Le professeur ne souhaita pas me répondre tout de suite, et j'en fut presque vexée. Je n'aurais pas du poser cette question tout de suite, je le savais. Cependant, j'avais fait gagné 5 points à ma maison et j'en était ravie, c'étaient d'ailleurs les 5 premiers points que ma maison gagnait, de quoi me rendre fière. Le professeur continua alors son cours, il semblait avoir vraiment beaucoup de difficultés avec nos noms, mais après tout ce n'était que son premier cours et nous n'avions pas notre identité écrite sur le front. Il pestait contre ce pauvre trombinoscope, et le secouait dans tout les sens. Si celui-ci avait été vivant, il aurait sans doute vomis depuis longtemps. Le professeur souhaita nous montrer l'animal plus en détails, il entra dans l'enclos et souleva la trompe de la bête ce qui dévoila ses défenses. Je fus surprise de la taille de celles-ci et me demandai comment elles pouvaient lui être aussi peu utiles tout comme ses grosses pattes félines. Je n'arrivai pas à comprendre comment cet animal pouvait être aussi vulnérable dans la nature, d'accord il était massif et fainéant mais quand même.

Après qu'il ai fini de faire la description détaillée du Baku, monsieur Fenrir ré aborda le sujet de son alimentation et fini par répondre à ma question. Et effectivement, le Baku ne se nourrissait pas seulement des rêves mais aussi des cauchemars. Je fus assez satisfaite de voir que ma question n'était pas si stupide que ça. Le professeur enchaîna sur une autre question.

« […] Mais qu'est-ce que ça implique ? »

Je pensais connaître la réponse mais je ne souhaitais pas passer pour la petite intello de la classe, selon moi le Baku était domestiqué par l'homme pour la simple raison que celui-ci pouvait aspirer les cauchemars des gens et donc leurs permettre de ne pas rêver de mauvais moments, juste de bons. Malgré que je n'approuve pas cette pratique. Pour moi si on fait de mauvais rêves c'est pour une bonne raison, de plus, je suis peut être un peu masochiste mais j'aime bien faire des cauchemars, ça donne un peu d'adrénaline sans pour autant risquer la mort ou quoi que ce soit d'autre.

Une élève prit la parole. Elle parlait très vite mais j'arrivai quand même à déchiffrer ce qu'elle disait, elle parlait d'une légende moldu, d'une divination et de prières à réciter avant d'aller coucher. Puis elle a ensuite parler de danger de lésion cérébrale. Lorsqu'elle eu fini je n'avais pas compris la moitié de ce qu'elle avait voulu dire, elle avait sorti sa science comme une fleur avec des mots de princesse. Pourtant à part sa tête, elle n'avait rien d'une princesse, habillée d'un simple Jean et d'un t-shirt. Je ne la connaissais pas encore mais je ne l'aimais déjà pas beaucoup. Je détestais qu'on sorte sa science comme ça, moi je m'embêtais à trouver des questions utiles et elle, elle sortais tout un roman comme ça, en un claquement de doigts. C'était à se demander si elle n'avait pas eu un Baku domestique chez elle... ou une antisèche cacher dans la poche. Bref je ne l'appréciai pas. Je regardai autour de moi attendant une réaction. Puis voulu compléter plus simplement.

« Si on rêve, c'est sans doute pour une bonne raison. Ça fait travailler notre subconscient. Si on ne le fait plus travailler, notre cerveau est perturbé et notre corps en paie les conséquences. »

Le cours avait commencé depuis maintenant une petite demi-heure et James avait complètement décroché. Non ce cours ne l'intéressait pas. Il se sentait complètement à part d'un coup, voyant tous les autres passionnés par un tel animal et buvant les paroles du professeur. Chacun faisait preuve d'une grande participation et même si James avait ainsi l'impression d'être complétement nul, il avait presque envi de les remercier car ainsi, son inattention et son manque d'intérêt certain passait presque inaperçu. Il pouvait rêvasser là tranquillement, douce ironie lorsque l'on sait qu'il se trouvait à proximité d'un mangeur de rêve. Ce que dit chacun des élèves passa complètement au dessus de la tête du garçon, bien trop occupé à réfléchir à autre chose. Tout sauf ce cours.
Il jeta un œil aux élèves dont il s'était jusqu'àlors aussi désintéressé et chercha l'objet de ses désirs pour égayer sa journée qui pour le moment s'annonçait des plus ennuyeuse. Il ne la trouva pas. Elle était absente ? Souffrante ? De toute façon, elle ne s'intéressait pas à lui, elle ne semblait même pas l'aimer du tout. Mais il se serait contenté de pouvoir la regarder.

Une voix féminine familière le sortit de ses rêveries toutes aussi décevante que ce cours. Elenna.
Cette garce l'avait blessé un an plus tôt. Il l'avait invité au bal de Noël et elle avait tout d'abord décliner l'invitation avant de l'accepter finalement. Ils avaient flirté et James devait admettre s'être vraiment attaché à elle. Du moins jusqu'à ce qu'elle se joue de lui et révèle la supercherie. Elle n'irait pas au bal avec lui, elle n'avait même jamais prévu d'y aller avec lui. Ce n'était qu'un pari. Elle avait parié qu'elle saurait briser James Potter. Elle avait réussi. Il aurait bien pu tomber amoureux d'elle, elle lui offrit le mépris en échange.
En la regardant ainsi il ne l'écoutait pas. Tout ce qu'il voyait, c'était le mal qu'elle lui avait fait. Il la détestait. Elle lui avait rendu service en ce sens. Puisqu'aujourd'hui, il ne souffrait plus. Il la détestait bien trop pour cela. Il était peut-être pas le type parfait, mais elle ne le méritait pas.

Il n'entendit que la fin de l'apport d'Elenna et ne put s'empêcher de murmurer vers Fred.
« Tu crois que je devrais m'en prendre un pour me protéger du virus parasite Saddler ? » Il se rendit finalement compte qu'un silence s'était fait au même moment où il parlait. Nulle doute que Fred ne serait pas le seul à l'avoir entendu. Le professeur, peut-être même elle ? Peu importais de toute façon.

James se sentit un peu con d'avoir lâcher ça. Il s'était cru discret mais un silence avait cru bon de s'installer à l'exacte moment où il parlait. Il se sentait déjà mal pour Elenna qui de toute évidence n'avait pas manqué une miette de ce qu'il venait de balancer. Il n'était pas du genre méchant, à vouloir faire du mal gratuitement. Il ne voulait blesser personne. Mais Elenna Saddler l'avait amplement mérité. Et il ne faisait nulle doute qu'elle le savait. Elle s'était moqué de lui, l'avait humilié ouvertement en jouant avec ses sentiments. Un homme blessé dans sa fierté est pire qu'un homme méchant de nature. Il ne manqua pas non plus le regard désobligeant de son professeur et déglutit difficilement. Il était déjà désolé d'avoir balancé un truc pareil en plein cours, avec si peu de délicatesse. Le professeur sembla pourtant se détendre et reprit le cours. James crut un instant que son comportement serait passé sous silence à condition qu'il se taise à présent. Il ne montra pas pour autant un plus grand intérêt au cours du professeur Fenrir, il ne fallait pas trop lui en demander.

Il continua d'ajouter ombres, lumière, détails et relief à son baku, dessiné très fidèlement sur son morceau de parchemin. Il releva la tête lorsqu'il vit une ombre assez impressionante se pencher sur son dessin. Le soleil ne perçait plus à présent. Il leva la tête légèrement et vit les pieds de son professeur. Il leva alors la tête tout doucement vers l'homme robuste le surplombant et écarquilla les yeux. La main lourde comme une paluche de Lucian tomba sur son épaule et James la regarda un instant hébété avant de se tourner vers son professeur qui avait planté son regard presque noir dans le sien. Les mots murmurés de son professeur firent leur effet. James l'aimait malgré tout. Il aimait beaucoup ca façon de s'exprimer avec eux, le fait qu'il ne prenne pas de gant et qu'il soit très cru. Une chiffe molle aurait été dénoncé un tel vocabulaire auprès du directeur mais James trouvait cela plutôt appréciable et même amusant. Ses yeux écarquillés et sa bouche ouverte se transformèrent peu à eu en un sourire lorsque le professeur ce fut éloigné pour refaire face à toute la classe. James secoua la tête amusé et baissa les yeux vers son parchemin. Il se tiendrait tranquille maintenant. Il savait que c'était le mieux à faire.

Jake venait de poser une question, étonnant non ? D'autant plus que la question allait surement énerver un peu plus le professeur déjà chauffé à blanc par la remarque désobligeante de James.

Un poufsouffle prit la parole, il baragouina quelques bêtises sur ce que le Baku pouvait apporté au commerce, je le regardai incrédule. Pourquoi dire de telles idiotie en cours.. pour se rendre intéressant sans doute. Bon il est vrai qu'il était beau garçon, avec un sourire d'ange et plutôt musclé mais cela ne l'empêchait pas de dire des bêtises. Je détournai le regard rapidement pour me retourner vers le professeur. Il lui répondit, toujours avec son air casanier. Si sa façon de parler avait pu me ''choquer'' au début, ce n'était plus du tout le cas. Finalement, ça faisait du bien d'avoir un professeur qui ne s'embête pas à faire des phrases super compliqués et incompréhensibles. Et qu'il ne prenne pas ce petit air pincé typique de certains profs, qui ne faisait que m'énerver. Lui ne se prenait pas la tête, et c'était parfait. D'une certaine façon, on se sentait plus proche de lui que de certains autres profs.

Ce fut ensuite au tour d'Elenna de parler, le professeur lui répondit en insinuant qu'elle sortait ses propos tout droit d'un livre. Il était vrai, que sa réponse était si bien formulé qu'elle semblait toute faite, mais peut être qu'elle y avait vraiment réfléchis, qui sait ?
Puis dans un grand silence, un gryffondor dit quelque chose. Tout le monde se retourna vers lui, je ne comprit pas pourquoi, mais je fit de même. Il semblait plutôt gêné. Je n'avais pas compris ce qu'il avait dit en réalité, j'étais trop absorbé dans le cours. C'est pourquoi je me retournai à nouveau vers ma voisine de gauche pour lui demander ce qu'il avait dit. Lorsqu'elle me répondit, je fus assez surprise. Et je compris pourquoi il semblait si gêné, il n'avait pas souhaité que tout le monde entende ses paroles, et c'était compréhensif. Je regardai Elenna pour voir sa réaction. Je n'aurais pas apprécier qu'on dise ça de moi mais malgré tout le respect et l'amitié que je porte à Elenna, je trouvais qu'elle le méritait un peu, de recevoir des piques comme ça de temps en temps, après tout, elle l'avait drôlement fait souffrir dans le passé.

Le professeur nous regarda sans trop souligner la réfection du gryffondor puis balayant la classe du regard, il nous demanda si nous avions des questions avant de passer à la pratique. Je n'avais personnellement aucunes question, je me demandai simplement ce que la ''pratique'' avec le Baku pourrait bien être. Je balayai à mon tour la classe du regard pour voir si quelqu'un levait la main... Ce ne fut pas le cas. Cependant, Jake lança au professeur : « Ouais, moi j'ai une question ! On attend quoi pour lui faire faire un truc marrant à ce Baku ? »
Je ne prit même pas la peine de le regarder, j'avais reconnu sa voix. Et sa question n'était pas des plus utiles, même pas du tout. Je continuai de regarder les élèves puis me retournai vers le professeur, attendant la suite du cours. J'aimais beaucoup cette partie du cours, elle était plus active, ce qui est plutôt logique sinon on n'appellerait pas ca de la ''pratique''. Bref, je fixai le Baku imaginant ce à quoi la suite du cours pourrait bien ressembler.

Lucian regarda les élèves en attendant une question mais apparemment, aucun élève ne semblait curieux ou n’avait de questions pour leur éclaircir les idées. Si Lucian avait eu une conscience professorale, il aurait analysé la situation. Il se serait peut être remis en question afin de savoir si son cours était tellement complet que les élèves n’ait aucunes questions à lui poser. Ou si au contraire, il était si peu intéressant et trop mal structuré pour que les adolescents puissent réfléchir d’eux même. Mais ce n’était pas le genre de Lucian, non. La pensée « Quel bande de verracrasses ! » sur le ton de la blague fut la seule chose qui lui passa par la tête. C’est alors que dans tout espoir semblait perdu, qu’un élève prit la parole pour poser une question. Lucian l’écouta en le regardant droit dans les yeux.

- Ouais, moi j’ai une question ! On attend quoi pour lui faire faire un truc marrant à ce Baku ?

Lucian ne détacha pas son regard de l’élève. Il ne bougea pas, ne prononça pas un mot. Il était dans un état de stupeur et de surprise. Il cligna des yeux rapidement trois ou quatre fois comme pour essayer de comprendre ce qu’il se passait. Il regarda alors les autres élèves pour chercher une réponse à ce qu’il se passait, pour voir si quelqu’un d’autre avait compris et pourrait lui expliquer ce qu’il se passait. Lucian reporta son attention sur le jeune adolescent pour lui dire :

« Mais … heu… t’es con ou quoi ? J’demande si y’a des questions avant de passer à la pratique, et toi ta question c’est ‘quand on ce qu’on passe à la pratique ?’… T’es pas fini mon pauv’ garçon… non ? »

Lucian le regarda quelques instant avant de lever les yeux au ciel et de se détourner tout en jetant sa main en avant comme pour repousser et laisser tomber tout ce que ce garçon venait de dire. Lucian n’allait sûrement pas perdre son temps avec cet incident. Il n’était pas payé pour ça, pour lui tout s’arrêtait là. Il regarda les autres élèves, les balaya du regard avant de reprendre d’une voix forte :

« Bon, on passe à la pratique, on va donc nourrir le Baku. Sa nourriture, quelque chose d’endormi. Donc il n’a pas besoin d’aide pour manger. Ce qui va nous intéresser, ça va être de l’observer se nourrir dans un premier temps.
Ha oui, ce Baku est malade. Il est fatigué, il semble avoir mal partout. Vous pouvez le voir à sa démarche vraiment nonchalante. Il est entouré d’humain et il en a rien à foutre. Il évite de faire plus d’efforts que nécessaires. Vous noterez aussi qu’il a les yeux pas bien ouvert et légèrement rougi. Ensuite, vous avez pas assez l’œil mais il a le cuir un peu plus terne que d’habitude.
Donc d’abord on le nourrit pour voir comment il mange et les effets. Et ensuite, on essaira de le soigner un peu. »

Lucian sortit alors une fiole de sa poche et la montra aux élèves. Un sourire à la fois amusé et légèrement sadique s’affiche alors sur les lèvres de Lucian. Il attendit un petit moment en regardant ses élèves avant de reprendre.

« Le professeur de Potion a été suffisamment aimable pour me préparer une potion de Sommeil. Cette potion a aussi la particularité de vous donner les plus terribles cauchemars de votre vie. L’horreur de cette potion c’est que vous ne pouvez pas vous réveiller, ni la peur, ni la chute, ni la mort. Vous allez souffrir pendant six heures de sommeil. De quoi nourrir le Baku… s’il a faim. Potter, j’ai le plaisir de t’annoncer que t’es volontaire pour mon prochain cours. Dormir en cours, ça te changeras pas tant tes habitudes. J’ai déjà pris un autre « volontaire » dans les couloirs hier. »

Un élève de Gryffondor de 3ème année arriva alors en rainant des pieds avec un air renfrognés. Et même s’il avait plein de choses à vouloir dire, il était d’un silence absolu. Il avança vers le professeur Fenrir sans dire un mot et sans un regard. Lucian lui tendit la fiole qu’il but d’un trait. Le jeune garçon grimaça en rendant la fiole au professeur. Il regarda autour de lui en attendant les effets de la potion. Soudain, sans crier gare, il s’effondra par terre. Lucian le regarda encore un petit moment jusqu’à ce que le garçon commence à trembler au sol. Il fronçait des sourcils et faisait des petits gestes comme pour se débattre d’un ennemi invisible. L’enseignant attendit encore une petite minute puis se baissa alors et le lança sur son épaule comme un vulgaire sac de patate. Il se dirigea vers l’enclos pour déposer le volontaire près du Baku. Sans cérémonie ni trompette, il le laissa tomber par terre.

« Avec ça, il va plus m’faire chier lui. » marmonna Lucian dans sa barbe mais sa grosse voix forte devait avoir été entendue des élèves les plus proches.

La Baku s’approcha lentement de sa proie. Chacun de ses mouvements semblait être un effort. Il avançait donc à petit pas, en bougeant ses pattes lentement. Cela le rendait encore plus silencieux. Si la proie avait été une vraie proie sauvage risquant de se réveiller, l’approche du Baku était parfaite. Lucian regarda avec attention cette merveilleuse créature qui était un prédateur sans menace. La baku arriva à environ 2mètres du garçon et tourna autour tel un requin autour de sa proie. Il leva les yeux vers la foule qui le regardait puis reporta son attention sur la proie. Quand il eut finit le second tour, qu’il avait jugé que sa proie était bel et bien endormi il s’approcha alors, en faisant face à la foule afin de garder un œil sur cette menace. Il déplia alors sa trompe pour effleurer rapidement et légèrement la tête du garçon qui étaient maintenant en train de pleurer en poussant de petits cris de terreur. Le mangeur de rêve s’avança encore un peu pour balader sa trompe sur tout le long du corps du jeune homme puis remonta à nouveau vers la tête. Un bruit s’éleva alors dans les airs. Pour les non aguerris, c’était simplement le vent qui se levait, mais les feuilles des arbres ne bougeaient pas. La première fois que Lucian entendit ce râle, il lui avait fait penser au râle des détraqueurs pendant leur baiser. Une aspiration d’une partie de l’être humain. Lucian se demandait si les élèves allaient remarquer ce bruit qui pouvait passé tout à fait inaperçu.
L’effet du Baku fut immédiat. Le brave gryffondor se calma. Il gigotait moins, il ne transpirait plus et ses dernières larmes finissaient de couler sur ses joues humides. Cette accalmie dura environ 5 minutes avant que le gryffondor devienne totalement immobile tel une statue de pierre, ou plutôt un cadavre. Pendant ce temps Lucian reprit la parole

« Bon, dites moi un peu ce que vous pouvez observer, évitez de crier par contre, faut pas déranger le Baku pendant qu’il mange »

Après sa sortie peu discrète et la première réprimande de son professeur, James décida de se faire tout petit. Il n'était pas du genre à perturber de trop un cours, sauf cas exceptionnel, il préférait de loin faire ses âneries en dehors des cours. Peut-être pour respecter l'envie des autres d'écouter, d'apprendre et d'avancer. Peut-être tout simplement parce que ses parents lui avait inculqué le respect des professeurs. Peu importe la raison réelle après tout. Il se tut et repartit dans ses rêveries de toute façon bien plus intéressante que la bestiole dont tous le monde parlait déjà depuis quelques minutes. Son attention fut de nouveau requise lorsque le professeur s'adressa à lui, à haute voix cette fois. C'était une menace... Pour son comportement certainement. Il serait au prochain cours, l'exemple pour illustrer le phénomène du Baku sur les rêves, quel honneur... James sourit légèrement au départ puis perdit peu à peu son sourire en voyant l'élève puni pour ce cours-ci arriver.

Il devint soudainement très attentif au cours, soucieux de comprendre ce qui l'attendrait pour un cours prochain. Le mode opératoire était d'une cruauté sans pareil. Le gamin puni but une potion qui l'endormi et lui fit endurer mille cauchemars avant que le Baku ne daigne l'en libérer. James perdit définitivement son sourire à la vue de ce spectacle et une grimace le remplaça sur son visage. Il n'avait pas du tout envie d'être le prochain à souffrir d'un cauchemar, jusqu'à en pleurer devant les autres et à gémir de peur dans son sommeil. Pire.. Et s'il venait à parler, à donner ce qui lui faisait si peur en peinture ? La mort de son père... Et si tout le monde comprenait que James lui-même, ce garçon sans crainte avait peur de la mort d'autrui.. Sa réputation de sans peur ni crainte en prendrait un sacré coup... La mort de son père était comme un symbole pour lui. Bien sûr il la craignait comme un fils peut la craindre, avec tout son lot d'amour mais c'était plus que ça. La mort de Harry Potter serait comme... la victoire des années plus tard du mal sur le bien, la revanche de ce Lord nommé Voldemort que si peu de personne osait encore prononcer de peur qu'il ressurgisse.
Il déglutit difficilement et observa encore le gamin en souffrance.

Le professeur reprit la parole à voix basse et leur demanda des remarques. James leva alors avec hésitation la main sans détacher son regard du 3ème année gisant sur le sol, les joues humide d'angoisse.

« Je ne veux pas être le prochain. » Fit-il à voix basse avant de se tourner vers le professeur le regard mal assuré. James savait qu'il sécherait tout le reste de l'année s'il le fallait. Il était hors de question qu'il soit à la place de ce gamin au prochain cours. Les cauchemars étaient eux aussi chose bien trop intime pour les exposer ainsi à la vue de tous.

Il y avait des jours où Jake m'indignait fortement, j'avais beau être très proche de lui, cela ne m'empêchait guère de penser qu'il lui arrivait d'être idiot. Aujourd'hui était l'un de ces jours, faire son intéressant en posant des questions presque inutiles et en plus de ça dans mon cours favoris, de quoi l'interrompre un instant, était tout ce qu'il fallait pour m'énerver. Dans ces cas, je tachai de l'ignorer pour ne pas qu'une stupide dispute ait lieu. Le professeur resta stupéfait durant quelques minutes après qu'il ait écouté sa question. Étrange, il aurait du être habitué à entendre de telles âneries de temps en temps, à force de le côtoyer. Cependant, il ne resta pas ainsi à le regarder droit dans les yeux et à ne rien dire, il lui rétorqua d'une façon non détournée qu'il lui manquait probablement quelques cases. Ouille ! Il y avait peut être était un peu fort. J'imaginai le visage dépité de Jake, le pauvre pensai-je, sa fierté en prenait un sacré coup. J'avais presque envie d'aller le consoler. Je me retins, après tout il le méritait et en plus de ça nous étions en cours, ce n'était pas le moment. Ayant fini de sermonner Jake, le professeur reprit le cours de la leçon. Introduisant la pratique par quelques phrases explicatives. Il sortit une petite fiole de sa poche puis la tendis vers nous de façon à ce que nous puissions mieux la voir. Elle était totalement transparente et sans étiquette, et nous pouvions voir à l'intérieur, un liquide bleu nuit. Celle-ci avait un effet de somnifère sur la personne qui la buvait, de plus elle avait le pouvoir de provoquer d'horribles cauchemars durant le sommeil et ceci sans pouvoir se réveiller à un quelconque moment tant que la potion faisait encore effet, c'est-à-dire pas avant six heures. Je me demandai ce qu'il allait bien pouvoir faire de cette potion. J'eus rapidement ma réponse, il avait apparemment prévu de faire boire cette fiole à un élève qui avait enfreint le règlement la veille en trainant dans les couloirs.

Le fameux élève, jusqu'à maintenant dans le fond du groupe d'étudiants sorti du groupe, trainant les pieds. Il avançait tête baissée, totalement silencieux. Il s'approcha du professeur. Celui-ci lui tendit la fiole de potion, il l'attrapa, puis la bu d'un trait. C'est lorsqu'il releva la tête pour attendre les effets de la potion que je le reconnu. Un gryffondor, un ami de mon frère, il était d'ailleurs venu plus d'une fois à la maison durant les vacances, n'habitant pas très loin d'Oxford. Je me souvenais vaguement de son nom, un prénom commençant pas un ''T'' je crois. Oui, Thomas, il me semble que c'est ça. C'était un mignon petit brun aux yeux vert qui devait faire des ravages chez les filles de son âge. Cependant, j'avais le vague souvenir qu'il était un petit peu turbulent, et très curieux. Monsieur Fenrir avait du le surprendre en train de vagabonder, de nuit, dans les couloirs, à examiner n'importe quels recoin de Poudlard en quête d'un quelconque secret.
Tout à coup, le garçon s'effondra de tout son poids au pieds du professeur. Ce dernier le regarda un instant d'un air sadique puis le portant sur ses épaules, l'emmena dans l'enclos du Baku avant de le laisser tomber de toute sa hauteur. Il marmonna quelque chose dans sa barbe que je ne compris pas, j'étais bien trop attentive à ce qui allait se passer pour le jeune garçon. Soudain, il se mit à trembler de tout ses membres, il semblait souffrir comme jamais ça ne pouvait lui être arrivé. Il pleurait, gémissait et se débattait dans tous les sens. J'avais mal pour lui, j'avais pitié de lui. La bête s'approcha lentement, le pas lourd. Comme l'avait dit précédemment le professeur, elle semblait drôlement fatiguée. Le Baku tourna quelques instants autour du jeune gryffondor puis il posa sa trompe sur la tempe de l'enfant. De là où j'étais, je pouvais distinguer comme un léger filme presque transparent, une sorte de souffle entre sa trompe et la tête de l'enfant. Plus le temps passait, plus le Baku aspirait les mauvais songes du garçon et plus celui-ci se calmait. C'était impressionnant, effrayant et fascinant à la fois. Le garçon semblait à présent dans un sommeil paisible, voir cadavérique, et le Baku, lui, continuait à se nourrir tranquillement sans se soucier ne serait-ce qu'un seul instant de notre présence. Profitant de ce calme, le professeur nous demanda ce que nous pouvions observer.

Melody posa une question vraiment très intéressante et j'attendis la réponse du professeur avec impatience. Le Baku, semblable à une drogue ? Cela paraissait possible.
C'est alors que plusieurs questions me traversèrent l'esprit. L'une d'elle n'avait pas vraiment de rapport avec ce qui venait de se passer mais je préférai la poser maintenant plutôt que de l'oublier.

« Il va se souvenir de ses cauchemars lorsqu'il va se réveiller ou bien, auront-ils étés totalement aspirés pas le Baku de façon à ce qu'il n'en reste plus une seule trace ? Et euh..se nourrir de cauchemars peut-il avoir des conséquences sur le caractère ou la sensibilité du Baku ? Peut-il devenir plus agressif à force de manger de mauvais rêves plutôt que de beaux ? »

Je m'attendais plus ou moins à une remarque concernant la seconde question, j'aurais du la poser lors de la première partie du cours mais je n'y avait sur le moment, pas pensé. Je m'étais alors dit qu'il valait mieux tard que jamais.

Lucian était accoudé à la barrière observant avec attention l’œuvre du Baku. Il était fasciné de voir cette rare créature aspiré les rêves d’un homme. Cette force de la nature en pleine action. Lucian pouvait voir l’animal reprendre des couleurs. Ou plutôt son cuir qui se raffermissait à vue d’œil reprenant une couleur vive et ferme. Lucian regarda avec attention ses yeux qui étaient maintenant grand ouvert et vigilant à sa proie et à tout ce qui l’entourait. Beaucoup d’élèves se mirent à murmurer autour de lui mais il ne les écoutait pas. Visiblement les élèves ne comptaient pas faire avancer le cours et ils ne dérangeaient pas non plus l’animal en train de se nourrir. Le professeur n‘avait donc aucune raison de leur accorder son attention. Il sortit de ses pensées quand une jeune fille, encore de serdaigle, prit la parole. Elle lui demanda si l’effet du Baku n’était pas aussi un tranquillisant qui pouvait aussi avoir un effet sur le corps du jeune homme, éventuellement un effet d’addiction semblable à la drogue moldue. Face à cette question judicieuse, Lucian n’avait qu’une seule réponse immédiate à donner :

« Et qu’est ce tu connais à la drogue ma p’tite ? t’en prends, t’es une épave de junkie ? » Lucian s’était redressé de toute sa hauteur pour surplomber la jeune fille, il affichait un air grave et sérieux, le regard inquisiteur et menaçant. Il avait posé sa question d’une voix autoritaire et grave. La seconde question avait même été agressive, comme un harcèlement pour faire craquer la jeune fille. Mais à peine eut il finit de parler que le professeur se détendit soudainement en ricanant pour lui, plutôt fier de sa blague et devant l’air intimidé et mal à l’aise de l’élève. « Haha j’m’en contrefous. On a dit qu’eul Baku avait pour objectif de garder sa proie en vie pour pouvoir s’en nourrir pus longtemps. Effectiv’ment, l’addiction est un moyen efficace d’s’assurer d’bouffer longtemps. Mais dans l’cas d’un animal sauvage… pas forcément une bonne idée d’rendre un animal accro à tes fesses ! Et pour l’cas domestique, l’corps humain ne supporte aucune addiction. Quoiqu’ce soit en overdose bousille not’ mécanique. Donc pas dans l’intérêt du Baku non plus. Tu vois ? »

Lucian avait repris son style de discours habituel en regardant tout les élèves et en gesticulant pour mimer ce qu’il voulait faire passer. Il revenait régulièrement sur celle qui avait posé la question afin de s’assurer qu’elle, plus que les autres, comprenait la réponse. Et à peine eut il finit de parler qu’une autre question jaillit de la foule d’élèves. La miss taylor avait encore une question. Elle demanda ce que devenait les cauchemars qui était mangés et comment le Baku les utilisait.

« Pour le Baku, les songes sont juste de la bouffe. Ne pense pas comme un humain, là faut pas voir les rêves comme un humain, faut les voir comme un Baku. En gros, au lieu de dire rêves, pense à steack d’hippogriffe.
Quand tu bouffe un steack d’hippogriffe… tu veux que j’texplique ce qu’il devient le steack ? Bah le baku c’est pareil. Et non, la merde de Baku ne se revend pas à prix d’or juste par ce que y’a des résidus de rêves. Encore qu’un maître des potions ou un botaniste pourrait en avoir l’utilité.»

Lança Lucian en cherchant du regard l’élève qui avait lancé un argument financier un peu plus tôt.

« Bref ! L’effet de la nourriture sur le Baku. Bof pas grand-chose. De ce que je sais, le Baku bouffe tout et n’importe quoi sans faire de différence. Il digère tout.
Et pour finir, non. Le gamin s’souviendra pas d’son cauchemar. S’il s’en rappelait, son subconscient aussi, et donc cauchemar à nouveau. Pis toujours pareil, le rêve est… mangé ! Par contre, dans ce cas-ci, il se souviendra du début, le temps que j’l’ai laissé sans l’Baku.»

Lucian regarda autour de lui pour voir s’il y avait d’autres questions. Puis il se tourna vers l’animal. Ce dernier était en train de finir son repas. Le râle était de plus en plus faible et allait bientôt cesser. La baku commença alors à remuer sa petite trompe. Il la refit parcourir la tête de l’élève allongé sur le sol. Après avoir fini son petit boulot, il replia sa trompe et recula lentement en arrière tout en fixant l’endormi au sol. Après s’être suffisamment éloigné, le Baku se retourna tout en faisant un énorme bond en avant comme pour s’échapper. Malheureusement l’animal ne fit pas deux mètre qu’il se retrouva face à la barrière de l’enclos. Le baku regarda à droite et à gauche comme pour chercher une sortie puis se résigna. Il reprit sa démarche lourde et gauche qu’il avait avant. Lucian se retourna vers ses élèves puis leur demanda :

« Alors ? Qu’est ce que vous avez observé ?»

Lucian savait que cette partie du cours serait la plus dure. La faculté d’observation n’était pas donnée à tout le monde, surtout pour observer une créature inconnue pour essayer ensuite de l’analyser et d’en apprendre plus sur elle. C’est maintenant que Lucian verrait ceux qui avaient un véritable don avec les créatures.

James n'aimait pas du tout la tournure qu'avait pris ce cours. Il ne s'était pas montré très malin en disant à haute voix ce qu'il aurait dû penser tout bas, c'était un fait, mais la menace de punition lui semblait disproportionné. Il n'avait absolument pas envie de se donner en spectacle de la sorte pendant un cours prochain. Il n'observa pas vraiment le Baku à l'œuvre. Il fut plutôt perturbé par un bruit presque familier. Il l'entendit doucement au départ, cherchant dans le paysage d'où pouvait bien venir ce bruit semblable à du vent en moins lisse et doux. Il jeta un œil aux arbres, rien ne bougeait, pas même la plus légère des feuilles. Ses yeux se froncèrent tandis qu'il peinait à retrouver la source directe du bruit. Il reposa ses yeux sur le Baku, résigné à imaginer que ce puisse être lui la source. Il l'observa alors avec plus d'attention mais c'était comme si ce bruit ne venait de nulle part tout en englobant l'entièreté du lieu. Il devint plus impressionnant et plus remarquable aussi et James frissonna étrangement. Ce bruit n'évoquait rien de rassurant chez le garçon. Il chercha désespérément ce que ce râle évoquait chez lui, dans sa mémoire la plus profonde et finit par retrouver. Il perdit alors son expression, son visage se détendit et sa bouche s'entrouvrit légèrement.

Pendant ce temps, le professeur Fenrir avait répondu de façon plutôt expéditive aux élèves ayant osé poser une question, qu'elle soit pertinente ou non. Voilà qui n'encourageait pas vraiment à en faire de même. Mais en même temps le professeur Fenrir n'était pas connu pour sa délicatesse alors ce n'était pas surprenant. Il était là à expliquer en faisant de grands gestes et si James n'avait pas été complètement sous le choc de ce que ce bruit étrange lui rappelait, il aurait surement rit en voyant le professeur si passionné. Il pouvait comprendre, il devenait aussi fou lorsqu'il s'agissait de potions.
Il souffla un bon coup lorsque le bruit s'éteignit enfin. C'était comme s'il lui avait glacé le sang. James s'était sentit mal à l'aise dans cette ambiance, et c'était ce malaise là qui lui avait rappelait celui d'un bruit peu familier par chance. Il ne l'avait entendu qu'une fois et sa mère l'avait fait fuir bien rapidement, ne laissant au jeune garçon de 10 ans que peu de chance de se souvenir de ce bruit. Mais ça ne s'oublie pas totalement apparemment. Il avait suffit au garçon d'entendre un son similaire pour voir ressurgir ce morceau de passé plutôt effrayant.

Le professeur Fenrir reprit la parole, cherchant d'autres intervention et devant le silence qui s'était imposé, James osa enfin prendre la parole. Il devait en avoir le cœur net.
« Monsieur.. Il y a eu un bruit... Un espèce de râle, comme une respiration, une aspiration, j'ai tout d'abord cru que c'était le vent mais... On aurait dit... Un détraq...aie ! » Tenta de finir James après une longue hésitation. Il ne put terminer son mot. Une pomme venait de lui tomber sur la tête, fraichement décroché de l'arbre. Il se frotta le dessus de la tête tout en grimaçant légèrement et releva la tête vers le professeur. L'avantage c'était qu'il n'avait dit qu'à demi mot ce qu'il avait ressenti et qu'il pouvait espérer cependant que le professeur ait compris.

On pouvait voir l'animal se vivifier à vue d'œil. Ses yeux s'ouvraient peu à peu, son cuir semblait se raffermir lui aussi, prenant une couleur plus clair. Le bruit ressemblant étrangement au vent qui s'était levé un peu plus tôt avait faibli. Je fus heureuse de m'être installée aussi près de l'enclos, de ce fait je pouvais facilement voir ce qu'il se passait. C'était spectaculaire et horrible à la fois. Rien que l'idée d'aspirer des rêves et des cauchemars m'effrayait. J'avais toujours porté un profond plaisir à rêver, même lorsque ces rêves se trouvaient être mauvais. J'avais toujours été passionnée par l'inconscient, et m'étais souvent demandée s'ils avaient une quelconque signification. Et je n'aurais pour rien au monde demandé à ce Baku d'aspirer MES rêves. J'observais ce Baku presque dégoutait par sa façon de se nourrir, bien que dans ce cas précis, cela semblait vraiment apaiser le jeune garçon. Je ne réagis pas tout de suite lorsqu'une question fut enfin posée, c'est pourquoi je ne compris pas tout de suite la réponse. Le professeur s'était dressé au dessus de Melody, la jeune fille qui avait posé la question et la surplombait d'un air sévère. On aurait dis un policier harcelant un suspect pour qu'il avoue son crime, sincèrement, il faisait peur. Il éclata alors de rire, apparemment fier de sa petite blague, en voyant la jeune fille mal à l'aise. J'écoutais les explications, comprenant peu à peu la question qui avait été posée. C'était tout à fait passionnant. Et la question de Melody avait été loin d'être stupide, ce qui était loin d'être étonnant venant d'elle.

Je posais à mon tour mes questions. * Steak d'hippogriffe ?! * Pensais-je les yeux en forme de O. Comment pouvait-il parler de steak d'hippogriffe ? Cet animal si beau, si majestueux, comment pouvait-il parler de lui comme d'un vulgaire morceau de viande. Pour moi, c'était comme manger du chien dans le monde moldu. Inconcevable. Cependant, je passais sur ce détail pour écouter la suite de la réponse du professeur. Il fit référence à l'argent que l'on pouvait se faire sur le dos du Baku semblant se moquer légèrement de l'élève qui avait osé y faire référence quelques minutes plus tôt. Je fus moi même surprise de m'apercevoir que j'avais une vision très spécial de la crotte de Baku. Et oui, bizarrement je ne voyais pas celle-ci comme un crottin marron, non. Plutôt comme un crottin marron avec des paillettes multicolores à l'intérieure et tout autour. Étrange, n'est-ce pas ? Pour moi ces paillettes étaient des résidus de rêves, oui, je l'avouais, j'étais bizarre. Je sentis grandir un sourire sur mon visage en pensant à ce crottin magique, le professeur allait me prendre pour une idiote à ce train là, qui écoute ses paroles sans vraiment les comprendre et qui sourit pour on ne sait quelle raison. Tant pis. Le professeur enchaina sur ma seconde question. Dans ce que disait le professeur, on aurait presque pu comparer le Baku à une poubelle pour rêves tant il mangeait tout ce qui lui passait sous la patte. De plus, l'enfant ne se souviendrait pas de son cauchemar, logique d'une certaine façon étant donné que celui-ci était voler pour être manger. Bref.

Je rabaissais ma tête vers l'animal. Il commençait de nouveau à agiter sa trompe sur le corps de l'élève allongé à terre. Il semblait vérifier qu'il n'y avait plus une trace de songes dans l'esprit et le corps de l'enfant. Apparemment, il n'y en avait plus puisqu'il recula lentement tout en surveillant autour de lui et principalement celui qui lui avait fourni son repas. Une fois à quelques mètres de celui-ci, il se retourna et fit un bond assez impressionnant. Je ne pus empêcher un léger rire. Cette animal me faisait étrangement penser à un cochon et le voir bondir ainsi était assez comique. Dans sa course, il manqua même de se prendre la barrière de son enclos. Le voir ainsi déçu d'être enfermé dans cet enclos m'attrista, il aurait du pouvoir courir dans les plaines. Mais c'était pour la bonne cause, pour le bien du cours. Lorsque le Baku fut résigné à ne pas pouvoir sortir de cet enclos, il ralentit, dépité. Le professeur reprit alors la parole pour nous demander ce que nous avions pu voir. Un élève prit la parole, James Potter. Étonnant de sa part qu'il fasse une intervention dans ce cours. Je me retournais pour l'écouter plus attentivement. Il fit référence à des détraqueurs, ces créatures immondes que le ministère avait parfois du mal à gérer. Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une pomme lui tomba sur la tête, je laissai échapper à nouveau un petit rire. Melody enchaina pour compléter sa phrase, pour la justifier.

Ce serait donc ça le bruit du vent que nous avions entendu, c'était l'inspiration du Baku ? C'était tout à fait logique, et la justification de Melody l'était d'autant plus. J'étais stupéfaite, je n'aurais pas fait le rapprochement aussi rapidement. J'hésitai à prendre la parole, ça n'avait en rien un rapport avec ce qu'avaient dis mes camarades auparavant et ce n'était que de simples observations mais après tout c'était ce qu'il nous demandait, de dire ce que nous avions vu.

« Eum'... Le Baku, il a reprit des couleurs peu après avoir commencé à se... nourrir. Son cuir est devenue plus clair et ses yeux, il les a ouvert, plus grand. Il est devenu plus vif... jusqu'à ce qu'il rencontre cette barrière et qu'il.. qu'il déprime à nouveau. »

Je baissai à nouveau la tête pour observer le Baku, il semblait toujours aussi pataud qu'au début du cours. Et son regain d'énergie avait vite fait de faiblir.

Lucian regardait ses élèves attendant une réponse. Ces derniers avaient soudainement tous l’air extrêmement appliqués à écrire sur leurs parchemins ou dans une concentration extrême, les sourcils froncés. Et ces génies écrivaient tous mais il n’y avait aucun bruit de grattement de la plume sur le parchemin, ils auraient pu au moins prendre la peine de faire un dessin sur leur parchemin pour rendre leur excuse un peu plus sérieuse. Envoyant l’absence d’initiative, de tentative, Lucian se dit qu’il avait peut-être eu trop d’espoir pour cette promotion d’élèves qui finalement ne semblait pas si futé que ça. Dès qu’ils sortaient des sentiers battus des livres et du programme scolaire, il y avait trop de difficulté pour eux. Lucian commençait à désespérer et était sur le point de commencer à grommeler contre cette jeunesse incapable. Lorsqu’un élève prit la parole. Lucian chercha des yeux celui qui allait peut être le calmer ou au contraire, le mettre de mauvais poil. Ce courageux, ou inconscient, élève était le Gryffondor James Potter. Ce phénomène étourdi et sans concentration aucune avait probablement dû voir son intérêt pour ce cours augmenter considérablement depuis la menace de son professeur. Il avait réussi à remarquer le son étrange qui avait fait son apparition depuis que le Baku avait commencé son repas. Et il avait réussi à faire le rapprochement avec le Baku. Pas vraiment impressionné mais plutôt satisfait, un sourire s’étira lentement sur le visage de Lucian. James avait identifié le râle que le Baku produisait. Il avait même réussi à faire le rapprochement avec le râle d’un détraqueur, chose inhabituelle pour un élève. Malheureusement, il fut interrompu par une pomme sauvage qui lui tomba dessus sans merci. Lucian attendit qu’il reprenne mais une autre élève ne lui en laissa pas l’occasion. Grâce à l’intervention du jeune Potter, elle eut une illumination et prit la parole. La brillante serdaigle fit le rapprochement entre les définitions du livre des créatures magiques.

« Excellent Potter, très très bonne observation ! Toi t’essayes de t’faire ben voir pour que j’te fasse sauter le cours de d’main, hein ? p’tit futé va. Et donc comme a dit Miss Pond, les deux créatures aspirent une partie de nous. Quelque chose qui se trouve au plus profond de nous, j’sais pas vraiment où ni quoi mais ils aspirent que’que chose de nous. C’est pour ça que le son se r’ssemble, ce râle presque inaudible si on y fait pas attention. »

Lucian s’arrêta de parler. Il n’y avait plus grand-chose de plus à dire. Il regarda alors les élèves en attendant quelque chose. Il avait oublié de poser une question pour relancer la réflexion des jeunes. Miss Taylor répondit à ses attentes car elle reprit la parole pour faire remarquer que le baku avait repris des couleurs et de l’énergie.

« Exact’ment, le Baku va mieux. Je vous avait dit qu’il était malade, et bah là y va beaucoup mieux. En fait le Baku a b’soin que de rêves pour survivre. Blessures, maladie, faim, toujours des rêves pour qu’il s’sente mieux. Par contre c’est pas qu’y déprime. C’est qu’c’est une fainéasse. Son instinct de survie lui dit d’partir le plus vit’ possible d’sa proie au cas où elle se réveillerait. Donc il utilise les gènes de félin qu’il a pour bondir et s’enfuir vite et silencieusement. Ensuite il réalise qu’il peut pas partir et donc bah il se calme et reprend son attitude nonchalante.
Dernière question ou remarque avant que j’vous lâche ?»

Un peu blasé devant l'ignorance des élèves ou de leur inactivité? On ne saurait dire mais Lucian était légèrement tendu et n'avait vraiment rien contre finir rapidement et renvoyer les élèves. Un p'tit verre de whisky pur feu pour se remettre d’aplomb et il pourrait se mettre au travail.

James n'aurait su dire s'il devait remercier la pomme ou la blâmer pour l'avoir empêché de dire tout haut le mot « détraqueur ». D'un côté ce n'était pas le genre de mot que l'on aimait sortir anonymement. Mais en même temps, en voyant certains se moquer de lui et de son expérience de la gravitation universelle et entendant cette opportuniste de Melody reprendre son idée à son compte, il aurait bien eu envie de maudire cette pomme qui venait de lui faire râter une occasion de se taire.
Il ramassa la pomme pestant légèrement tandis que le professeur saluait son intervention, bien qu'elle soit légèrement chaotique sur la fin. James sourit légèrement à la remarque du professeur concernant la pseudo punition qu'il voulait éviter. D'un côté, c'était pas tout à fait faux. Il avait espéré qu'une petite remarque pertinente ferait oublier son comportement stupide de plus tôt. Mais il n'était pas intervenu pour cela. Il l'avait fait parce que personne ne semblait en mesure de le faire, comme si personne ne l'avait remarqué, et qu'il se devait de poser la question pour en avoir le cœur net. Il ne s'était pas trompé et pouvait au moins se satisfaire de cela. Ce cours se terminait sur une note agréable, malgré la légère douleur sur le dessus du crâne du garçon.

Le cours touchait à sa fin et le professeur demanda s'il y avait des questions de dernières minutes avant qu'il ne libère tout le petit monde. James fut parmi les premiers à ranger ses affaires, il n'était pas du genre à s'éterniser dans ce cours. Il préférait de loin aller profiter de la petite pause qui s'offrait à lui. Il rangea ses morceaux de parchemin, sur lesquels ne subsistait du cours, plus que des croquis anatomiques très précis de la bestiole étudiée, dans son sac en bandoulière puis le remit en suspension sur son épaule. Il ne prêta plus vraiment attention à quiconque autour de lui. Il avait toujours la maudite pomme dans sa main et il la porta devant son regard comme s'il s'adressait à elle. Il l'observa avec un rictus à mi chemin entre l'amusement et le sadisme avant de l'approcher violemment et de la croquer à pleine dent. « Vengeance.... » souffla-t-il alors. Il était reparti dans son délire. Il ne lui en fallait pas beaucoup à vrai dire.
Il prit la direction du château pour quitter le cours tout en continuant de déguster son agresseur. Il espérait que le Professeur ne les rappel pas pour leur donner des devoirs, il détestait ça.

Le cours touchait à sa fin, cela se sentait. Rien que l'agitation des élèves autour pressés d'être libérés pour une grande partie en témoignait. Le prof aussi semblait agacé, et je le comprenais tout à fait. Il n'y avait eu que très peu de participation lors de ce cours, surtout vers la fin, à sa place je me serais demandée si c'était mon cours qui était barbant ou bien les élèves qui étaient vraiment in-intéressés ou simplement fatigués. Dans le cas présent, cela ne pouvait être que les élèves. Comment pouvait-on ne pas prêter attention à ce cours, les animaux magiques, c'est tellement merveilleux. Et puis, le prof savait rendre le cours intéressant, avec des démonstration plus ou moins agréables à regarder mais toujours passionnantes.

Il répondit aux dernières questions posées qui lui rendirent un léger sourire. Ces questions montraient un intéressement de la part de certains élèves à ce cours. Il approuva ce qu'avaient dis James et Melody à propos du râle du Baku. Un léger frisson me parcouru, je n'avais jamais eu à faire à ces êtres sombres et je n'étais pas pressée de les voir de près, mais j'avais entendu suffisamment d'histoire à leur sujet pour que la simple idée qu'ils aspirent une partie de nous me fasse frémir. Le professeur me fit aussi remarquer que le Baku n'était pas en train de déprimer, je souris, c'était une bonne nouvelle. Mais bon, il n'avait tout de même pas l'air au meilleure de sa forme. Le professeur demanda s'il restait d'autres questions avant qu'il ne nous laisse partir. Je réfléchi, personnellement je n'en avais plus. Je regardai autour de moi pour voir une quelconque réaction. Rien ne vint.

Alors que quelques élèves commençaient déjà à ranger leurs affaires et partir. Je restai devant l'enclos. Je posai mes coudes sur la barrière et contemplai l'animal. Je regardai ma feuille, mon croquis n'était pas très beau. Je l'avais fait rapidement alors que le professeur Fenrir parlait. Je repris un crayon et refis l'animal plus en détails. Alors que la foule autour de moi se dépeuplait, je restai la à gribouiller quelques notes sur un morceau de parchemin, sur son comportement, etc... Je regardai tantôt ma feuille, tantôt l'animal, et parfois le prof et les gens autour de moi. L'animal s'était affalé dans un coin de son enclos, non loin de l'endroit ou j'étais.

Lucian avait posé la dernière question sans vraiment y croire. Les élèves s’agitaient devant lui, et il se doutait que ces énergumènes n’avaient pas tout compris ou tout retenu sur le Baku. Cependant, aucune question ne fut posée. Les élèves semblaient préssé de vouloir quitter le cours. Certains avaient même déjà commencé à partir, le jeune Potter en tête évidement. Lucian leur avait laissé une chance de poser une question afin de clarifier un point ou même de résumé la créature étudiée. Aucun n’avait saisi cette chance, c’est donc sur un ton enjoué et joyeux que lucian reprit la parole d’une voix forte pour que tout le monde l’entende.

« Impeccable les p’tits génies, j’suis content qu’vous ayez tout bien retenu. J’vous demand’rais juste un parchemin pour résumé tout ça à me rendre pour le prochain cours. »

En vérité, Lucian n’en avait rien à faire qu’ils aient écouté ou non. Que les élèves s’intéressent à sa matière ou non, il ne s’en préoccupait pas, qu’ils soient assidu et sérieux, qu’ils comprennent ou non, Lucian n’en avait vraiment rien à faire. Leur futur ne le concernait pas. S’il leur avait donné ce devoir, c’est tout d’abord parce que l’école le demandait, et ensuite parce qu’il avait trouvé drôle de faire râler les fainéants. Lucian savait qu’il lirait les parchemins dans un bar où en faisant chanter un cygne.