Vous savez à quoi on reconnaît une journée pourrie ? Chacun son truc. Pour Lysander c’est simple. D’abord, Hamlet décide de sauter sur le lit de son maître en miaulant fortement et en lui appuyant sur le ventre. Ledit maître se lève donc pour nourrir le chat, passant du stade de maître au stade de soumis par son animal. D’un coup il se rappelle qu’il est à Poudlard et que la sale bête n’a qu’à aller bouffer des rongeurs au lieu de lui miauler dans les oreilles. Trop tard, les croquettes sont déjà servies. En retournant se coucher, Lys se rendit donc compte qu’il restait deux minutes avant que son réveil ne sonne. Non, fusiller le chat du regard ne servira à rien, c’est limite comme s’il était programmé pour l’emmerder, ce sale matou. Bon bah tant qu’à faire autant prendre une douche. Premier arrivé sous l’eau froide, eau glacée. Il sort, pour se prendre les pieds dans le chat qui a jugé bon de squatter la salle de bains – ou de tenter de squatter, nuance – et après un habillage rapide et un peignage en surface, donc pas de trace de coup de peigne, Lys descendit pour rejoindre Mel. Pitié qu’elle se fasse rire. Suite à la journée pourrie, Melody n’était pas là, évidemment, et Beth en compagnie de son prince charmant. Alors qu’il allait manger, tout seul comme un animal blessé, il croisa Peeves qui essaya de lui renverser un seau d’eau sur le crâne, mais l’aiglon s’enfuit lâchement en courant avant de prendre une seconde douche. Arrivé à table, Othello le grand-duc jugea bon et opportun de lâcher du courrier DANS son bol, éclaboussant tout le monde sauf lui – ouf. Une petite première année partit en fou rire en voyant le voisin d’en face de Lys fulminer de rage, et le blondinet se contenir à grand-peine. Et en plus, la lettre, c’était pourri. Vous voulez la pub que vous recevez par texto ? Bah pareil, mais par hibou ! Lys la déchiqueta copieusement en râlant dans sa barbe, ignorant son débile de frère en train de foutre un boxon monstre à la table de Serpentard, et jeta un rapide coup d’œil à la Gazette du Sorcier. Bon, aujourd’hui il pleut, les Harpies mènent le match contre les Frelons, le ministère s’inquiète de la montée du Crépuscule, publicité, publicité, Gringotts recrute, Sainte-Mangouste aussi, un dragon sauvage fait trois blessés grave parmi les moldus, les Aurors traquent les nouveaux mages noirs, rien de bien nouveau. Allez, il allait sortir, se ficher sous un arbre, près du lac par exemple, et bouquiner un peu. C’est vrai, après tout l’automne déclinait en hiver, il faisait froid, alors s’il pouvait un peu profiter du soleil ! Tiens, en parlant de soleil …

« De la PLUIE ?! »
« T’as pas lu la Gazette ? Ils le disaient en première page, comme d’hab. »

Raaaaah putain Lys, BOULET ! C’est vrai qu’en plus il l’avait lu qu’il pleuvrait ! Il lâcha un profond soupir désabusé, et le Gryffondor qui lui avait adressé la parole ne put s’empêcher de lever les yeux vers ses couleurs pour être bien sûr qu’il s’adresser à Lysander le tout doux tout gentil tout chamallow, et pas à Lorcan le brutal mauvais mesquin. T’inquiètes va. Demi-tour toute, mister Scamander. Alors, la bibliothèque calme où il risquait de croiser Roxanne, ou la salle commune où il risquait de croiser Rose ? Désolée Roxanne, mais le choix est vite fait là. Il remonta dans les étages, se demandant ce qu’il pourrait bien dire à Rose si jamais il la croisait et qu’ils étaient amenés à se parler. Parce que depuis un moment, la jolie demoiselle l’esquivait, tout du moins c’était son avis, et il en faisait de même, vu qu’il est infoutu de parler à une jolie fille sans rougir. Donc Rose et Lys allaient s’esquiver comme deux couillons et se regarder d’un air gêné et … Non, finalement mieux valait la bibliothèque hein. Il s’était arrêté en plein milieu d’un couloir, pensif, presque la jambe en l’air comme un flamand rose. Enfin bleu, vu qu’il est à Serdaigle. C’est un flamand rose chromatique, comme les Pokémon. Enfin bref, un jeu vidéo moldu n’ayant pas sa place à Poudlard, hein … Lysander baissa le son de son MP3, parce que oui il écoutait de la musique, comme d’habitude, et se dirigea donc vers la bibliothèque pour … Fermée. Le studieux et intelligent et bouffeur de livres de Serdaigle qu’est Lysander bloqua psychologiquement devant ce panneau. Fermé. Mais pourquoi ?! POURQUOI MONDE CRUEL ?! Il a été réveillé trop tôt, il pleut des cordes, il a failli se faire lyncher pour avoir cradé le costume d’un camarade de classe, la bibliothèque est fermée, il ne manquerait plus qu’on le confonde avec son débile de …

« Salut Lorcan ! »

Et va-y qu’on lui tape sur l’épaule. Mais elle veut mourir en fait ?! Tendu, Lysander se retourna pour fixer la demoiselle d’un regard peu amène. Ok, tu l’as appelé Lorcan, ose continuer maintenant. Galant et poli, il retint toutes les critiques qui lui montaient au nez en même temps que la moutarde, et laissa la fille s’embourber dans ses excuses et ses pardons. Confondre Lys avec Lorcan, erreur fatale ! Finalement la miss décida de prendre la poudre d’escampette pour retrouver le vrai Lorcan au lieu de se disputer avec le faux, nettement plus sympa que le vrai, raison pour laquelle le faux pique l’identité du vrai pour s’attirer plus de gonzesses, attirant des ennuis au vrai que le faux évite. Si vous avez compris ce que j’ai dit, vous pouvez lire la phrase après le point qui va arriver, sinon, reprenez du début 8D. Bref, ce n’est pas que Lys s’ennuie mais vu que tout est fermé, si, un peu. Melody, Melody, où es-tu ? Viens me dire que t’es à fond sur James Potter, tu veux, que je puisse te raconter mes malheurs. Fuyant dans les dédales de couloirs pour éviter les éventuelles filles éconduites par son frère qui se serait fait passer pour lui, il ruminait son je ne sais quoi de rancœur en trop. Et évidemment, ce trop-plein de rancœur l’empêcha de voir qu’il y avait une demoiselle qui arrivait en sens inverse, et BLAM, collision. Lys se retourna d’un coup, agressif, et son agressivité fondit comme neige au soleil. Bah, quand on vous dit qu’il se transforme en gros marshmallow tout gluant devant une jolie fille ce n’est pas pour rien, et là, il avait sous les yeux une jolie fille, où il ne s’y connaissait pas XD.

« Aïe … Désolé, je ne t’ai pas fait trop mal ? »

CHEVALIER SERVANT EN APPROCHE. Sortez le tabard, la cotte de maille, et le dada avec les écussons, je vous prie ! Lysander tilta en reconnaissant Mischa, alors qu’il se penchait pour l’aider à ramasser ses affaires qu’il avait foutu au sol en la bousculant sans ménagement.

« Hooow Mischa ! Excuse-moi, je ne t’avais pas reconnu, avec l’obscurité, tout ça, et … Laisse tomber. »

Tiens, t’as vu Lysander, tous les candélabres sont allumés, c’est fou, on y voit aussi bien qu’en plein jour XDD. Il rougit légèrement, comme d’habitude, et eut la bonne grâce d’être gêné du nombre de conneries qu’il peut sortir en moins d’une minute. Allez, dis un truc intelligent \o/.

« … Tu passes une bonne journée ? »

Il ressassait ses noires pensées, avançant droit devant lui sans regarder où il allait. Le prenant pour son irascible de frère, quelques élèves s’écartaient sans qu’il ne les voie, perdu dans ses considérations houleuses. Mais bien sûr vint en sens inverse quelqu’un qui faisait pareil que lui, et là c’est le drame, ils se percutèrent. Et pas doucement en plus. Lys perdit l’équilibre, le retrouva en posant une main sur le mur avant de se casser la figure, et se tourna vers la personne qui l’avait heurté, ou qu’il avait heurté, tout dépend du point de vue. Un éclat vert, une chevelure blonde. Une fille. Bon, bah c’est lui qui l’a heurtée alors, galanterie purement made in Lysander. Il s’excusa platement, la demoiselle s’excusa, et ce n’est qu’en s’approchant qu’il reconnut Mischa, la Serpentard avec laquelle il pouvait passer des heures à papoter littérature anglaise. Plein de bonne volonté, il l’aida gentiment à ramasser ses affaires, lui disant qu’il ne l’avait pas reconnue à cause du manque de lumière, avant de rougir légèrement parce qu’en fait, la lumière, ce n’était pas ce qu’il manquait, justement. Il n’y avait même que ça dans ce couloir bien fréquenté. La Serpentard sourit, ne lui en tenant pas rigueur du tout, et s’excusa même en disant qu’elle était dans son monde à cause de son bouquin et qu’elle passait une bonne journée après avoir envoyé paître deux crétins de sa maison. Tout en ajoutant qu’avec les ennuis que lui attirait Lorcan, il devait s’y connaître en crétins, et ça lui arracha un demi-sourire faible.

« Tu crois ? Aujourd’hui une fille que je n’oserais qualifier de pétasse m’a confondu avec Lorcan, et la semaine dernière j’ai failli prendre une sacrée gifle de la part d’une Poufsouffle qui s’était faite rouler par lui. »

Son demi-sourire devint un vrai sourire, et il ramassa le bouquin à ses pieds sans regarder la couverture, le tenant juste dans ses mains. Il se doutait un peu de pourquoi Mischa avait envoyé paître deux Serpentard. Ils avaient du dire du mal de son ami, Evan Ruiz, qui faisait profil bas depuis l’affaire Halloween où il n’était pas allé. Evan était accusé d’avoir assassiné des gens sous effet d’Imperium, et ça murmurait beaucoup dans les couloirs. Lysander s’en fichait pas mal, de ce qu’on murmurait, en fait, il savait juste que le Poufsouffle devait se sentir vachement mal de ce qu’il se passait. Il prit un air songeur, tout en se félicitant de ne pas avoir assisté au bal, malgré les récriminations de Beth et Melody. Il voulait inviter Rose, et Rose n’y allait pas, alors au lieu de passer une soirée à tenir la chandelle à ses deux copines, il était resté dans son dortoir pour bouquiner en gratouillant Hamlet le chat entre les deux oreilles, le faisant ronronner comme un poêle à bois. C’est ensuite avec une inquiétude grandissante qu’il avait attendu Melody alors que tous murmuraient qu’il y avait eu des morts, et avec soulagement, il l’avait serré dans ses bras à son arrivée, heureux d’apprendre qu’elle allait bien, ainsi que Beth, qu’il avait serré dans ses bras le lendemain vu que la miss n’était pas à Serdaigle mais à Poufsouffle.

« Evan va bien ? Ca doit être difficile pour lui, avec tous ces crétins qui murmurent dans son dos qu’il vaudrait mieux l’enfermer à Azkaban parce que c’est un meurtrier … Si j’étais vulgaire, je dirais qu’on est vraiment cernés par les cons, mais comme je suis poli et que j’ai des principes, je dirai juste que cela ne nous concerne pas. »

Oh que c’est bien dit. Il fit un léger sourire à Mischa et posa enfin les yeux sur le bouquin qu’il tenait à la main, avant de le lui tendre en s’excusant. Shakespeare, le Roi Lear. Genre, elle l’a fait exprès parce qu’elle savait qu’ils se croiseraient. Elle a le don de double vue ! Non, plus sérieusement, c’était un sacré hasard quand même. Il lui tendit donc le livre, plaçant au passage un petit extrait de la scène un, parce que oui, il connaît quasi tous les Shakespeare par cœur ce fou 8D.

« Malheureuse que je suis, je ne peux pas soulever
Mon coeur dans ma bouche : J'adore votre majesté
Selon mon lien, ni plus ni moins. »

Que c’est joli x).

« Bon choix de lecture en tout cas. »