rogue à chercher ses mots.
Caleb comprend seulement maintenant avec une parfaite clarté ce que signifiaient ces moments qu'il n'avait su nommer avant la révélation.

Il a quitté Poudlard plutôt satisfait, ayant eu ses diplômes avec de bons résultats générales et donc les portes de l'hôpital Sainte Mangouste toutes ouvertes pour l'accueillir en son sein et le former. Il se fit vite une place, sérieux, ponctuel et avec son esprit d'initiative, il devint très vite un bon élément, sur lequel ses supérieurs pouvaient compter sans conditions. Il prit son travail très à cœur, c'est plus qu'un job pour lui. Il aime son travail et ne compte pas ses heures.

Jusqu'à aujourd'hui, il vivait toujours dans l'attente d'une vérité, de sa vérité. Pourtant, cette vérité qu'il a tant attendue vient de faire voler sa vie en éclat. Oui il comprend qui il est, d'où il vient. Il comprend mieux qui était Rogue pour lui et pourquoi ils ont été si proche. Il comprend également mieux ses capacités en potions et son orientation professionnel. Mais Arianna a perdu la tête. Elle est sorti de sa vie aussi vite qu'elle y était entrée. Il a perdu une amie.
Une guerre l'attend apparemment, mais il ne veut pas y prendre part, il n'a jamais était un soldat, un combattant ou pire un leader. Il n'a pas cela dans le sang. Il n'a pas appris à donner des ordres et encore moins à se battre. Il ne veut pas avoir à faire face à cette destinée qui tente de s'imposer. Il ne refuse d'affronter celle qu'il a le plus aimé et qui l'a accompagné toute sa maudite vie. Il ne veut pas prendre part au combat et assumer cette tache qui lui revient.

A bien y penser, il aurait peut-être même préféré ne rien savoir. Parce qu'il avait appris à vivre avec mais qu'il n'a pas appris à vivre sans Arianna, et encore moins à vivre contre elle. Il espère que tout cela ne soit qu'un cauchemar, qu'elle retrouve la raison, ou que Harry Potter se trompe. Il aimerait que son amie d'enfance ne soit pas, comme certains le disent, en train de former une armée. Il n'est pas prêt.